Je suis chez moi, et je le reste ! — La vie sociale

Mélanie Lecca
Heetch
Published in
7 min readApr 14, 2020

Confinement, jour numéro… Numéro combien déjà ? 🤔 Boaf, après tout est-ce vraiment nécessaire de compter ?

C’est drôle, lorsque la sentence fut prononcée par Monsieur le Président, j’aurais presque dégainé un calendrier pour marquer fièrement d’une croix rouge chaque jour révolu telle une victoire sur le temps, sur l’ennui et sur la mise entre parenthèses forcée de ma vie sociale.

Et puis, les jours passant, j’ai commencé à relativiser. Je ne suis pas seule — bon, OK, je vis de nouveau sous le toît de Papa et Maman comme au bon vieux temps de l’adolescence, mais au moins, je leur épargne mes crises identitaires (je crois ?) et je mange dans la meilleure cantine du monde (gratos). Je pensais subir l’ennui et finalement, je regretterais presque de ne pas goûter au plaisir de ne rien faire. Je m’insurgeais en imaginant tous ces week-end privée de sorties entre amis, et je me suis soudainement souvenue que campagne profonde et connexion à ADSL (j’ai failli écrire fibre mais il ne faut pas déconner non plus) n’étaient pas incompatibles. Bah oui, comment j’aurais fait pour envoyer des wizz sur MSN sinon ?

Bref, j’ai décidé de positiver. Et au final, je m’aperçois que ma vie sociale ne se porte pas si mal, aussi confinée soit-elle. Allez, c’est parti pour un top 5 des phrases à se répéter pour vaincre les prémices de la DdC — Dépression des Confinés, un acronyme que j’ai complètement inventé pour crédibiliser les vertus thérapeutiques de cet article.

#1 Je ne suis plus en retard en soirée — ni nul part d’ailleurs.

Si vous aussi vous êtes du genre à lâcher un “Non mais quelle plaie ces bouchons !” alors que vous n’avez même pas commandé votre Heetch 😏, vous pouvez laisser la culpabilité de vos mensonges au placard. N’est-ce pas formidable de se sentir si léger, au sens propre comme au sens figuré ?

Perso, je gagne un temps fou désormais car, partout où je vais - ou plutôt me connecte -, je viens comme je suis. C’est-à-dire très souvent en jogging. Sans bijoux. Sans maquillage. D’accord, se réjouir de ne plus avoir à se pimper peut paraître très superficiel, mais primo : c’est assumé ; et secundo : c’est quand même un sacré gain de temps.

“Pas sûr que le processus d’identification soit universel avec cet argument”, me soufflerait Freud (Freud pour légitimer mes propos, c’est bien ça !). No problemo poto : j’en ai d’autres en stock pour chaque éternel retardataire :

  • Vous ne serez pas en retard si votre réveil sonne à 9h29 pour une réunion à 9h30. Ou alors vous êtes clairement au-dessus du game.
  • Nos confrères de la mobilité n’ont plus les oreilles qui sifflent depuis que vous ne rencontrez plus aucune panne de signalisation et autres désagréments.
  • Vous n’avez plus à subir le regard noir de vos amis lorsque vous vous pointez comme une fleur à 23h11. “Mélanie, on avait dit 20h00 au resto.” Ah ?
  • Et enfin, même si vous n’êtes pas du genre à perdre du temps dans votre salle de bain d’habitude, vous pouvez vous aussi porter un jogging, un sarouel, un oreiller (véridique), un pyjama troué ou que sais-je. Et pour celles et ceux qui se plient quotidiennement à des règles vestimentaires strictes, c’est quand même un sacré privilège.

#2 Je ne cours plus dans tous les sens. A la place, je fais des trucs cool.

Ben oui, même si j’ai quitté mon petit appartement parisien, aller de ma chambre à mon salon ne requiert pas 3 changements en passant par Châtelet. L’avantage, c’est que je peux mettre mon énergie au profit d’autres activités : je cuisine par exemple. Et je ne suis sûrement pas la seule qui rêve de Maïté la nuit au vu du nombre de cassoulets/couscous/poulets aux olives provençales et citrons confits/gâteaux au choco supplément chantilly maison que je vois quotidiennement défiler sur Insta. C’est bien les amis, cuisinons pour rentabiliser cette magnifique mandoline qui dormait sagement au placard depuis un achat beaucoup trop compulsif devant Top Chef.

En parlant de placard, avez-vous rangé les vôtres ? Ménage de confinement is the new ménage de printemps. C’est aussi un truc cool à faire en soit si comme moi vous avez une chance de tomber sur quelques pépites : la collection Pimkie printemps/été 2006, entre autres. A défaut de pouvoir voyager… Un petit voyage dans le temps placé sous le signe de la nostalgie (ou de la honte, dans mon cas) vous fera le plus grand bien.

Et sinon, même si on peut brûler quelques calories en repliant ses plus beaux jeans Kaporal, un peu d’activité sportive sera toujours bienvenue. Ne pas courir partout, certes, mais courir un peu quand même (dédicace à tous ceux qui se sont découverts une âme de marathoniens depuis l’annonce du confinement). Exit les “Flemme d’aller à la salle”, vous pouvez faire du sport chez vous via YouTube, Instagram, Gym Direct et compagnie. Et c’est quand même une sage décision si l’espérance de vie de vos gâteaux au chocolat ne dépasse pas le seuil des 59 minutes.

#3 La magie des internets opère.

Que ce soit pour un cours d’abdos à faire cuire des merguez dessus, ou pour trouver une idée d’accompagnement des dites merguez, tout se fait en ligne. L’entretien de sa vie sociale inclus. Je n’ai plus le plaisir de sauter dans les bras de mes amis, c’est vrai, mais j’ai mieux : la possibilité de voir Julia, Pierre et Sophie, Léo puis Valentine dans la même soirée sans avoir à traverser la ville. On ne passe plus des heures à s’accorder sur un resto. A la place, on choisit l’appli via laquelle se retrouver : la classique Whatsapp, Messenger, Instagram, Snapchat la survivor ou encore HouseParty pour les plus trendy.

Au final, je suis cloitrée entre — 4 murs eux-mêmes cloîtrés entre 4 champs — , mais je n’ai jamais autant cultivé le don d’ubiquité.

Astuce bonus pour les célibs : vos apps préférées disposent d’une fonctionnalité géolocalisation qui vous permet d’élargir le périmètre de coeurs confinés à prendre autour de vous. Il suffit de pousser le curseur qui définit les kilomètres de distance. Pratique si vous souhaitez ratisser large, campagne oblige.

#4 Ce confinement est un retour aux fondements de la vie sociale.

Je ne sais pas vous, mais j’ai l’impression que mes échanges par écrans interposés sont de meilleure qualité. On demande comment ça va ? parce qu’on s’en soucie vraiment et plus par simple formalité, on est attentif à ce que les autres nous racontent, on a des discussions plus profondes, et surtout : on s’écoute. En somme on ne passe pas du temps ensemble pour de vrai, mais on passe du vrai bon temps ensemble.

Et d’ailleurs, pour ceux qui comme moi ne sont pas confinés seuls, c’est aussi le moment de profiter de votre entourage. On n’a pas tous la même vie de confinement : il y a les chanceux qui vivent les plus longues vacances de leur vie entre potes, ceux qui se tiennent à carreaux chez leurs beaux-parents, les amoureux inséparables qui auraient parfois envie de faire cage à part… Quoiqu’il en soit, si vous avez la chance d’être entourés, profitez-en ! Au fond, on a peut-être l’impression d’être privé de vie sociale, mais c’est tout l’inverse qui se produit.

#5 Je cultive ma vie intérieure.

Vous êtes seuls et vos proches ne sont pas connectés H24 pour participer aux apéros virtuels que vous lancez midi et soir sur HouseParty ? Pas de panique : il y a quelqu’un tout près de vous qui ne respecte pas vraiment les règles de distanciation sociale d’ailleurs, mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Mais siii, cherchez bien ! Vous l’avez..? Votre MOI pardi !, vous souffle le bon vieux Sigmund (il est encore là lui ?).

A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Même si je ne suis pas seule, depuis le début du confinement, je me parle à moi-même. J’ai le sentiment d’avoir une vie intérieure beaucoup plus riche. Et surtout, je m’écoute pour assouvir mes envies : de lire des livres stylés, d’écouter des podcasts qui font du bien au moral, des fables lues par Fabrice Luchini, et même l’album de Tragédie qui dormait au placard sous la pile de jeans Kaporal. Bon, pas sûre que Tragédie enrichisse vraiment ma vie intérieure dans l’absolu, mais il y a 1001 façons de nourrir son esprit pendant cette période. Un peu de gymnastique intellectuelle en complément des squats quoi. Non seulement vous ne verrez pas le temps passer, mais en plus vous sortirez sous votre meilleur jour lorsque vous retrouverez la quand même très attendue “vraie” vie sociale. Peut-être même avec davantage de ponctualité, qui sait.

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Et n’oubliez pas, pendant la crise #JeResteChezMoi

Mélanie Project Manager @ Heetch

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