L’école de l’égalité débarque dans les établissements
Le répertoire d’activités pour une pédagogie égalitaire entre filles et garçons démarre sa diffusion dans les écoles romandes. Un défi relevé avec brio qui régénère.
La diffusion des cinq brochures de L’école de l’égalité, destinées aux élèves de la 1re à la 11e HarmoS, apparaît dans une concaténation parfaite: #MeToo, la discussion de l’égalité salariale au niveau parlementaire, la grève des femmes du 14 juin. Qui aurait cru que ce projet tentaculaire, né il y a cinq ans d’une volonté de la Conférence romande des Bureaux de l’égalité, accompagné par sept départements cantonaux de l’instruction publique et de nombreuses personnes actives dans la recherche et l’enseignement allait voir le jour et arriver à un moment où des ados sont dans la rue pour crier l’urgence de changements dans notre société? Il y a cinq ans, il fallait y croire et tenir bon surtout tenir bon face aux nombreux obstacles et critiques. Mais, voilà, c’est fait: les 5 × 250 pages d’activités sont là, sous la main pour oser accompagner un changement effectif en matière d’éducation à l’égalité.
Un défi au service d’une intelligence collective
Les mots échanges, interrogations, constructions, déconstructions, apparaissent au fil des brochures, non seulement pour servir la réflexion concernant l’égalité hommes-femmes, mais au fond pour interroger les identités de tout un chacun. Des slogans égalitaires, cités dans une des activités de français, tels que «Les garçons aussi racontent des trucs à leur peluche», sonnent comme une tendre invitation à être autrement dans son réel, dans son imaginaire et sa vie affective.
Du travail sur les identités, on passe au travail sur le collectif. Quand le corps est présent dans le collectif, comme au cours de gym, la différenciation sexuée devient souvent embarrassante. À ce moment-là, ce sont souvent les sirènes envoûtantes des stéréotypes qui se mettent en marche. Les activités physiques proposées, aux visées égalitaires, mettent en avant le travail de l’équipe et l’organisation de celle-ci. Coopérer, ou devenir stratège ensemble, semble léger et donne simplement envie d’essayer. Outre la sensibilisation à des dynamiques de vie collective moins individualistes, plus ouvertes, les nombreuses activités décrites permettent également une observation de notre environnement, toujours au travers du prisme de l’égalité. La question de qui fait quoi chez les animaux replace tout un chacun dans une continuité à la planète, elle aussi méritant un regard différent.
Et d’adultes désireux d’émerveillement
Parler des amours du panda et du choix chez l’aigle royal de son partenaire, fait sourire, ou du moins rêver, à tout âge. Oui, les adultes, investissant le rôle d’enseignant, ont besoin, pour transmettre leur savoir, de pouvoir rêver, s’émerveiller de la beauté de notre diversité. Ils ont encore besoin de croire qu’ils peuvent changer encore et changer aussi le monde de par leurs actions pédagogiques quotidiennes. La source d’inspiration, accessible par les cinq brochures, est digne de refléter la complexité de notre nature humaine et environnementale. Les visées égalitaires, ainsi abordées, promettent le plaisir d’un paysage qui s’offre à notre regard.
Les brochures sont téléchargeables sur le site www.egalite.ch
Luisa Campanile
Illustrations: KO Design
