La quintessence du Hack

Fabrice Tranier
7 min readJan 17, 2016

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Tout commence par une rencontre, en 2014, au sein du plus célèbre accélérateur parisien, centre de la “startup culture à la française”. (Smart contexte pour lancer ce Medium ;-))

Lui sortait de son école de commerce qu’il avait hacké pour monter sa boite, déprimé de devoir reproduire un schéma, sur le déclin, d’élite à la Française. De mon coté, je reprenais le sentier de l’entrepreneuriat après l’avoir quitté, coupé en plein élan de réussite par la bulle internet et les investisseurs du début 2000. Lui était engagé dans l’entrepreneuriat social, symbôle d’une génération pour qui les causes sociales et sociétales sont le dernier rempart à la financiarisation du monde des 30 dernières années. Moi en quête de liberté, après quelques expériences de “manager salarié” en charge de faire respecter la performance hiérarchique, opérationnelle et technologique.

Nous débattions de l’écosystème startup entre ironie d’une jeunesse diplômée ne voulant plus se soumettre à l’étau des grandes organisations et admiration du génie de l’innovation à la sauce digitale. Nous sommes tous unanimes sur les nouveaux usages et la nouvelle “fucking expérience utilisateur” décuplés par les smartphones, les réseaux mondiaux, mais quand nous devons réfléchir à leurs impacts sur les relations humaines, le sujet prête à polémique. Tâchons de proposer ici une explication décomplexée de citations et de références en tout genre… Après tout, Medium se veut une nouvelle forme d’écriture épurée.

Aux prémices du digital, la technologie avait jailli de la Silicon Valley telle une source intarissable de nouveaux business, créatrice d’emplois et de nouvelles pratiques communautaires “rafraîchissantes” … 20 ans après, c’est une deuxième vague qui court depuis quelques temps. Cette vague, certains l’appellent “changement de civilisation”, d’autres encore “transformation numérique ou digitale”; dans tous les cas, 2016 montre qu’elle est admise en société , bouscule, remet tout en cause avec l’arrogance d’une croissance économique à deux chiffres en période de crise, l’imagination sans limite d’un enfant dans un monde vieillissant et l’engagement d’une communauté planétaire décidée à renverser le pouvoir politique sous toutes ces formes.

A l’école, en entreprise, dans la cité ou en famille, seul ou à plusieurs, l’incertitude de l’avenir a trouvé son radeau de l’espoir, une rupture en cours des systèmes à bout de souffle qu’il faut accélérer, une refonte des relations en dépassant les codes jusqu’alors admis : bref une transition amorcée vers le nouveau monde.

Revenons sur ce titre magique de l’article : “La quintessence du Hack”. Il fallait que cette rencontre n’aboutisse pas sur une énième discussion entre deux générations qui se retrouvent sur les constats mais qui n’arrivent pas à agir ensemble pour avancer dans le sens de l’histoire et propager cette nouvelle énergie fondatrice.

Le Hack — by nous

Nous avons choisi d’étendre le sens premier du terme, en souhaitant aller plus loin que les derniers hack connus : “Hack la mairie de Paris”, “Hack ta DRH”, … Même si ces évènements vont dans le bon sens, nous pensons qu’il faut ancrer le Hack dans une démarche continue. C’est un chemin libérateur de sens et source de bien-être collectif.

Le Hack, ce n’est pas ce qu’on apprend à l’école ni ce qu’on apprend en entreprise, c’est pourtant la seule façon de créer de la valeur dans un monde qui se transforme. C’est une nouvelle posture pour les leaders de demain, une culture, une conception ouverte portée par la “disruption” et la réinvention des usages, relations et outils.

Les principes sont simples :

1. Rassembler des personnes issues de différentes disciplines, milieux, transverses ou extérieurs à une organisation : la richesse humaine et l’envie de hacker n’a pas de frontière !

2. S’engager à innover/disrupter un sujet en mode co-création : la richesse des échanges sans relation de subordination provoque les idées les plus prometteuses !

3. Etre au plus près de ses bénéficiaires, de sa/ses communautés pour valider la réalité de son projet : engager à ses cotés d’autres individus pour renforcer son développement garantie la pertinence du Hack.

4. Utiliser les outils du digital pour contourner les barrières et décupler son hack : réseaux sociaux, médias, applications mobiles, growth hacking…

5. Mettre en oeuvre rapidement une nouvelle solution/activité créatrice de valeur qui puisse s’intégrer au système actuel (économique, politique, …) pour le modifier : accélérer la rupture de l’intérieur est plus efficace que de prêcher en plein désert.

Voilà pour les principes fondateurs que nous développerons dans d’autres articles au gré de notre expérience du Hack ;-) Le Hack est une voie pavée d’obstacles et de rebondissements mais qui trouve toujours un champ de transformation.

Mais qui doit-on hacker ?

Pour partager notre énergie et deployer massivement le Hack, nous avons organisé nos actions sur deux fronts :

Le Hack40 (profit)

Là, notre mission est de s’attaquer aux plus grandes organisations françaises, symbolisées par le CAC40, entreprises en mal d’acteurs du changement. Inutile de revenir sur le constat de 2015 : tous les dirigeants ont rangé leurs reliques de l’ancien temps et pressent leurs équipes de se transformer, recrutent de nouveaux experts, communiquent sur les réseaux (ou via leur community manager)=> MAIS ATTENTION ! on ne transforme plus seulement les outils à la marge mais bel et bien la culture, les principes et les valeurs de l’entreprise !

=> Des temps d’inspiration aux ateliers de mise en pratique, du mentoring pour coacher les leaders de demain aux programmes d’accélération, tout est activé pour libérer les énergies et créer de la valeur “long terme”. Nous ne sommes pas des gurus, au vu de nos principes, mais plutôt les hauts parleurs d’un mouvement qui agissait déjà en coulisse de manière dispersée.

=> A chaque cas auquel nous faisons face, nous imaginons un parcours dédié, car si tous les chemins mènent au Hack, les traumatismes des uns ne ressemblent pas forcement à l’histoire des autres. Notre mission est de transmettre le hack au plus grande nombre … avec le rêve, oui il faut rêver, d’organiser un jour, en France, la coupe du monde du Hack :-)

=> Le dernier de nos principes, présenté ci-dessus, est salvateur pour rassurer les derniers dirigeants récalcitrants. Nous ne cherchons pas les coupes franches et autres restructurations violentes, mais à créer autant d’indicateurs, de ROI à court terme qui permettrons à tous de regarder vers la même direction (ou du moins ceux qui veulent comprendre ;-))

Le Sentier (non profit)

Le Hack est devenu pour nous une conviction et plus largement une cause à propager.

Pour ceux qui ne connaitraient pas Le Sentier, c’est un quartier historique de Paris; il a vu naitre le premier écosystème de startup français avec le mouvement du Silicon Sentier, précurseur dans de nombreux sujets (premier coworking, premier accélérateur,…). C’est un quartier où cohabitent le secteur du textile, des lieux d’innovation ainsi que des espaces de travail pour jeunes pousses. Hors, depuis quelques temps, la forte diversité des acteurs et des projets rendent complexe l’intégration de nouveaux arrivants désireux d’entreprendre : une sorte d’effet de chapelle voire de cathédrale pour certains ;-). L’écosystème se professionnalise, c’est bien, mais perd à notre sens, les valeurs du début : ouverture, pédagogie et engagement à redonner à la communauté.

Nous avons donc créé une association avec un collectif d’entrepreneurs ayant trois objectifs à soutenir :

  1. Relier et valoriser l’écosystème d’innovation
  2. Propager l’entrepreneuriat (envie, culture, méthodes) dans la société
  3. Transformer le quartier en laboratoire à ciel ouvert

Ce terrain de jeu nous permet de hacker organisations publiques, écoles et engagement citoyen. Sujets profonds et révélateurs de la transformation en cours vers des villes “megalopoles”, nous avons la conviction qu’il faut aider à reconstruire les rôles entre citoyens et services publiques, se ré approprier des zones “contrôlées” par des accords de concession. La rue et les lieux publiques deviennent objet d’expérimentation et nous cherchons à tester des solutions concretes avec les mairies, ministères et tous les acteurs prêt à s’engager pour la “ville intelligente”.

Le système éducatif, qui peine à s’approprier les bouleversements en cours, est pour nous un autre terrain d’expression privilégié. Il permet de valider notre démarche de transmission. Pour nous les étudiants entreprennent et changent le monde (rien que ça !) et nous travaillons avec eux pour retisser des liens sociaux et tester de nouveaux formats de média.

Nous ne sommes pas seuls !

Le mouvement du Hack que nous avons amorcé est en pleine maturation. De nombreux entrepreneurs et experts rejoignent le mouvement soit au travers du collectif Hack40, soit de celui du Sentier. Certaines grandes organisations, que nous avons hacké, nous proposent même d’apporter leur soutien par d’autres moyens que financier.

Alors, je me devais de terminer cet article par un petit trait d’union entre mon contenu et toi cher lecteur.

La quintessence du Hack n’est en aucun cas une affaire d’élite qui pousserait un art abstrait jusqu’à un sommet où tous se prosterneraient. Non, la quintessence du Hack est une invitation proposant à tous de Hacker, de Hacker fort pour co construire une transition rapide de nos sociétés !

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Fabrice Tranier

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