Growth Folk — Lionel Paulus (Growth Engineer @Spendesk)

Vincent Plassard
growthletter
Published in
9 min readApr 5, 2019

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Lionel nous raconte ses premiers pas dans le web avant de démarrer ses études à HETIC, être passé chez MisterFox puis STATION F, jusqu’à son rôle actuel de Growth Engineer chez Spendesk.

🏠 Ville : Paris

💼 Rôle : Growth Engineer

📱 Smartphone : Android — OnePlus 6T

💻 Ordinateur : Macbook Pro

🎯 Un mot pour décrire la façon dont tu travailles ?Précision”. J’aime les détails dans les choses, j’ai du mal à les faire à moitié.

👉La boite qui t’inspire / t’impressionne le plus ? Moment Factory. C’est “un studio multimédia spécialisé dans la conception et la production d’environnements immersifs” au Canada. L’expérientiel audiovisuel, les lumières, le motion design me plaisent beaucoup.

🎁 Une anecdote sur toi et Spendesk ? On me surnomme Sniper depuis notre Team Building et mes 9723 points au Laser Game.

👉 Peux-tu te présenter et nous dire un peu plus sur ton expérience et comment tu es arrivé là aujourd’hui ?

Je pense que tout à commencé lorsque je me suis mis à faire du son et à mixer. J’avais un peu de matos et je voulais proposer de faire des animations lors d’évènements. J’ai donc voulu lancer mon site pour mettre en avant mes services. J’utilisais e-monsite. C’est là que j’ai commencé à toucher au HTML et CSS. J’ai jamais suivi de tutos. J’ai appris direct parce que j’en avais le besoin et l’envie. Il y a pleins de bases et de règles que je n’avais pas. J’avais 12 ans. Je trouvais toutes les combinaisons possibles pour faire les choses sans payer. Voulant héberger mon site moi-même pour ne plus avoir les pubs e-monsite dessus et être totalement libre sur la forme, j’ai pris un nom de domaine “.tk” parce que c’est le seul qui est totalement gratuit. Et j’hébergeais mon site gratuitement sur 000webhost.

Au même moment, je voulais regarder des films et séries en streaming sur mon iPhone 3GS mais je ne trouvais aucun site qui permettait de le faire. Tous les sites de streaming proposaient des vidéos qui n’étaient pas au bon format pour les regarder sur iPhone. J’ai donc décidé de lancer iphone-streaming.com. La différence était que j’aspirais toutes les vidéos des autres plateformes de streaming et les convertissais au bon format.

iPhone Streaming

A la base, je voulais surtout apprendre à coder et créer un site qui pourrait être utile aux gens. J’avais commencé avec un nom de domaine en “.tk” encore une fois car c’était gratuit. Au début j’hébergeais le site mais aussi les films et séries directement sur des serveurs mutualisés type OVH ou 1&1. Je payais environ 5€ par mois. Evidemment, il ne fallait pas longtemps avant que les hébergeurs remarquent le stockage extravagant que j’utilisais et qu’ils me bannissent pour mauvais usage / non-respect des CGU. Après avoir fait le tour des solutions d’hébergement grand public, j’ai réalisé que cela ne pouvait pas durer. Il fallait trouver une solution pérenne pour l’hébergement des films et séries. Le partenariat avec Uptobox s’est fait à ce moment, les visiteurs étaient alors redirigés vers Uptobox pour visionner leurs films et séries. C’était enfin stable et fonctionnel. Preuve de notre professionnalisation, on a changé le nom de domaine de iphone-streaming.tk à iphone-streaming.com.

C’est à ce moment-là que tout s’est envolé. Je faisais tout tout seul. Je mettais tout à jour moi-même. C’était très manuel et amateur pendant un moment jusqu’à ce que je décide d’apprendre le PHP pour ne plus avoir à modifier mes pages HTML à chaque ajout de film ou série. Ainsi j’ai aussi pu proposer un admin panel pour que d’autres personnes puissent ajouter des films et séries sans que j’intervienne. J’arrivais à construire les choses par moi-même même si je ne comprenais pas grand chose de mon code. C’était principalement du copier-coller de bouts de code que je trouvais à gauche à droite. D’ailleurs, à cause de ma méconnaissance du PHP et des principes de sécurité de base je laissais des failles immenses sans savoir. Je me suis notamment fait hacker plusieurs fois. Il s’était créée une communauté avec iPhone-Streaming, on avait même un forum dédié et la plupart voulaient contribuer, chacun à sa manière. Certains étaient “uploaders”, d’autres m’aidaient à coder le site et il y en avait même quelques uns qui avaient créé un serveur Minecraft au nom d’iPhone-Streaming. Il y avait une super ambiance, on se retrouvait tous les jours pour discuter, c’était génial ! On était tout de même plus de 1200 inscrits sur le forum, c’était une vraie communauté ! D’ailleurs pour l’anecdote, j’ai déjà rencontré “IRL” l’une des personnes qui m’avait apporté son aide depuis le départ. Malgré que ça faisait plus d’un an qu’on bossait ensemble et qu’on était devenu très proche, cela était tout de même bizarre de se rencontrer pour de vrai. Avec ce site, mon objectif premier était simplement d’offrir un service utile aux gens. Je ne voulais pas faire quelque chose d’illégal. Mes parents ont commencés à s’inquiéter comme je passais énormément de temps dessus et quand je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai impact et donc un risque, j’y ai mis fin. J’ai lancé iPhone-Streaming en 2011 et cela a duré 1 an et demi. On enregistrait plus de 16 000 visites par jour à la fin. Le nom de domaine valait 3400€. Je l’ai vendu 1000€.

J’ai lancé en parallèle un site pour vendre des abonnements Premium Uptobox. Cela s’appelait Mega-Premium et j’en faisais la promotion sur iPhone-Streaming. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire mes premiers petits billets. J’avais intégré d’autres compétiteurs d’Uptobox pour toucher plus de personnes. J’ai gardé Mega-Premium même après avoir vendu iPhone-Streaming. Quelques temps après l’arrêt brutal du géant Megaupload, Uptobox est devenu le leader de l’hébergement de fichiers en France. Mais cette place leur a valu les foudres des studios de production de films et séries qui ont fait pression pour qu’ils soient exclus de leur prestataire de paiement (qui permet l’achat d’abonnements Premium). Le gérant s’est alors retrouvé sans revenu du jour au lendemain. Il m’a alors contacté pour intégrer Mega-Premium dans Uptobox afin que toutes les ventes d’abonnements Premium passent par mon site et donc mon prestataire de paiement. Pendant quelques semaines, j’ai donc géré tous les paiements Uptobox, mes metrics ont explosées.

En tout, j’ai vendu plus de 40 000 abonnements premium à 36 000 clients. Evidemment avec de tels chiffres, j’ai dû tout déclarer et heureusement j’ai pu compter sur l’aide de mon père qui s’y connaît très bien dans tout cet aspect légal puisqu’il tient une chaîne de magasins de chaussures. J’avais aussi un comptable avec qui je passais pas mal de temps. J’ai même créé un script pour détecter l’adresse IP et adresser la bonne TVA par pays — étant donné qu’elle est différente d’un pays à l’autre.

“J’avais 18 ans et j’avais fait 508 000€ de chiffre d’affaires. Il y avait des semaines où je gagnais plus que mon père avec ses 8 magasins de chaussures.”

Cela m’a permis de payer HETIC où j’étudie et de financer ma vie à Paris. Je voulais pas nécessairement tout arrêter et me dire que j’allais dev direct. Arrivé à HETIC, j’étais pas certain de vouloir continuer à être dev. C’est l’étiquette qu’on pouvait me donner mais j’aime aussi tout ce qui tourne autour du design et de l’expérientiel. Pour mon premier stage de 2 mois, j’ai rejoins MisterFox (créé par FoxIntelligence). Leur proposition de valeur est d’automatiser la réclamation d’indemnisation en cas de retard avec vos trains, vos livraisons,… On était 5 lorsque j’y étais. J’ai essentiellement travaillé sur le front de Misterfox. J’ai aussi bossé en parallèle pour mon père. Je l’ai aidé à créer son site et à le maintenir. J’ai remarqué que ce n’était pas si simple à cause des dettes technologiques que peuvent avoir les plus petits business en comparaison au milieu startup.

J’ai rejoins le staff de STATION F par la suite. J’avais le choix entre Algolia, réputé pour leur équipe et le challenge dev, et STATION F qui me faisait rêver pour l’univers startup. J’ai choisi au feeling et je suis finalement allé chez STATION F. C’était un stage de 6 mois pendant lequel j’ai pu découvrir et apprendre Vue.js. J’ai participé à la refonte totale de l’intranet en Vue.js. De 0 jusqu’en prod. C’était top, j’ai énormément appris.

Je pensais éventuellement rester chez STATION F mais le contrat en alternance n’était pas possible de leur côté. Je suis rentré en process avec Spendesk. A ce moment-là je n’avais pas envie d’avoir un rôle dev “isolé”. Je sentais le besoin d’échanger, d’avoir plus d’interactions et d’implications sur le produit et dans les projets. C’est justement ce que je retrouve aujourd’hui dans mon rôle de Growth Engineer où cela demande une vision business et pas mal d’implication dans les projets sales, marketing, produit…

👉 A quoi ressemble la manière dont tu travailles chez Spendesk ?

Je bosse souvent en musique. Essentiellement de la musique lo-fi pour deep focus. J’ai besoin d’écouter de la musique prédictible pour garder le cerveau reposé et concentré.

👉 Quelles applications / outils te sont indispensables ?

Github ! Pour la manière avec laquelle je peux collaborer avec les autres devs. Ça m’aurais bien aidé de savoir l’utiliser à l’époque d’iphone-streaming.

👉 Comment gères-tu ta to-do du jour / de la semaine et tes projets ?

La gestion de ma to-do et de mes projets n’est pas encore très fluide et naturelle avec Notion pour le moment de mon côté. J’aime beaucoup utiliser les issues sur Github et les close automatiquement quand je commit.

👉 Quel est le projet dont tu es le plus fier ?

My first virtual card. C’est un projet récent mais qui a été court et intense. Pour faire simple, on est parti du principe que la A-HA moment chez nos utilisateurs était la génération de leur première carte virtuelle. On a donc voulu reproduire cet effet chez nos prospects pour les pousser à la réponse. On a donc créé une landing page dynamique et personnalisée, utilisée dans les campagnes outbound des sales. Lorsque le prospect clique sur le lien, il arrive directement sur la landing page l’invitant à générer la carte virtuelle — chargée de 10€ — qu’il peut ensuite utiliser librement.

L’ambition était élevée et la deadline hyper serrée. Il fallait shipper le truc et on l’a fait dans les temps. Je suis fier d’avoir été impliqué et avoir mené ce projet de A à Z avec un résultat final de qualité.

👉 Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné et que tu puisses donner ?

Suivre ses convictions. Ne pas hésiter et se lancer. Oser. Tenter.

👉 Quelle est ta définition de Growth ?

“On est là pour valider des hypothèses.”

Comme dans notre équipe growth, on a l’avantage d’être une équipe très agile et complète — avec des ressources variées — et de pouvoir faire le zero-to-one plus facilement et rapidement.

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