Où va Norman ?

vincent d'internet
hello les gens,
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14 min readDec 9, 2020

Le second spectacle de Norman est disponible sur Amazon Prime depuis le 4 décembre. Son nom : “Le spectacle de la maturité”. Je me suis dit que c’était l’occasion idéale pour essayer d’y chercher quelques réponses à des questions que j’avais sur l’étrange carrière de l’homme aux 12 millions d’abonnés.

“Le spectacle de la maturité” (disponible sur Amazon Prime)

[Ça devient une habitude, un petit warning : Le spectacle de Norman ne m’a pas plu, mais j’ai tout de même essayé de comprendre pourquoi ses textes ne fonctionnent pas pour moi, en faisant de mon mieux pour éviter les critiques gratuites et trop premier degré. J’espère que vous trouverez ce post intéressant !]

Le spectacle de Norman m’a fait rire. Pendant quelques minutes du moins. En guise d’introduction, on assiste en effet à une escarmouche plutôt amusante dans la loge de Norman, en pleine prise de bec avec Jérôme Commandeur, chargé de le roaster. “Elle a deux trucs dans la tête toute la journée : toi et Peppa Pig”, lance ce dernier, en parlant de sa nièce, qu’il accompagne au spectacle. “Dans la salle il n’y a pas que des enfants, il y a des adultes aussi, répond Norman, d’ailleurs le spectacle s’appelle “Le spectacle de la maturité.” On a passé un step depuis le dernier.” Une façon, pour Norman, de jouer avec son image, celle d’un humoriste qui ne parlerait qu’aux enfants.

A l’époque de son premier spectacle en effet, en 2015, Télérama posait déjà le sujet sur la table dans un portrait consacré au vidéaste : “Avec ce spectacle, Norman arrivera-t-il, comme il l’espère, à se faire de nouveaux potos… adultes ?” Au Monde, quelques mois plus tard, Norman affirmait que son public était à “60 % composé de jeunes de 18–34 ans” et que Kader Aoun, son producteur, l’a aidé à “contrer cette image “Club Dorothée””. Dans son premier spectacle, Norman faisait notamment référence au site pornographique Jacquie et Michel. Une blague que je pensais être, à tort, un clin d’œil à un public plus mature. En réalité, c’était bien les ados qui rigolaient le plus dans la salle le jour où j’étais allé le voir.

Dans une interview donnée il y a quelques jours à 20 Minutes, Norman montre qu’il n’a pas encore réussi ce virage quand il affiche à nouveau sa volonté de se détacher des YouTubeurs aux “sketchs très “bébé”, volontairement Bisounours” :

“Je fais tout pour montrer aux gens que contrairement à YouTube qui est vraiment un aspirateur à ados, j’essaye de tendre la couverture vers quelque chose de plus adulte. J’ai fait une vidéo sur être parent, une autre sur les livres. Ce n’est pas grand-chose mais j’essaye de vieillir légèrement l’audience. C’est un truc que l’on comprend seulement quand on est sur scène.”

J’ai pourtant régulièrement eu le sentiment, en regardant ce spectacle co-écrit par Kader Aoun et avec l’aide amicale de Mathieu Madenian, d’assister à la chronique d’un humoristique quadragénaire sur une radio généraliste. Railler la transformation de la langue française par Aya Nakamura, typiquement, est largement associé à la figure du “boomer” (une facilité dans laquelle est aussi tombé Kev Adams, autre humoriste en quête de maturité).

Alors oui, Norman consacre une large partie de son spectacle à des thématiques bien ancrés dans sa génération : la parentalité, le couple, les chats, internet, les enfants, les voyages… Mais tout défilait à une vitesse folle, l’empêchant de tirer la ficelle d’une idée et d’en extraire une matière intéressante.

Et puis surtout, Norman n’est pas un trentenaire comme un autre, ses préoccupations sont, par définition, différentes de celles de ses collègues du Paname, la salle de stand-up où il a rodé son spectacle. Au bout de quelques minutes à peine sur scène, il évoque sans détour son nouveau train de vie : son logement dans Le Marais (l’occasion d’une étrange blague sur la boutique “La Maison du chou”, à ne pas confondre selon lui avec “La Maison du fist”), sa femme de ménage (“hyper chère, parce qu’elle est française”) et sa passion pour Uber Eats et Uber, “ce moyen de locomotion maghrébin… Oh appelons un chat un chat.”

En l’écoutant parler célébrité, j’ai repensé à cette époque où je partageais joyeusement ses vidéos sur Facebook. Un temps où les “XD” relevaient encore du premier degré. Norman avait les mêmes sujets de discussion que moi : les cours, l’absence de goût vestimentaire, la virilité (ou plutôt son absence). Mais désormais, comment pourrais-je être touché par ses embrouilles avec sa femme de ménage ou ses “blagues” sur les chauffeurs de VTC ? Sa vie de star du web est évidemment un sujet intéressant, mais j’aurais préféré qu’il en parle pour démonter avec humour certains clichés médiatiques ou se confier sur les rivalités et les angoisses du milieu. Je n’attendais pas de lui qu’il parle dans un spectacle humoristique du mouvement BalanceTonYouTubeur*, mais il y avait pour moi bien plus à faire que de parler de ses difficultés à comprendre son comptable.

Son discours devient encore plus déroutant quand il s’attaque aux réseaux sociaux. Instagram ? Un endroit où tout le monde s’invente une autre vie, y compris sa cousine Chloé, 32 abonnés. “Elle fait ce fameux truc en story : “Posez moi vos questions.” Qu’est-ce que tu veux qu’on lui pose comme question ? C’est comme si t’avait un mec inconnu, dans le métro, qui faisait à toute la rame : “Est-ce qu’il y a des questions ?”” Il prend aussi l’exemple de l’infâme Dan Bilzerian, cliché viriliste plein aux as, fan d’armes toujours accompagné de jeunes femmes en bikini. “Il a un flingue dans une main, un jet ski dans l’autre. Toi, t’es chez oit devant tes pâtes au beurre. En pyjamas. Tu te dis : Peut-être j’ai raté un truc, ouais. Et c’est peut-être ma vie.” Après une petite pique envoyées aux soeurs Kardashian (qu’il estime être à l’origine de la mode des “gros culs”), il tacle les femmes “qui postent une photo pour montrer leur boule, et qui font style de parler d’autre chose : “Ce paysage, c’est magnifique !”” Sur le même sujet, Panayotis Pascot va plutôt de son côté se moquer de lui-même, des hommes, plutôt que des femmes qui n’ont pas à se justifier de ce qu’elles font avec leur corps.

Tous les passages du spectacle de Norman n’ont sûrement pas vocation à raconter quelque chose sur sa vision profonde de la société. C’est un spectacle, un divertissement. Et pourtant, même en surface, le discours du YouTubeur sur les réseaux sociaux et les influenceurs est décevant.

Car s’il critique sur scène un système qui le met visiblement mal à l’aise, il en fait aussi partie. Sur ses réseaux, la star alimente à sa façon les fantasmes autour de la vie d’influenceur (un mot qu’il “déteste”): les partenariats, les unboxing de produits de luxe, les voyages, etc. On retrouve tout ça sur son compte Instagram. Norman veut paraître “normal”, mais comment le rester quand on a 12 millions d’abonnés ? Alors oui, il se filme aussi en train de faire des pâtes… mais parfois, c’est dans le cadre d’un partenariat avec Giovanni Rana.

Il joue bien sûr la carte la provocation, souvent facile, pour aller dans le sens du public qu’il vise. C’est dommage, pourtant, de ne pas le voir plus nuancé, comme il l’a été au micro de 20 Minutes :

“C’est un terme que je n’ai jamais trop aimé et j’ai toujours essayé de m’en distancer le plus possible alors que je joue quand même ce rôle, confesse-t-il à propos du mot “influenceur”. J’ai toujours vécu de la publicité sur Internet parce que ça marche comme ça, et en même temps, j’ai toujours fait très attention à ne pas être une tête de gondole et ne pas parler de ma vie privée non-stop. J’essaye d’exister en tant qu’artiste avant tout.”

Si on peut dire sans hésiter que sa vie privée occupe tout de même une place très importante dans son storytelling numérique, c’est sa dernière phrase qui a particulièrement retenu mon attention. Parce qu’elle montre à quel point Norman est tiraillé. Entre deux modes de vie on l’a vu. Mais aussi entre deux façons d’envisager la création, et ça se sent quand il évoque sur scène des contenus clickbaits, ou pièges à clics, sur lesquels ont est “obligé de cliquer”. Dans une interview à Télé Loisirs, donnée en marge de la sortie de son spectacle, il disait notamment ceci :

“Mon but, c’est pas de créer du clic, de créer du like. Je bataille entre l’attrape-clics et ma volonté d’être un artiste à part entière, pas trop vendu. Je jongle un petit peu entre les deux : si jamais je m’enferme dans mes créations sans penser à l’audience, je vais faire un truc qui parle à de moins en moins de gens.”

Sur sa chaîne, en effet, le numéro d’équilibriste est permanent : Norman oscille entre une vidéo de dégustation (très à la mode sur YouTube) et une autre sur les livres (qui, selon lui, a moins intéressé son public). En début d’année, légèrement déçu par le nombre de vues accumulées jusque-là par sa vidéo sur les années 2000, il en changeait la vignette. “J’ai vraiment fait la méthode 2020, on en a plus rien à foutre de la sobriété, expliquait-il en story. J’ai changé la miniature pour mettre une miniature avec deux énormes strings. Et que se passe-t-il au bout d’une minute ? […] Tout de suite les vues grimpent. Voilà à quoi ressemble l’être humain.” Le vidéaste pensait peut-être avoir dénoncé les méthodes de clickbait, alors qu’en réalité, il les embrassait pleinement.

Auparavant, il fallait d’abord convaincre des producteurs, des impresarios et des médias pour trouver son public, gagner de l’argent. Aujourd’hui, avec internet, c’est presque l’inverse, et JulienBeats l’a prouvé encore très récemment : le public transforme des inconnus en stars du jour au lendemain, tout dépend de leur clics. Et c’est une bonne nouvelle en un sens, puisque l’on peut désormais devenir célèbre sans dépendre d’un réseau ou de contacts.

Norman lui, a la communauté, il a les contacts, il a l’argent. Ce qui lui manque pour se sentir “artiste” à part entière, j’ai l’impression, c’est la fameuse légitimité, l’adoubement des gardiens ancestraux de la culture mainstream.

Dès lors qu’il s’aventure sur un medium plus traditionnel, la légitimité du YouTubeur est bien souvent remise en cause par les figures tutélaires de ces mêmes médias. Récemment, Frédéric Beigbeder s’est lancé dans un éditorial ridicule pour tenter de dézinguer Léna Situations, qui venait de sortir son premier livre. Squeezie, sur la scène des NRJ Music Awards, a sous-entendu lui-même sur une pancarte qu’il n’était pas un artiste. Il a aussi parlé de “hold-up” quand il a remporté le prix de la Révélation de l’année. Je ne saurais trop vous recommander à ce sujet la vidéo de Kronomuzik sur la légitimité du YouTubeur devenu rappeur.

Beaucoup de YouTubeurs diront qu’ils n’ont besoin de personne pour tracer leur route, et sur le papier, c’est vrai : la puissance économique et culturelle de YouTube n’est plus à démontrer. Mais dans les faits, beaucoup ressentent encore le besoin d’être reconnu dans les univers avec lesquels ils ont grandi. Le père de Norman est directeur d’une école de cinéma et sa sœur agent : il a baigné très tôt dans le milieu culturel et dans ses codes. Logique, donc, qu’il ait envie d’y trouver sa place. Quand Le Monde à l’Envers ou McFly et Carlito ont leur soirée spéciale sur TMC, c’est un événement.

A mon sens, un créateur comme Cyprien a trouvé un équilibre intéressant en démultipliant ses projets. Sa chaîne YouTube agit comme une clef de voûte, un bloc inamovible où le cœur de son audience continue à trouver ses formats de sketchs préférés. Mais à côté, il créé des aventures audios, des bandes-dessinés, une émission Twitch, et élargit peu à peu son public. Mister V, qui a aussi dû lutter pour sa légitimité, a réussi son passage dans le rap sans pour autant arrêter ses vidéos YouTube et ses sketchs en story Instagram.

Norman, lui, a eu le malheur de connaître une première expérience très douloureuse au cinéma : Pas très normales activités, où il tient le rôle-titre en 2013, est un échec. “C’est ça qui est bien avec vous les YouTubeurs : personne vous propose de rôle au cinéma, vous vous en foutez vous tournez quand même”, lui lance aujourd’hui Jérôme Commandeur au début du spectacle. “Mon chat est plus bankable que moi, lance Norman quelques minutes plus tard. Les gens le préfèrent !” Ses passages télé sont aussi très mitigés, avec un épisode intéressant dans 10 pour cent mais un échec de Presque Adulte, où il partageait l’affiche avec Cyprien et Natoo. On peut aussi se demander comment Norman est perçu dans le milieu du stand-up, où les places sont chères et les désillusions nombreuses.

Norman veut être un considéré comme un artiste, mais le poids de YouTube semble peser encore bien lourd sur ses épaules.

Lors de ses premiers rodages au Paname, j’avais vu Norman monter sur scène lors d’un plateau. Kader Aoun, son producteur et patron des lieux, l’observait derrière le rideau. Une phrase m’avait interpellé à l’époque. Une phrase qu’il a ressorti sur scène : “Bon maintenant, une blague sur les Noirs.” La suite, “du second degré” dit-il, implique une serveuse noire appelée Kirikou, que l’humoriste confond avec une autre. “Je suis passé pour un Nazi beauf ! On a beau dire, quand on est blanc, on n’a pas le droit à l’erreur, au moindre dérapage.”

Emerge alors la figure du Norman “subversif”. Ou du moins qui essaie de l’être. Cette figure, on l’avait déjà vu apparaître dans une vidéo appelée “Terrain Miné”, sortie en juin 2018. Un sketch où le vidéaste disait, là encore sous couvert de dérision, que les réseaux sociaux étaient devenus un terrain dangereux pour l’humour et la satire. “Religion, ethnie, homosexualité, féminisme, politique… Ces sujets sont très sensibles. Vaut mieux pas s’y aventurer”, lançait-il, déguisé en soldat.

A l’époque, la vidéo avait créé un débat sur ces mêmes réseaux. Une personne de l’entourage de Norman m’avait appelé pour le défendre et me convaincre que, justement, ce “badbuzz” démontrait par A+B la justesse de son propos. Pour ma part, j’étais surtout étonné de voir un créateur, qui jusque-là réalisait des contenus très lisses (il s’en amuse dans “Terrain miné” justement), estimer soudainement qu’on ne pouvait “plus rien dire” sur internet. Surtout quand on sait que le concept de blackface, qu’il mentionne directement, a justement pu émerger grâce aux militants noirs qui, après avoir été privés de place sur les médias “classiques”, pouvaient enfin s’exprimer sur les réseaux sociaux. A l’époque, je me disais les réactions l’avaient marqué et avaient nourri sa réflexion sur ces sujets sensibles. Ce nouveau spectacle m’intéressait aussi à cet égard.

“L’audience n’est pas tout à fait la même sur YouTube et sur scène, ce qui fait qu’il y a plein de trucs que je ne peux pas aborder sur YouTube, explique-t-il à 20 Minutes. Ça peut être censuré ou ça va créer des polémiques, des clashs, ça va bider. Sur scène, je m’en fiche. […] Le but, ce n’est pas d’être un humoriste ultra-corrosif qui provoque à tire-larigot, mais c’est vrai que je peux plus me lâcher.”

Les minutes passaient, je guettais les moments de libertés qu’il affirmait trouver sur scène. Et puis, il y a eu une blague sur la dyslexie. Avait-on encore besoin en 2020 d’une énième blague sur un trouble comme la dyslexie ? Surtout quand celle-ci remonte à 2013 ?

Le spectacle en est devenu consternant à l’évocation de James Bond. Après avoir parlé quelques minutes du privilège blanc, et de la culpabilité blanche, Norman évoque “la dernière connerie qu’ils ont trouvé pour essayer de lutter contre le racisme” :

“Le prochain personnage de James Bond, Agent 007, sera incarné par une femme renoi, lance-t-il. Est-ce qu’on est pas en train d’aller trop loin dans la lutte contre le racisme ? My name is Bond. Fatoumata Bond. Non, ca va pas du tout. Je suis pas d’accord, ok ? James Bond, c’est un personnage, on l’aime comme ça, vous l’aimez comme ça. On peut pas le changer du jour au lendemain pour un quota.”

Lashana Lynch, qui incarne effectivement l’agent supposée prendre la relève de Bond après le prochain opus, a raconté avoir supprimé ses réseaux sociaux à cause du harcèlement subi depuis longtemps par des internautes lui refusant ce rôle. “On a un vrai travail à mettre en place, on a des conversations franches à avoir”, disait-elle à Harper’s Bazaar UK, à une époque où les enjeux de représentation sont plus importants que jamais. Il me semble que sa prise de parole est survenue quelques jours après l’enregistrement du spectacle de Norman. Qu’importe : il voulait être subversif, il en devient réac.

https://www.instagram.com/p/CHLWQazMA8q/

Après avoir suggéré Thierry Lhermitte pour le rôle titre de Michael Jordan dans un biopic à sa gloire, il embraye sur #BlackLivesMatter. Parce qu’il “fait des vidéos sur les toilettes et les moustiques”, il estime ne pas se sentir légitime à parler de racisme. “Si une fois j’ai mis le carré noir sur Insta, raconte-t-il, avant de plaisanter : Ouais, je prends des risques.”

Et s’il a également pris la parole sur la situation dramatique pour les Ouïghours enfermés en Chine, en postant le fameux carré bleu sur Instagram, Norman reste là encore en surface de sujets pourtant essentiels pour de nombreux jeunes, que l’on voit manifester dans les rues comme sur Tik Tok.

Norman se sent plus libre sur scène, c’est un fait. Mais en voulant surjouer la carte de la maturité, et en s’entourant d’auteurs très (trop) installés dans le milieu, il passe selon moi à côté d’une opportunité de franchir un nouveau cap. Hier il faisait rire les ados. Aujourd’hui il fera peut-être rire aussi leurs parents. Mais il se retrouve piégé entre deux âgés, et rate, j’en ai peur, le coche de sa génération et des sujets qui les touchent véritablement.

[Un grand merci à M. et J. pour leur relecture et leurs précieux conseils]

*Norman, à ma connaissance, n’a jamais abordé officiellement le sujet de BalanceTonYouTubeur. Au Canada, une jeune femme a pris la parole pour expliquer qu’une procédure à son encontre est en cours. Dans ses témoignages, elle explique avoir eu une relation par messages interposés avec lui, et évoque des envois de nudes alors qu’elle était encore mineure. J’updaterai ce post si de nouvelles infos sont rendues publiques à ce sujet.

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