La validation mutuelle des compétences, entre enseignement mutuel et arbres de connaissances

L’enseignement est un métier de paradoxes. Comme le disait Rousseau, « L’enfant doit faire ce qu’il veut, mais ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse ». Parce qu’apprendre est un acte personnel qui se réalise collectivement ; par la construction de connaissances sans devoir tout découvrir ; par des manipulations du réel qui doivent être conceptualisées. Surtout, et c’est peut-être le plus difficile pour l’enseignant, il faut composer entre forme scolaire et dynamique de classe, entre instruction et éducation.

Équipe HEP Vaud
Trait d’union HEP Vaud
3 min readMar 12, 2020

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Les nombreuses innovations pédagogiques actuelles cherchent à transcender cette opposition, souvent avec des apports technologiques, mais toujours en remettant l’apprenant au centre des préoccupations, par sa mise en action en questionnant la relation pédagogique. C’est le cas notamment des classes inversées, voir renversées et de la validation mutuelle des compétences. Pour cette dernière, dont nous allons préciser certains fondements, l’objectif n’est autre que de donner un système relativement auto-organisé qui permette aux élèves de prendre en main leurs apprentissages tout en respectant le cadre institutionnel. L’enseignant est gentiment invité à faire un pas de côté.

La validation mutuelle est née de la rencontre de ce qu’il fallait pour que mes élèves et moi-même puissions nous rencontrer dans une construction commune. Comme nombre d’enseignants, je demandais aux élèves avancés d’aider leurs camarades. Mais ces organisations se faisaient sur l’instant, sans structure. J’ai trouvé dans les arbres de connaissance le moyen de rendre visibles les compétences des élèves et de gérer ces échanges. L’objectif de poursuivre dans l’arbre pour valider ses compétences est induit par le système en plus de l’enseignant.

Lorsqu’un élève pense maîtriser une compétence, il peut passer un brevet. C’est une courte épreuve qui lui permet de démontrer ses capacités. Une fois le brevet validé, l’élève est identifié comme expert. Ses camarades peuvent alors se tourner vers lui en sachant qu’il a un certain niveau de maîtrise. Il est valorisé par sa visibilité dans l’arbre.

« L’enfant doit faire ce qu’il veut, mais ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse »

A ce stade, il y a donc deux experts (l’enseignant et un élève expert) qui ont les mêmes rôles. C’est le principe d’enseignement mutuel. l’expert va non seulement aider, mais il est encouragé à créer son propre brevet qui servira à valider les compétences de ses pairs. C’est alors une affaire entre deux élèves qui s’impliquent pour une tâche commune d’apprentissage. Ce n’est plus du simple tutorat. C’est une communauté qui se construit et se forme à l’autonomie, la collaboration et d’autres compétences transversales.

Philippe Ruffieux

Références :

Authier, M. et Lévy, P. (1999). Les arbres de connaissances. La Découverte.

Cailliez, J.-C. et Hénin, C. (2017). La classe renversée: l’innovation
pédagogique par le changement de posture. Ellipses.

Ruffieux, P. (2016). Une expérience de validation collective des compétences. Educateur, 8/2016, 11–12.

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