Le mythe du crowdfunding !

Ruben Lopez
Grow Up
Published in
5 min readJun 22, 2018

Niveau de lecture : accessible ⚫⚪⚪

Money Money Money

La magie ! La magie noire… La magie du fric…. La magie du fric qui apparaît…. La magie du crowdfunding.

Dans la vie d’une start-up, on doit suivre ses dépenses de près. De très près. Et aussi voir comment trouver de l’argent (bien sûr, en attendant celui des clients).

Une des solutions, qui est souvent citée, est de faire du crowdfunding, c’est à dire convaincre une foule de personnes d’investir dans votre projet. Le sens de cette réflexion est un peu mystique : c’est vrai que convaincre un institutionnel, une banque, un fond d’investissement de vous donner de l’argent ce n’est pas évident. Pourquoi alors ne pas demander à tout le monde de le faire ?

Il existe de nombreuses formes de crowdfunding (don avec contrepartie, prêt (crowd lending), investissement en capital (crowd equity...) effectuées par autant de structures. Citons notamment : Kickstarter, Wiseed, Ulule, Tousnosprojets … ou une liste qui recense une bonne partie des acteurs (tous?) ici: financeparticipative.org

Lors du démarrage d’une société, celui qui est principalement dans l’esprit des gens c’est le don avec contrepartie. Donner de l’argent en retour d’un petit quelque chose, souvent symbolique. C’est sur celui-ci que l’on fait un focus.

Si vous voulez un short-cut introductif, regardez cette vidéo :

En poussant l’idée du crowdfunding, l’approche est souvent de dire “Mon projet est trop bien, plein de gens me le disent. Je suis sûr que ces gens mettront de l’argent pour que je puisse le sortir de terre.”

L’argumentation est simple, mais un peu faible : ce n’est pas parce qu’on trouve quelque chose bien que l’on est prêt à payer (même une somme modique) pour l’avoir. Sinon les études de marché se transformeraient directement en CA sonnant et trébuchant. Et on est bien d’accord que ça n’arrive pas… en tous cas, pas en claquant des doigts.

En réalité, convaincre une foule de personnes à investir dans votre projet demande un certain nombre d’éléments sous-jacents :

  • Une foule (ça peut sembler bête, mais il faut bien qu’il y en ait une.)
  • Convaincre (c’est à dire argumenter pour obtenir quelque chose)
  • De l’argent (si la foule n’a pas d’argent, vous n’irez pas très loin…)
  • Un retour (ça ira du beau geste pour les romantiques, à plein de sous-sous pour les vénaux)

La foule

Pour ce qui est de la foule, il faut déjà que vous en ayez une sous la main. Plus les gens vous connaissent, gravitent autour de vous et montrent de l’intérêt pour votre projet, plus il sera facile de leur demander d’investir dans votre projet. Mais le crowdfunding, ce n’est pas seulement ça : il faut surtout que ces gens soient convaincus de diffuser la demande à d’autres : sinon, il n’y aura jamais assez de gens pour compléter les fonds. On parle de 1er cercle, 2eme cercle….

Pour votre kit de démarrage, je vous offre une foule:

Mais sachez que se constituer une foule, une communauté, ça coûte de l’argent. Et souvent, le coût pour la constituer dépasse ce que rapporte le crowdfunding.

Il ne faut donc pas se lancer si on n’a pas déjà de communauté : on atteindra probablement trop peu de personnes, même par ricochet.

Convaincre et le rôle de la contrepartie

L’argumentation n’est pas évidente. Quel est l’intérêt des personnes qui investissent ?

  • Peu importe, ils veulent vous aider : pas besoin de crowdfunding, il s’agit probablement de votre mamie et de votre tonton Alfred… demandez-leur directement plutôt que de passer par ici, c’est de la love money (#jargon). 5% des gens ?
  • L’idée du projet est intéressante, ils vous soutiennent pour le principe. C’est plutôt l’orientation globale de votre projet, de votre société qui importe. Votre image joue énormément, c’est un peu idéologique. 10% des gens ? Si vous leur envoyez un sticker avec un logo, ils seront ravis.
  • La contrepartie est suffisamment intéressante pour justifier l’investissement. Il peut s’agir par exemple de précommandes d’un produit à venir. 85% des gens ? Ça surprend ? Peut-être un bout d’égoïsme qui revient…. mais pas besoin d’avoir honte… c’est la nature humaine !

La contrepartie est donc cruciale : et il faut donc qu’elle puisse directement intéresser les gens, la foule, les personnes. C’est pour ça que ce qui marche bien c’est quand on vend un produit B2C. Et oui, c’est déjà ciblé pour eux…

Il faut que l’objectif de l’investissement puisse intéresser une communauté de personnes. Il sera toujours plus facile de créer ou utiliser une communauté B2C, par exemple autour des produits pour le bien-être des enfants, que pour la vente d’un service B2B comme dans la logistique pour la gestion de flottes automobiles.

Money…

It’s a crime… (Merci Pink Floyd). On est bien d’accord que votre communauté doit avoir de l’argent… je ne vous dit pas de viser la tranche CSP+, mais si ils n’ont pas d’argent, vous n’irez pas bien loin…

Pour quel résultat ?

Généralement, le résultat d’une bonne campagne de crowdfunding est en réalité une bonne campagne de pub.

Globalement, la campagne de pub coûte souvent plus que ce que rapporte la crowdfunding. Il s’agit donc d’un bon investissement en communication (pour peu que le produit s’y prête), mais il ne s’agit pas vraiment d’un moyen solide de se financer.

Le crowdfunding a le vent en poupe, notamment sous ces autres formes (crowdlending, crowdequity…), une mutation du financement est en cours, keep in touch.

Bref, si vous faites du crowdfunding pour la bonne raison, vous serez très satisfait du résultat. Sinon, vous risquez d’être un peu déçu. Mieux vaut prévoir un plan B…

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