L’apprentissage sisyphéen

Comment tant d’enfants gaspillent leur énergie à mal apprendre

Nouhad Hamam
16 min readNov 9, 2016
création à partir d’un tableau anonyme représentant Sisyphe

Longtemps, j’ai donné des cours particuliers à de nombreux élèves. Je les aidais à faire leurs exercices de maths, de physique et de français. J’expliquais aux enfants ce qu’ils n’avaient pas compris en cours, je les aidais à mieux comprendre la théorie et à bien préparer leurs devoirs communs. Avec le temps, j’ai appris à le faire de mieux en mieux : je m’adaptais à l’élève rapidement, je le faisais chercher lui-même la réponse au lieu de me précipiter sur l’explication, je simplifiais les notions pour les rendre claires, je prenais des exemples de la vie courante, je faisais des schémas… Malgré tous ces efforts, les résultats n’étaient jamais impressionnants, même au bout de deux ans d’accompagnement.

Chaque fois j’espérais bouleverser la vie (scolaire) de ces élèves, mais tout compte fait, je finissais par me contenter de moindres progrès. Des progrès en-dessous de mes ambitions pour ces kids et ces ados. Des progrès surtout en dessous de ce qu’ils méritaient. Parfois, l’élève devenait même dépendant de moi ; il savait que je serais là pour lui expliquer le point de cours difficile, alors il abandonnait plus vite en classe. C’est d’ailleurs le problème inhérent à la posture de coach : on devient vite dépendant de son psy, de son coach, de son médecin ou de son conseiller. Ils peuvent avoir un impact bénéfique sur nos vies mais ils peuvent aussi nous rendre moins bons sur la durée en nous rendant dépendants d’eux.

En constatant le faible impact que je pouvais avoir sur ces élèves et que les profs particuliers pouvaient avoir en général, je sentais bien au fond de moi qu’il y avait un truc qui clochait mais j’avais l’impression que je n’y pouvais rien.

Quand ceux dont je m’occupais n’avaient pas abandonné la perspective de progresser un jour à l’école, ces pauvres élèves redoublaient d’efforts pour tenter d’avoir une meilleure note. Malheureusement, malgré le travail et le prof particulier, leurs efforts étaient vains ou presque.

Sisyphe

Ainsi, ces élèves étaient comme Sisyphe, ce personnage de la mythologie grecque qui, pour avoir oser défier les dieux (pour changer), fut condamné à faire rouler éternellement jusqu’en haut d’une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet. Les élèves sisyphéens fournissent un effort d’apprentissage peu efficace, voire inutile, de la même manière que Sisyphe roule son rocher sur la colline.

En tant que prof particulier, j’ai cru que ma mission était d’aider les élèves à réussir leurs exos, à mieux comprendre le cours et à les faire travailler un peu plus que ce qu’ils auraient fait seuls. En espérant une hausse de la moyenne…

C’était une erreur car ce n’est pas le vrai problème de l’élève Sisyphéen. Cette approche classique des cours particuliers n’est qu’un pansement qui traite les symptômes mais ne traite pas la cause : l’absence de stratégies ou méthodes d’apprentissage.

Je me suis rendu qu’on mettait l’accent sur la quantité de travail, mais on oubliait souvent l’importance de la méthode. Du moins, ce n’est pas tout à fait vrai ; tout le monde est d’accord pour dire que posséder une bonne méthode d’apprentissage est important, mais on ne fait rien pour et je pense qu’on ne mesure pas à quel point c’est crucial. Quand un enfant accumule les mauvaises notes dans une matière, on se dit soit qu’il ne travaille pas assez, soit qu’il n’est pas assez doué à coup de phrases clivantes comme “il n’est visiblement pas fait pour ça” ou “les études ne sont pas faites pour lui”.

L’enfant doué est un mythe. Si tu me lis depuis un moment, tu sais que c’est un de mes grands combats. Il y a certes des prédispositions et nous ne sommes pas tous égaux, mais les différences intrinsèques d’une personne à une autre ne sont pas très importantes. Un bon mix de travail et de méthode permet de les combler avec le temps. J’en suis intimement convaincu.

La Matrice de Sisyphe

création originale à partir du mythe de Sysiphe

Avec le recul, j’ai remarqué qu’il y avait 5 catégories d’élèves avec leurs problèmes propres. Et pas de bon remède sans bon diagnostic. Pour les aider à progresser en apprenant mieux, il faut parvenir à identifier à quelle catégorie ils appartiennent.

J’ai placé ces 5 catégories dans ce que j’appelle la matrice de Sisyphe, déterminée par deux axes : le niveau de travail d’une part et le niveau de méthode d’autre part.

La matrice de Sisyphe ® — Résigné, Sisyphéen, Paradoxal, Démotivé et Accompli

Le Sisyphéen - travail suffisant mais mauvaise méthode

Mon frère cadet a fait des études de médecine. Les premières années ont été très difficiles pour lui : il a redoublé à de nombreuses reprises, et pas que la P1 - cette première année réputée pour être très sélective et difficile. Comment se fait-il ? Lui qui bossait énormément et qui culpabilisait dès qu’il s’octroyait un moment de répit ou une soirée avec ses amis. En plus, il voyait certains de ses camarades travailler moins que lui et mieux réussir, ce qui n’était pas toujours facile à vivre. Mon frère travaillait avec acharnement sur ses fiches, il passait des heures et des heures à lire et à relire toutes ses fiches pour les apprendre dans les moindres détails. Et pourtant, les notes à ses examens n’étaient pas à la hauteur de l’énergie qu’il y mettait. Quelle frustration ! Mon frère avait le profil du sisyphéen : son travail acharné ne portait pas les fruits espérés, loin de là.

J’ai pris l’exemple de mon frère mais j’ai remarqué qu’il y avait surtout beaucoup de filles dans ce cas figure. Les filles de la génération des mères Wonder Women qui ont mis un point d’honneur à élever des bosseuses et des indépendantes qui devaient absolument être dans le total contrôle de leur vie et de leur avenir. Cela a eu pour conséquence d’en faire des perfectionnistes en puissance et malheureusement, stratégies d’apprentissage et perfectionnisme ne vont pas de paire. De plus, ces filles ont été peu éduquées dans la culture de la stratégie contrairement aux garçons qui grandissent avec les jeux vidéos, les jeux de société et les sports collectifs. Beaucoup d’études démontrent que les filles confrontées à un examen où le premier exercice de maths est délibérément très difficile s’acharnent beaucoup plus que les garçons qui n’hésitent pas à le sauter pour s’attaquer au reste. Sur ces types d’examens, les garçons ont de meilleures notes alors que la tendance est inverse quand le niveau de difficulté des exercices va crescendo. Beaucoup de jeunes adolescentes deviennent sisyphéennes pour ces deux raisons.

Le Paradoxal - bonne méthode mais travail insuffisant

Mon plus jeune frère illustre bien ce cas de figure quand il était au collège. Toute la famille disait de lui qu’il avait beaucoup de potentiel et pourtant les notes ne suivaient pas. Or, on sentait bien qu’il en avait sous la pédale. Il a toujours eu un esprit de contradiction et de remise en question extérieure qui lui ont permis de trouver lui-même des méthodes d’apprentissage adaptées et plutôt efficaces. Et bien sûr, on a fait l’erreur - moi le premier - de mettre ça sur le compte du talent et du don.

Finalement, mon frère ne faisait pas levier de ses méthodes d’apprentissage parce qu’il ne travaillait pas suffisamment. Pourtant, il était motivé quand il était plus jeune. Alors, pourquoi ne travaillait-il pas s’il était motivé et s’il avait acquis des stratégies d’apprentissage puissantes ?

Lui et moi étions fascinés par ces inventeurs extraordinaires comme les frères Wright ou Pasteur, ou encore ces physiciens révolutionnaires comme Newton et Einstein que notre père admirait. Nous avons cultivé le mythe du génie-né. Et nous pensions qu’un génie n’avait pas besoin de travailler, sinon il n’est était pas génial.

C’est le piège paralysant dans lequel était tombé mon frère totalement à son insu. En effet, s’il ne travaillait pas, il ne pouvait pas faire levier de son potentiel — autrement dit, son bagage de méthodes d’apprentissage. Et s’il se mettait à travailler, cela signifiait qu’il n’était pas l’enfant doué qu’il pensait être et qu’on disait de lui, puisqu’un génie n’a pas besoin de travailler.

Le Démotivé - bonne méthode mais travail insuffisant

Le démotivé est un cas proche du paradoxal sauf que la raison qui explique le peu de temps consacré à l’apprentissage est le manque de motivation. L’école est d’ailleurs une machine à broyer la motivation des élèves. On demande aux enfants de se passionner pour “l’apprentissage pour l’apprentissage” ou pour “le savoir pour le savoir”, ce qui est déjà très dur pour un adulte. Beaucoup d’enfants ne comprennent pas pourquoi il devraient passer du temps en dehors de l’école à faire des choses encore douloureuses et ennuyeuses comme les devoirs et les dissertations, et je les comprends.

Le Résigné - l’abandon sur tous les tableaux

L’élève résigné est souvent l’élève en difficulté scolaire. Ces enfants sont dégoûtés d’apprendre et ils pensent en être incapables. Ils font les frais de ce que Martin Seligman, psychologue de renom du XXème siècle, appelle “l’apprentissage de l’impuissance” (“Learned Helplessness”, en anglais). À force d’avoir l’impression de n’avoir aucune emprise sur la situation, les élèves se résignent à leur impuissance et en déduisent qu’ils ne parviendront pas à réussir à l’école, et plus généralement à appendre quoi que ce soit. Quelle tragédie !

Cette courte vidéo explique assez bien ce concept psychologique.

Mon deuxième frère a longtemps été dans cas de figure. Les études ont été une période extrêmement pénible pour lui et il a obtenu le brevet dans la douleur. Mes parents, moi-même et ma sœur avons essayé à de nombreuses reprises de l’aider à faire ses devoirs mais chaque séance était difficile ; mon frère ne supportait pas qu’on l’aide et il avait du mal à se concentrer. Chaque séance finissait toujours en engueulade et en frustration. Il a ensuite fallu à mon frère presque 10 ans pour se réconcilier avec l’apprentissage et les cours.

L’Accompli - bonne méthode et travail suffisant

Il est l’élève qui apprend efficacement et qui travaille suffisamment. C’est un cercle vertueux dans lequel ce dernier cultive le goût d’apprendre. Généralement, il a de bonnes notes à l’école pour peu qu’il soit motivé, et quand il a confiance en ses méthodes d’apprentissage, il passe juste le temps nécessaire à ses devoirs et à ses révisions.

La règle des 40/30/20/10

D’après mon expérience et mes observations, une classe d’élèves standard se répartit dans la matrice de Sisyphe selon ces proportions :

La règle des 40/30/20/10 — Matrice de Sisyphe

Je remarque 2 tendances importantes :

  • La majorité de la classe est dans le ventre mou (60% des élèves). Elle représente l’élève moyen (au sens statistique, et non au sens du jugement de valeur). Ce sont les élèves qui ont généralement des moyennes entre 10 et 13
  • Le pourcentage d’élèves n’ayant pas de bonnes méthodes d’apprentissage représente elle aussi une part importante (70%). C’est le problème majeur de l’école et de la culture de l’apprentissage issue du XXème siècle. On a cru que le savoir était roi et on a complètement négligé les méta-compétences comme les stratégies d’apprentissage

Le Mix Heureux de l’Élève Accompli

création originale à partir d’emoji, pixel art et du tableau anonyme sur le mythe de Sisyphe

L’élève accompli travaille suffisamment, mais pas trop, et il a acquis des méthodes et stratégies d’apprentissage et de travail qui lui permettent de progresser.

Une quantité de travail suffisante grâce à de la motivation, de la persévérance et de la confiance en soi …

Hormis un contexte familial compliqué, les élèves ne travaillent pas suffisamment pour trois raisons principales :

  • Ils manquent de motivation parce que, d’une part, ils voient les devoirs, les révisions et l’apprentissage en général comme une contrainte pénible et par ailleurs, ils ne voient pas l’utilité de ce qu’ils apprennent. À force d’apprendre 30 000 choses dans le vide, ils ne retiennent rien et tirent la conclusion que l’école ne sert à rien. Et ils en déduisent par extension qu’apprendre ne sert à rien. Quoi de plus logique dans le fond ? “Si je ne retiens rien de mes leçons et si en plus elles ne me servent à rien, alors à quoi me sert l’école ?”. Ne soyons pas non plus surpris qu’ils aient du mal à être motivés pour apprendre les leçons de l’école quand le reste du monde autour d’eux est cent fois plus ludique et plus intéressant
  • Ils manquent de confiance en eux. Si un enfant ne croît pas qu’il est capable d’apprendre de nouveaux concepts en maths, en littérature ou en art, alors il ne le fera pas. C’est aussi simple que ça et nous avons tendance à l’oublier
  • Ils manquent de persévérance, et même de foi en le travail. Ce thème est très connexe au précédent. Si les kids ne croient pas aux vertus du travail, s’ils ne sont pas convaincus que c’est le seul moyen de progresser et que le génie-né n’existe pas, alors ils ne travailleront pas

Une des causes majeures de la baisse de confiance en soi des enfants et de leur persévérance est due au fait que les parents et les professeurs contribuent à polariser leur conception du monde : les bons/les mauvais élèves, les doués/sous-doués, les créatifs/non créatifs, la bosse des maths / le cancre en maths, etc. Toutes ces bêtises qui font des ravages chez les enfants.

Il ne suffit pas de dire à l’enfant : “travaille davantage”, il est nécessaire de l’aider à retrouver foi en le travail, à regagner confiance en lui et à (re)trouver un peu de motivation. Alors, seulement, il se remettra progressivement à travailler.

Enfin, je rencontre beaucoup de parents qui ne comprennent pas pourquoi leurs enfants ne sont pas motivés et ils essaient alors de leur montrer combien l’école est un lieu magnifique et plein de richesses… Non, l’école n’est pas un lieu magnifique, l’école est aujourd’hui un lieu pénible, ennuyeux et mal conçu, qui souffre la comparaison avec les médias, les jeux vidéos, internet et tout autre source d’apprentissage. Il me semble nécessaire de le reconnaître auprès des enfants ne serait-ce que pour rester crédible et aussi pour faire preuve d’intelligence émotionnelle. Ensuite, on tentera de trouver avec eux des solutions pour rendre l’école moins désagréable et y trouver son compte de temps en temps. L’idéal étant d’atteindre ce que Tal Ben-Shahar, psychologue à Harvard, appelle “l’acte d’amour” : cela consiste à tomber amoureux de ce qu’on apprend à tel point qu’on ne voit pas le temps passé à lire, apprendre ou à faire des recherches.

… sans travail excessif et démesuré

Quand j’étais en classe préparatoire aux grandes écoles, je travaillais énormément : jusqu’à 1h du matin tous les jours environ. Plus le niveau de difficulté augmentait et plus je travaillais, et plus la quantité de travail augmentait et plus je travaillais. Je suis tombé dans un cercle vicieux infernal où le manque de sommeil nuisait à mon apprentissage et où je compensais le manque de progression par la quantité de travail et donc par un manque de sommeil. Personne ne m’a arrêté, personne ne m’a dit que “trop travailler” était possible.

Pourtant, une quantité de travail excessive et disproportionnée peut être le témoin de deux choses :

  • Un manque de confiance en ses méthodes d’apprentissage
  • Des méthodes d’apprentissage insuffisantes

Ainsi, je suis passé d’élève accompli à élève sisyphéen entre le lycée et la prépa. Mes méthodes de travail et d’apprentissage n’étaient pas au niveau de la quantité de travail attendue.

Si tes enfants ou tes élèves s’apprêtent à intégrer un programme difficile comme la prépa, ne lui dit pas qu’il va falloir qu’il travaille beaucoup mais plutôt qu’il va devoir se doter de méthodes d’apprentissage et de mémorisation puissantes. Ce que Michel Ferry explique très bien dans son intervention sur les techniques d’apprentissage lors d’un meetup Hack tes Kids.

Des méthodes d’apprentissage efficaces

Les neurosciences ont fait des progrès extraordinaires ces dernières années. Elles nous ont permis de comprendre comment notre cerveau fonctionnait et surtout de mettre en lumière ces fameuses lois naturelles de l’apprentissage.

Aujourd’hui, plus d’excuses pour ne pas les enseigner à la maison et à l’école.

Résumé des 4 secrets de l’élève accompli

L’élève accompli apprend efficacement et en profondeur parce qu’il :

  • Est motivé. Et ses motivations sont profondes. Quand j’ai emménagé au Liban à l’âge de 9 ans, je me suis soudainement mis à réviser et à travailler à l’école. Je le voyais comme ma porte de sortie de ce pays que je détestais. J’étais motivé parce que j’avais un objectif à atteindre que je m’étais moi-même fixé, ou presque. Il peut aussi s’agir d’objectifs à plus court terme. Si on faisait construire des voitures téléguidées aux kids, ils seraient motivés pour en apprendre un peu sur la mécanique ou l’électronique. Alors, pourquoi ne le fait-on pas ? Pourquoi leur demande-t-on encore et toujours de se passionner pour des formules scientifiques sans aucune finalité et autour de TP ennuyeux à mourir alors que la science peut être drôlement fun ? Il ne faut pas s’étonner après de la désertion des filières scientifiques post-baccalauréat
  • Connaît des méthodes d’apprentissage efficaces. Il les a généralement découvertes lui-même à force d’itération et d’expérimentation. Parfois, il a eu la chance de croiser un professeur insolite qui lui en a transmises quelques unes
  • A confiance en lui. Il sait qu’il peut y arriver et qu’il en capable
  • Est persévérant. Il ne va s’arrêter à la première difficulté et il a foi en le travail. Il sait que le travail finira par payer, un jour où l’autre, et que les résultats ne sont pas toujours immédiats

Apprentissage & Créativité

création originale à partir d’emojis

Un jour, j’ai découvert une étude importante appelée “The Creativity Crisis”. Elle démontre que non seulement les enfants sont de moins en moins créatifs en moyenne chaque année depuis 1990, mais qu’en plus, la créativité chez l’enfant chute drastiquement entre 3 et 10 ans. Ceci est confirmé par des études effectuées à très grande échelle par Sir Ken Robinson, l’expert en éducation et créativité qu’on ne présente plus.

Sir Ken Robinson

Or, le 20ème siècle était industriel mais le 21ème sera créatif. À l’ère industrielle, faire une erreur était réprimé à l’école, à la maison et dans l’entreprise. À l’ère entrepreneuriale et créative, faire des erreurs est nécessaire pour créer. J’ai donc fondé Hack tes Kids afin de sensibiliser à l’importance de l’apprentissage de la créativité chez les enfants.

Or, la créativité et l’apprentissage tissent un lien étroit et pour deux grandes raisons :

1. L’inspiration créative se nourrit d’apprentissages et de découvertes

La soif d’apprendre et la curiosité poussent à toujours se remettre en question et à bousculer ses croyances. Tout ce qu’on apprend et tout ce que les enfants apprennent sont les terreaux dans lesquels puiser consciemment ou inconsciemment pour être toujours plus créatif et plus original.

J’ai d’ailleurs remarqué que les enfants créatifs étaient très curieux et en apprentissage permanent. L’école ne les a généralement pas encore dégoûté d’apprendre.

Or, les élèves sisyphéens, paradoxaux et démotivés font souvent les frais d’un dégoût de l’apprentissage sur le long terme, les privant ainsi de la nourriture essentielle à leur créativité.

2. L’impulsion créative naît souvent d’un apprentissage bouleversant

Kaufman et Beghetto, deux chercheurs en science de la créativité du California State University of San Bernardino, ont théorisé le parcours créatif allant de l’étincelle créative (appelée mini-C) à laquelle nous sommes tous sujets quotidiennement jusqu’à la réalisation d’œuvres ou productions qui ont marqué l’histoire (appelée big-C).

Les 4C de la créativité — Kaufman et Beghetto (2009)

Ils ont remarqué 4 étapes créatives :

  • mini-C : il s’agit des premières ébauches ou idées créatives qui sont la transformation d’un apprentissage en idée ou en un produit créatif
  • little-C : il s’agit des premières itérations autour de ce mini-C suite à des retours extérieurs ou à de la prise de recul
  • pro-C : ce niveau correspond généralement aux professionnels de la créativité (agences créatives, artistes, etc.) qui sont dans un processus créatif récurrent et qui produisent des œuvres ou des idées plus ou moins impactantes
  • big-C : c’est le niveau ultime que les grands créatifs, qui ont marqué l’histoire et la culture, atteignent avec des dizaines d’année de travail et de pratique délibérée

Tous les enfants dégoûtés ou découragés par l’apprentissage à force d’efforts vains et sisyphéens se privent aussi de la nourriture créative et de découvertes qui pourraient bousculer leurs croyances.

À titre personnel, c’est la découverte des neurosciences et des sciences de la créativité qui m’ont bouleversées et qui m’ont poussé à fonder Hack tes Kids et le Pixclub.

Les Hacks de l’Élève Accompli

Hack = astuce à fort impact

Hacks d’apprentissage — création originale à base d’emojis et pixel art

Je te racontais précédemment combien mon frère cadet avait souffert au début de ses études de médecine et qu’il avait redoublé plusieurs années alors qu’il travaillait avec acharnement. Ce n’était pas une question de talent, il avait juste des mauvaises méthodes de travail qui lui faisaient perdre beaucoup de temps, d’énergie et de confiance en lui. Un jour, un événement a changé sa vie et surtout ses études : depuis, il étudie moins pour de meilleures résultats.

C’est l’objet de cet article : 10 Hacks pour apprendre aux enfants à apprendre.

Conclusion

La raison d’être d’un professeur particulier n’est pas de faire grimper les notes d’un point ou deux, elle doit être d’aider l’enfant à devenir autonome : grâce à des méthodes d’apprentissage efficaces, grâce à une meilleure connaissance de soi et grâce à un regain de confiance en soi et de motivation.

De plus, je suis convaincu que les méthodes et stratégies d’apprentissage doivent être enseignées tôt à l’école. Mais on ne va pas attendre que ce vieux mammouth veuille bien daigner faire un effort, n’est-ce pas ?

Je dédicace cet article à ma soeur et à mes 3 frères.

A propos de l’auteur, Nouhad Hamam
Je suis un hacker de créativité. La mission qui m’anime est de rendre les gens plus créatifs, et c’est l’objet de la newsletter bimensuelle des Kréatifs.
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Nouhad Hamam

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