Growth Folk — Adrien Taravant (Growth Engineer @Slite)

Vincent Plassard
growthletter
Published in
8 min readJun 27, 2019

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Après un parcours dans le consulting et une aventure entrepreneuriale, Adrien Taravant a rejoint Slite fin 2018 en tant que Growth Engineer. Récemment passé par la formation Reforge, la connaissance des frameworks growth n’ont plus de secrets pour lui !

ADRIEN TARAVANT

🏠 Ville : Paris

💼 Rôle : Growth @Slite

📱 Smartphone : Iphone X (via mobile.club)

💻 Ordinateur : Macbook Pro (13-inch, 2017)

🎯 Un mot pour décrire la façon dont tu travailles ? Avec “passion” et j’essaie d’être le plus pragmatique possible. Souvent “less is more”. Je suis pris ?

👉 La boite qui t’inspire / t’impressionne le plus ? Basecamp, pour la culture et la réflexion des founders sur l’organisation du travail. Superhuman pour la qualité du produit, et la façon dont ils ont bossé leur product-market fit (cf. cet article qui est une belle ressource).

👉 Une citation préférée ? “Mettre dans tout ce que nous faisons le sérieux que les enfants mettent en jouant.” et aussi une de Ken le survivant : “Décidément les temps comme les oeufs sont durs, et la bêtise n’a pas de limite”.

👉 Peux-tu te présenter et nous dire un peu plus sur ton expérience et comment tu es arrivé là aujourd’hui ?

J’ai démarré en tant que consultant sur des missions de stratégie et management (banque, énergie, secteur publique), après avoir fait une école d’ingénieur. Je ne savais pas exactement vers quoi m’orienter et c’était une façon de découvrir différents secteurs rapidement. Au bout de 4 ans je me suis lancé dans l’entrepreneuriat. C’est d’ailleurs à peu près au même moment que j’ai dû entendre le mot “growth” pour la première fois.

On a monté Firebnb, de la location last minute sur des logements type Airbnb, avec deux autres personnes. On avait remarqué, en scrappant Airbnb, que 40% des nuitées proposées à Paris n’étaient jamais réservées. On voulait optimiser pour les hôtes cette gestion du “stock” disponible en leur permettant la mise en avant sur notre plate-forme de leurs appartements encore disponibles avec des réductions de dernière minute. C’était pendant le boom des conciergeries. Les gestionnaires de parcs d’appartements qui avaient un fort intent pour optimiser le rendement de leurs logements étaient notre première cible côté offre. On était à l’incubateur de l’ESCP : la Blue Factory, dont l’espace pour les startups était situé à l’époque en sous-sol. Ambiance : “monte ta startup dans un garage” et “do things that don’t scale”. Notre stratégie était de faire croître l’offre d’abord. Notre process était de scrapper tous les profils Airbnb des hôtes pour identifier ceux avec le plus d’appartements. Puis avec de la recherche manuelle sur les réseaux sociaux (Facebook, Linkedin, …) sur la base de leur nom ou de leur photo de profil on finissait par retrouver le contact de 80% de ces personnes qu’on closait ensuite au téléphone. On a pu faire croître l’offre de 5000 logements en un an mais en revanche ça n’a jamais vraiment pris côté voyageur.

Fin 2016 j’ai décidé d’arrêter. A ce moment-là, j’avais l’envie de travailler dans une jeune startup mais avec déjà une traction intéressante. “Pour voir ce que c’est”. J’avais aussi envie d’apprendre à coder, pour être capable de construire des choses basiques et ne pas être totalement dépendant d’autres développeurs. J’ai commencé à me former via le web à faire du js, ruby on rails, du scraping et puis rapidement j’ai eu une offre pour rejoindre Emma & Chloé, une startup e-commerce de bijoux pour femmes, pour gérer la partie digitale web-marketing.

C’était un challenge intéressant, avec déjà environ 10 000 abonnées à leur service de box et des problématiques très diverses comme améliorer la life-time value des abonnés, développer un nouvel e-shop sans cannibaliser le service d’abonnement, optimiser le support client avec un flux très important de tickets et une toute petite équipe, scaler nos canaux d’acquisition, etc. Nos deux canaux d’acquisition principaux étaient les Facebook Ads et le pool d’influenceuses de 10k à 100k abonnées. On avait la liberté qu’apporte un revenu récurrent déjà conséquent avec une marge confortable et on a donc pu tester à tout crin, de la pub télé au post de Nabilla sur Snapchat (qui rend ton téléphone fou de notification Stripe) en passant par la mise en place d’un système de referral ou des expérimentations sur le pricing.

C’était l’anarchie en terme de structuration de la knowledge, avec un turn-over important qui rendait le besoin encore plus criant. Je cherchais donc une solution pour mettre ça au propre et en février 2018, Slite qui était à YC fait un launch de ses templates sur Product Hunt. J’essaie le tool et je tombe amoureux du produit instantanément. Et de façon prémonitoire finalement je dis à ma copine que c’est pour ce genre de boîte que j’ai envie de travailler.

Quelques semaines plus tard, un poste de Growth Engineer, très orienté produit, est posté par Slite. Même si je ne m’étais pas dit précisément que je voulais faire de la “growth” avant, le poste réunissait ces trois composantes dont j’avais envie : produit, data et tech. Et même si mon profil technique ne matchait pas complètement avec l’offre, la seule question pour moi était de savoir comment mettre toutes les chances de mon côté pour être pris. Dans mon cas je me suis inspiré de ce que fait Samuel Hulick sur UserOnboard et j’ai postulé en envoyant une analyse de l’onboarding de Slite. Une centaine de slides qui commentaient chaque step depuis la home page jusqu’à l’arrivée dans l’app.

In fine, après quelques nuits passées sur les études de cas (SQL, react etc.) pendant le process de recrutement, j’ai intégré Slite. Et il y avait tellement de care mis dans ce process par l’équipe que l’expérience des entretiens en tant que telle avait déjà de la valeur.

👉 Comment gères-tu ta to-do du jour / de la semaine et tes projets ?

J’ai une note perso dans notre Slite que je mets à jour en continue avec les 3 points les plus importants à faire dans la journée et une liste de tâches avec une priorité high, medium et low.

👉 A quoi ressemble une de tes journées-type ?

En général c’est un mix entre de l’analyse de data sur Periscope Data ou Mixpanel pour identifier des opportunités ou checker l’impact d’expérimentations mises en place, du temps passé à scorer et prioriser de nouvelles idées et enfin du dev pour mettre en place des expériments.

👉 A quoi ressemble la manière dont tu travailles / vous travaillez chez Slite ?

On est organisé en squad de 2–3 personnes par cycle de 5–6 semaines. Chaque squad a un plan de marche pour le cycle. Je travaille dans la squad growth évidemment avec parfois un autre ingénieur ou la personne en charge du marketing.

On définit des expériments pour le cycle sur la base d’un framework qui nous permet de prioriser les différentes expérimentations et l’uplift qu’on anticipe sur la métrique de weekly active users que l’on a définit.

Pour en savoir plus sur le process exact qu’on a mis en place au niveau global et comment et pourquoi on a itéré dessus en passant de cycle de 2 semaines à 5 / 6 semaines, Rob un designer de chez nous a écrit un très bon article.

👉 Quelles applications / outils te sont indispensables ?

Periscope Data pour tout ce qui est requête SQL, Google Spreadsheet, le shortcut CMD+SHIFT+4 pour faire des screenshots en permanence des tools que j’essaie, Airtable pour prioriser les stories de growth et Slite pour toute la knowledge. Et finalement la growth c’est apprendre, donc Slite c’est la growth. CQFD ;)

👉 Comment fais-tu ta curation de contenu ?

Principalement via Twitter. Sinon je pense m’inscrire à un outil par jour. Je vais très souvent sur Product Hunt et j’ai du faire le tour d’une centaine d’outils pour faire du benchmark sur leur flow d’onboarding. Je me rappelle avoir pris des screenshots de tous les onboarding pour voir ce qui se faisait de mieux. La puissance de l’onboarding réside dans le flow.

👉 Quel est le projet dont tu es le plus fier ?

A vrai dire ce sont les expérimentations qui nous ont permis d’identifier des enseignements clairs qu’elles aient réussies ou non.

Une de nos problématiques actuelles est par exemple d’augmenter le nombre de team Slite avec au moins 2 membres parce que l’on sait que c’est corrélé avec une rétention plus forte sur le long terme. On a fait l’hypothèse très simple qu’une partie des admins qui n’invitent personne ne pensent tout simplement pas à inviter parce que ce n’est pas suffisamment mis en avant.

On a donc décidé de pousser une bannière dans l’app pendant la première semaine après la création d’une team. C’est une façon simple et agressive de tester notre hypothèse. Le test qui est toujours en cours a atteint un niveau significatif. Ce qui nous permet de valider simplement cette hypothèse et pourquoi pas d’itérer dessus à partir de maintenant.

👉 Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné et que tu puisses donner ?

Concernant la growth :

Garder les choses simples”.

Que ce soit pour les métriques qu’on suit (pour des questions d’interprétation et de communication), les hypothèses et problèmes qu’on pose pour identifier des expérimentations, le scope de ce qu’on teste afin de pouvoir en extraire des enseignements et pas seulement une réponse du type “ça a marché” / ”ça n’a pas fonctionné”. Un autre point est de chercher à améliorer l’expérience en premier pour les users qui ont un intent élevé.

👉 Quelle est ta définition du Growth ?

Chamath Palihapitiya qui a initié la growth team chez Facebook a fait cette réponse quand on lui a demandé comment il appelait ce qu’il faisait : “Try to grow stuff”. J’ai pas trouvé mieux !

En terme pratique je vois ça comme la mise en place d’un process qui se doit systématique (une approche méthodique qui ne dépende pas d’une personne en particulier), durable (prend en compte l’aspect durable ou non des actions de growth mises en place) et répétable, dont le but est d’extraire des enseignements sur les expérimentations mises en place. On entend souvent que 4 expérimentations sur 5 vont rater. La première façon de l’interpréter c’est qu’il ne faut pas s’attendre à réussir à tous les coups nos actions de growth. La seconde façon c’est que si tu n’as pas un process qui te permette d’extraire des enseignements de ce que tu mets en place, le nombre d’expérimentations qui réussissent sera nul.

👉 Qui voudrais-tu voir dans l’un des prochains portraits ?

Fareed Mosavat, Director Product @Slack, une des personnes les plus inspirantes que j’ai rencontré jusqu’ici concernant la Growth product.

👉 Pour quels sujets peut-on te contacter ?

Pour tous les sujets liés à l’onboarding, aux metrics d’activation/rétention ou sur de l’acquisition (Facebook ads, SEO, Quora, word-of-mouth, …). Si certains sont intéressés pour échanger sur la formation Reforge également, avec plaisir !

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