Des inégalités dès 3 ans, grandes comme 30 millions de mots

Nouhad Hamam
Hack tes Kids
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3 min readJun 11, 2015

Un enfant de 3 ans dans une famille aisée a enregistré en moyenne 45 millions de mots depuis la naissance, contre 13 millions dans une famille d’un milieu défavorisé. Et on sait à quel point le développement de l’enfant est crucial à cet âge… Il s’agit du nombre de mots répétés et non du nombre de mots différents.

Voici une étude qui m’a saisi : elle est réalisée par l’AFT (American Federation of Teachers) et porte bien son nom : The Early Catastrophe.

Une catastrophe de 30 millions de mots

Un fossé de 30 millions de mots

Ce n’est pas tellement le nombre absolu (30M) qui compte, c’est ce ratio hallucinant de 3 entre le nombre de mots enregistrés par un enfant de 3 ans issu d’une famille aisée et celui d’un enfant issu d’une famille défavorisée. Si ça n’avait pas d’impact de long-terme sur l’enfant, cette étude n’aurait pas beaucoup d’intérêt, mais les chercheurs ont observé une corrélation en ce fossé à l’âge de 3 ans et l’écart dans les capacités d’expressions orale et écrite des enfants observé 6 ans plus tard (c’est-à-dire à l’âge de 9 ans).

Pire encore, l’étude montre de la même manière une inégalité abyssale dans le nombre d’encouragements et de remontrances reçues entre 0 et 3 ans (voir tableau ci-dessous). Un trop grand nombre de remontrances peut freiner l’enfant dans son exploration du monde, qui est son principal moteur d’apprentissage et de développement.

Les résultats de l’étude, résumés en un tableau

Malheureusement, l’étude ne parle ni des causes possibles, ni de solution…

Difficile de statuer sur les possibles causes racines, c’est sûr. Mais tout ça ressemble à un cercle vicieux éducatif et culturel, si vous voulez mon avis… Par ailleurs, cela ne sous-entend pas nécessairement que le retard n’est pas rattrapable par la suite. Il peut être également comblé par une garde d’enfant veillant à la diversité et la répétition du vocabulaire qu’il entend.

Quoiqu’il en soit, il y a des solutions pratiques, facile à mettre en oeuvre.

Comment réduire ces inégalités ?

  1. Déjà, prendre conscience de cette inégalité, tant dans la diversité des mots que dans leur nombre et leur répétition. C’est la base
  2. Parler aux bébés comme à des grands. Ce n’est pas parce qu’il ne comprennent pas (en apparence) qu’ils n’enregistrent pas
  3. Parler naturellement entre adultes à la maison devant les petits (avec son conjoint, ses amis, etc.). Même s’ils sont en train de jouer à côté, ils enregistrent tout
  4. Encourager et souligner toutes les petites victoires de l’enfant. Le laisser le plus libre possible (surtout dans les petits appartements) de circuler et de toucher, et éviter au maximum les “Non”, “Ne touche pas à ça”, “Ne monte pas sur ce tabouret”, “C’est pas bien”, etc.
  5. Lire une petite histoire à son enfant pendant 5 à 10 minutes tous les jours, même s’il est tout petit. Si on fait ça 5 fois par semaine pendant 3 ans, il aura entendu et enregistré entre 1,5 et 3 millions de mots supplémentaires au total

Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

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Nouhad Hamam
Hack tes Kids

Consultant et intervenant en créativité certifié, avec une vocation : rendre les entreprises et les personnes plus créatives. www.nouhadhamam.com