Les principes d’apprentissage de la Global Narrative Hive
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La Global Narrative Hive croit en l’importance des récits pour construire et déplacer le pouvoir afin de créer des changements positifs.
En tant que réseau communautaire, la Global Narrative Hive s’appuie principalement sur les relations et les connaissances. De nombreux mouvements du monde entier œuvrent pour les droits, la liberté, l’égalité, la dignité, la paix et la démocratie. Étant donné qu’ils œuvrent pour les mêmes idéaux de justice sociale, ils ont souvent besoin d’un espace et de ressources supplémentaires pour se parler, envisager l’avenir ensemble et forger une voix collective. Ces mouvements ont le potentiel de s’unir pour créer et diffuser des récits hégémoniques puissants, positifs, nouveaux et alternatifs.
Nos principes d’apprentissage guident notre approche en matière de production et d’échange des connaissances.
Nous rejetons en particulier l’idée selon laquelle « l’expertise » se trouverait exclusivement dans une région particulière du monde ou dans un type d’organisation spécifique. Nous cherchons plutôt à soutenir le partage de l’apprentissage partout où il existe et à permettre aux membres des mouvements du monde entier d’en bénéficier directement. En retour, nous utilisons notre influence et notre pouvoir de rassemblement pour catalyser ce changement.
Nos principes d’apprentissage s’appuient sur une introspection au sujet du type de pouvoir que détient la Global Narrative Hive et sur ce positionnement par rapport à d’autres acteur·rice·s, initiatives et institutions au sein de la communauté narrative mondiale. Nous constatons qu’il existe des relations de pouvoir entre les genres, les origines ethniques, les classes, l’orientation sexuelle, les castes et les nations. Nous constatons également que ces relations de pouvoir affectent directement la production, la reproduction et la gestion des connaissances. À ce titre, nous estimons qu’il est nécessaire de réfléchir de manière continue à notre propre pouvoir et à la manière de le reconnaître et de l’utiliser de manière pertinente.
Nos principes d’apprentissage, qui s’étendent sur tous ces points, sont présentés ci-dessous.
Outre l’écoute et l’apprentissage approfondis, la Global Narrative Hive joue également un rôle dans la promotion des liens et de la collaboration, ainsi que dans la défense des ressources au sein de la communauté narrative mondiale. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet dans notre FAQ mise à jour, qui contient des extraits de notre stratégie.
Si vous souhaitez obtenir notre document complet sur la stratégie, écrivez-nous à l’adresse narratives@global-dialogue.org en indiquant comme objet « Stratégie ».
Nos principes d’apprentissage
Cette déclaration de nos principes a été rédigée par Kwem, une intellectuelle et activiste féministe faisant partie des gestionnaires de la communauté de Hive. L’équipe de Hive a également contribué, y compris Āryā, une féministe africaine, activiste des droits humains et conteuse d’histoires, membre de longue date de notre communauté. Nous remercions Fungai Machirori, spécialiste de la narration et de la communication, pour son soutien éditorial permettant de garantir la clarté de nos engagements. Les principes sont inspirés par de nombreux articles, conversations et invitations à déplacer le pouvoir (#shiftthepower).
Valeurs :
1. Nous reconnaissons qu’il existe de nombreuses façons d’acquérir des connaissances.
Nos communautés et nos partenaires apportent toutes et tous des perspectives complexes et nuancées. Nous remettons en question les formats et les archives qui contenaient historiquement la connaissance et, à ce titre, nous nous engageons à mener des enquêtes et à vérifier constamment nos hypothèses sur la « bonne manière » d’accéder à la connaissance.
Nous nous efforcerons de briser le pouvoir qui fait de l’expression textuelle la forme la plus élevée de la connaissance, afin d’embrasser différents formats d’expression (visuelle et orale, par exemple) et d’explorer la valeur accordée à ces différents formats de connaissance et de production.
Un point commun a été identifié dans le « renforcement des capacités » : il s’agit de l’accent mis sur le renforcement de la capacité des détenteur·rice·s de connaissances à percevoir et à comprendre les notions eurocentriques de la connaissance. Mettre fin à la dynamique du pouvoir dans la gestion des connaissances nécessite un changement de paradigme qui pose la question suivante : quelle « capacité » devrions-nous renforcer ?
2. Nous reconnaissons que notre apprentissage est émergent dans la pratique.
L’approche de notre travail est une approche émergente. Nous nous concentrons sur l’avenir et faisons preuve de flexibilité ; tout comme la nature est en évolution constante, notre apprentissage s’incarne dans le changement. Octavia Butler nous rappelle que seul le changement est constant. Le contexte local, régional et mondial évolue sans cesse et nos mouvements adaptent constamment leur apprentissage, leurs méthodes, leurs outils et leurs approches narratives pour contrer ces discours anti-droits, répressifs et violents.
L’approche de l’apprentissage par le prisme de l’émergence nous incite à comprendre et à adopter des stratégies génératives. Pour nous, l’apprentissage est un processus multidimensionnel et relationnel. À ce titre, nous partageons l’apprentissage dans toutes les directions et encourageons les espaces de réflexion et d’apprentissage collectifs.
Étant donné que le changement souhaité est à long terme, nous pratiquons l’apprentissage de manière continue et nous nous engageons à aller au-delà des cadres et des calendriers d’apprentissage conseillés par les donateurs et donatrices.
3. Nous reconnaissons que la narration constitue un moyen d’aborder l’apprentissage et le changement.
La narration est une source d’innovation et de créativité. Elle a le pouvoir de définir de nouvelles orientations qui remettent en question les récits et le pouvoir dominants. Nous ferons une place à la narration dans tous nos travaux.
4. Nous valorisons les détenteur·rice·s de connaissances dans une optique de renforcement de capacité.
Nous estimons que les détenteur·rice·s de connaissances sont les personnes qui ont l’expérience vécue d’un sujet et qui sont donc à juste titre des expert·e·s des questions relatives à leur propre vie.
Elles et ils sont également des acteur·rice·s qui ont été impliqué·e·s à un moment ou à un autre dans le processus de production des connaissances par le biais d’une propriété partagée. Les détenteur·rice·s de connaissances ont le droit d’agir en fonction de leurs propres connaissances et d’accéder aux produits et aux ressources résultant de la production de connaissances. Elles et ils devraient également être au centre de la diffusion de ces connaissances.
En pratique :
5. Nous allons continuellement définir notre positionnement en termes de pouvoir par rapport à notre communauté narrative mondiale.
Grâce à ce processus, nous serons en mesure de déterminer comment utiliser notre propre pouvoir pour mettre en œuvre une pratique transformatrice. Le pouvoir n’est pas intrinsèquement un outil de domination. Nous reconnaissons donc le pouvoir comme un outil transformateur et voyons un grand potentiel de changement social dans son utilisation éthique.
Nous rééquilibrerons le pouvoir en portant à la conscience collective de nos communautés les profils absents des espaces et des conversations, et en quoi cette absence affecte ce que nous savons. Il s’agira d’une pratique continue pour aborder les dynamiques de pouvoir inégales afin de s’assurer que nous entretenons des relations justes avec nos communautés au sein de l’écosystème narratif mondial.
Compte tenu de notre position dans l’écosystème philanthropique, en raison de notre incubation par la Funders Initiative for Civil Society, la Global Narrative Hive a le pouvoir d’accéder à un éventail de ressources et de tisser des relations qui ont du sens. Nous avons également la possibilité de soutenir de nouveaux modèles d’apprentissage qui remettent en question le statu quo. Grâce à cette approche radicale du pouvoir, nous pouvons soutenir et aider nos communautés à faire preuve de solidarité, échanger des connaissances, prendre des risques et faire preuve d’innovation dans le cadre de l’apprentissage.
6. Nous ferons de la capacité d’action épistémique une valeur fondamentale.
La capacité d’action épistémique reconnaît l’autodétermination des apprenant·e·s dans leur propre apprentissage. Dans le cas d’une relation entre la Global Narrative Hive et un·e partenaire où la Global Narrative Hive a apporté des ressources financières pour soutenir l’apprentissage et l’expérimentation, c’est le ou la partenaire qui déterminera quelles sont les priorités en matière d’apprentissage.
Nous allons centraliser les contributions et la participation de notre communauté de détenteur·rice·s de connaissances, depuis la collecte de données, jusqu’à l’analyse et la création de sens. Nous mentionnerons également à juste titre les détenteur·rice·s de connaissances comme sources.
7. Nous nous efforcerons de déplacer le pouvoir vers la « majorité marginalisée » du monde.
La justice linguistique est l’un des moyens de déplacer le pouvoir. L’existence de modèles qui ressemblent aux dimensions coloniales Nord-Sud est l’un des points communs entre les espaces de développement et d’aide humanitaire. L’un des outils de l’oppression coloniale, qui se manifeste aujourd’hui sous la forme d’un paternalisme colonial, consiste à réduire la langue et la culture d’un peuple à un niveau archaïque et « non expert ». Cela signifie également qu’au fil des années, la connaissance a été produite et reproduite dans les langues coloniales et, par conséquent, c’est le pouvoir en lui-même qui a été produit et reproduit.
Pour remettre en question ce pouvoir, nous devons commencer à organiser des congrès et à publier des produits de connaissance dans des langues non coloniales, inversant ainsi le « fardeau » de l’interprétation/la traduction en le reportant sur les langues coloniales. Pour cela, nous devons comprendre que les langues dominantes dans la pratique envoient un message et déterminent qui est vu, à qui l’on s’adresse et qui est invité à contribuer. Ainsi, nous fournirons des ressources à nos partenaires d’apprentissage pour qu’ils et elles s’expriment et présentent leurs idées dans leur langue, non seulement au cours du processus, mais aussi dans les livrables.
Nous reconnaissons également que les relations coloniales continuent de privilégier les expériences anglophones par rapport aux réalités francophones et lusophones, ce qui explique que le secteur philanthropique consacre moins de ressources à ces expériences qu’aux pays anglophones. Nous reconnaissons également qu’il existe des disparités dans les infrastructures en raison de la marginalisation historique et que ces disparités ont déterminé ce qui est possible et ce qui est dominant dans les espaces internationaux.
Pour nous, déplacer le pouvoir vers la « majorité marginalisée » signifie que nous faisons les choses différemment et par conséquent, que nous modifions le statu quo. Nous nous engageons à créer de « nouveaux » mondes et possibilités.
8. Nous investirons dans l’accessibilité des ressources et formerons d’autres personnes pour qu’elles fassent de même.
Notre approche en matière d’accessibilité sera fondée sur les principes de la justice pour les personnes en situation de handicap, qui reconnaissent la façon dont les systèmes d’oppression interdépendants, y compris le validisme, la classe sociale, les l’origine ethnique et le genre, influencent nos expériences vécues et la façon dont nous évoluons dans ce monde. Nous comprenons que la question de l’accessibilité dépasse largement l’accès physique ou le handicap et offre un cadre beaucoup plus large. Nous reconnaissons qu’il n’existe pas de liste exhaustive à appliquer pour chaque activité ou événement, qui nous permettrait d’atteindre une accessibilité totale. Nous nous attacherons plutôt à tisser des relations, à poser des questions, à faire preuve de curiosité et de souplesse pour répondre aux besoins des participant·e·s.
Nous savons que nous n’y parviendrons pas toujours et que l’accessibilité est une problématique complexe, mais nous nous engageons à pratiquer l’écoute, un processus constant d’apprentissage et de désapprentissage, l’adaptation et l’ajustement de nos méthodes de travail. Nous nous engageons à intégrer les principes de la justice pour les personnes en situation de handicap dans le processus, la planification et la mise en œuvre. L’accessibilité doit être au centre des préoccupations, et non une réflexion menée a posteriori. Cela implique d’engager des ressources financières et du temps, et d’assurer une planification de l’espace.
Enfin, nous reconnaissons la nécessité d’être honnêtes et de communiquer ouvertement sur ce qui est possible et sur les contraintes auxquelles nous sommes confronté·e·s, tout en continuant à apprendre et à améliorer nos pratiques en matière d’accessibilité.