Notre approche au sujet de l’accessibilité

Fenya Fischler
Global Hive
Published in
5 min readJun 24, 2024

À la Global Narrative Hive, nous reconnaissons que chacun·e d’entre nous présente une grande diversité en termes d’expériences incarnées. Il n’existe pas de « liste » standard et définitive de cases à cocher pour chaque activité, ressource ou événement qui nous permettrait de « réaliser » l’accessibilité totale pour tous·tes. Nous nous attacherons au contraire à élargir sans cesse l’accès en établissant des relations, en posant des questions, en écoutant attentivement, en étant curieux.se, en apprenant et en faisant preuve de souplesse pour répondre aux besoins particuliers des personnes avec qui nous entrons en relation.

Un engagement politique en faveur de la justice pour les personnes en situation de handicap[1] implique que nous nous engageons à améliorer l’accès afin de perturber et de remettre en question ce qui est supposé être la « norme » dans la manière dont les personnes s’engagent, se déplacent dans le monde, apprennent, créent des liens et communiquent. Nous sommes conscients que cette norme est construite autour des expériences et des priorités des personnes blanches, neurotypiques, valides, cisgenres et hétéronormatives, entre autres. Nous choisissons de remettre en question ces hypothèses normatives en donnant la priorité à l’interdépendance, aux soins collectifs et aux perspectives intersectionnelles qui reconnaissent l’imbrication des systèmes de domination qui ont un impact sur la façon dont chacun d’entre nous vit le monde.

Lorsque nous parlons d’accessibilité, nous envisageons bien plus qu’un simple accès physique. Une approche d’accès fondée sur la justice pour les personnes en situation de handicap va au-delà du seul domaine physique et prend en compte la neurodiversité, la langue, le genre, la classe sociale, le statut d’immigration, la race et bien d’autres aspects de la manière dont nous et les autres personnes avec qui nous sommes en contact, nous engageons dans le monde, ainsi que la manière dont tous ces éléments interagissent. Elle cherche à éliminer les normes incapacitantes dans la façon dont le monde est structuré et dans les hypothèses que nous faisons sur le corps et l’esprit des gens.

Rendre nos ressources, nos conversations, nos événements et nos réunions plus accessibles implique également un engagement en termes de ressources (financières, de temps et d’énergie), une réflexion prospective et une planification en termes de budget, et une adaptabilité dans la manière dont nous organisons nos activités.

Il n’existe pas d’approche universelle ; ce que nous faisons dépendra des personnes impliquées et de leurs besoins, de la nature de l’activité et des ressources disponibles. Nous sommes conscient·e·s que les besoins en matière d’accès varient d’une personne à l’autre et peuvent même être contradictoires, nécessitant des approches créatives et flexibles qui n’apportent pas toujours des solutions faciles ou disponibles.

Nous savons que nous n’aurons pas toujours raison, que nous ferons des erreurs en cours de route et qu’il y aura toujours des leçons à tirer. Il nous faudra donc adapter sans relâche nos méthodes de travail. Enfin, nous savons qu’en raison de nos ressources limitées, nous ne serons pas toujours en mesure de répondre aux besoins de chacun·e en matière d’accès. Lorsque nous ne serons pas en mesure de le faire, nous nous efforcerons toujours d’être honnêtes et de communiquer ouvertement sur ce qui est possible, les limites auxquelles nous sommes confrontés et où/comment nous allouons nos ressources.

Dans ce travail, nous sommes guidés par ces mots partagés par Sins Invalid :

« Comme pour d’autres formes d’oppression, nous sommes imprégnés de capacitisme et nous allons probablement le renforcer et/ou le reproduire même si nous n’y pensons pas à l’avance. Et, comme pour d’autres formes d’oppression, nous devons être non défensifs lorsque nous recevons un retour d’information. L’attitude défensive crée des obstacles inutiles à la mise en place d’un ou des inter mouvements Malheureusement, les gens abandonnent la mise en place de mouvements ou de communautés ou cessent d’assister à des événements lorsqu’ils sont confrontés à des réactions défensives. » (Sins Invalid)

Voici, enfin, quelques actions que nous menons déjà (cette liste sera mise à jour plusieurs fois par an afin d’assurer la transparence du processus d’élargissement de l’accessibilité dans la pratique) :

- Langues : nous nous engageons à mettre nos ressources à disposition en anglais, espagnol et français (nos « langues de base »). Nous traduirons également dans d’autres langues en fonction du contexte, des financements disponibles, des capacités et des publics que nous essayons d’atteindre (par exemple, l’arabe, le portugais et le russe). Nous reconnaissons que nos langues de base sont encore des langues coloniales et nous nous engageons à élargir notre offre linguistique en fonction des besoins. Malgré notre engagement à mettre à disposition des fonds significatifs pour la traduction, notre budget n’est malheureusement pas infini et devra être pris en compte lors de la prise de ces décisions.

- Glossaire : élaboration d’un glossaire et de directives éditoriales à partager avec les interprètes, les traducteur·rice·s et les rédacteur·rice·s. Une séance de briefing sur la terminologie est organisée à l’intention de tous·tes les traducteur·rice·s et interprètes.

- Besoins d’accès : laisser un espace aux participant·e·s pour qu’ils fassent part de leurs besoins d’accès dans les formulaires d’inscription dont, par exemple, le sous-titrage, l’interprétation en langue des signes, le partage des transcriptions ou la désactivation des paramètres d’arrière-plan « flous. » Veiller à ce qu’un·e membre du personnel les vérifie régulièrement et assure la coordination avec les participant·e·s qui en font la demande.

- Allocations : fournir des allocations aux participant·e·s des cohortes d’apprentissage pour leur permettre d’accéder à lnternet.

- Visas et voyages : veiller à ce que les participant·e·s aux réunions en personne bénéficient d’une aide pour les demandes de visa et les voyages, le cas échéant. Couvrir les frais liés au voyage, par exemple la demande d’un passeport. Prise en charge des frais de taxi lorsque les moyens de transport publics ne sont pas accessibles.

- Statut d’immigration : prendre en compte les participant·e·s qui peuvent être sans papiers ou dont le statut d’immigration rend complexe ou impossible leur déplacement dans certaines régions. Rester flexible dans la sélection des lieux de réunion et dans l’implication des personnes qui ne peuvent pas participer en personne.

- Fuseaux horaires : organiser des séances virtuelles à différentes heures afin de garantir l’accès dans différents fuseaux horaires.

- Criminalisation et restrictions juridiques : connaître les cadres juridiques des pays dans lesquels nous travaillons ou organisons des congrès et veiller à organiser des réunions dans des lieux où les participant·e·s seront en sécurité.

[1] Justice en faveur des personnes en situation de handicap : « La justice en faveur des personnes en situation de handicap est un terme et un cadre de mise en place de mouvements (c’est-à-dire une manière d’envisager les façons dont les gens peuvent s’organiser autour du handicap et y réfléchir) qui met l’accent sur la vie et le leadership des personnes en situation de handicap noires, indigènes et de couleur et/ou queer, trans, bi-spirituelles et non conformes au genre » (Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha).

Photograph of bees on a hive
Image: Shutterstock. Sushaaa. Close up of flying bees. Wooden beehive and bees.

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