Le droit à la différence et à la ressemblance en pédagogie selon Philippe Meirieu
On ne présente plus Philippe Meirieu tant le pédagogue français a marqué de son empreinte les sciences de l’éducation tout au long de sa riche carrière académique. Le chercheur a donné une conférence lors de la semaine d’intégration des nouvelles étudiantes et nouveaux étudiants en Bachelor de la HEP Vaud, le 24 août 2020. Une opportunité unique d’écouter ses pistes et conclusions en matière d’école inclusive, avec notamment un concept qui lui est cher : le droit à la ressemblance et à la différence en pédagogie.
Nous pouvions sentir la prestance de Philippe Meirieu dès son arrivée à l’Aula des Cèdres. Le célèbre pédagogue est rompu à l’exercice et cela se remarque au premier coup d’œil. Les nouveaux étudiants du Bachelor en enseignement primaire ne s’y sont pas trompés en lui réservant un chaleureux accueil, aidés notamment par les mots dithyrambiques de Michèle Cusinay, Responsable de la filière Enseignement primaire, ainsi que par le discours du Recteur de la HEP Vaud, Thierry Dias. Un moment particulièrement chargé en émotion, puisqu’il s’agissait de la dernière rentrée de Michèle Cusinay avant son départ à la retraite.
Des étudiantes et étudiants à l’écoute
L’intitulé de la conférence de Philippe Meirieu avait tout pour intéresser ce public de futures enseignantes et futurs enseignants, à savoir le « droit à la différence et le droit à la ressemblance en pédagogie ». Le regard d’un expert international sur la question leur a permis de se forger une opinion et de lui poser leurs questions sur le sujet de l’égalité des chances entre les élèves.
Il n’y a pas pire injustice que l’indifférence aux différences
Pour le pédagogue français, « la spécificité de chacun doit être garantie dans le système éducatif, ainsi que dans les pratiques pédagogiques ». Le concept de droit à la différence souligne le besoin d’accepter la diversité des élèves, sans enfermer pour autant les personnes dans leurs différences. L’idée est ainsi de les accepter comme ils sont, tout en cherchant à les faire progresser et réaliser le maximum de leur potentiel.
Dans cette optique, Philippe Meirieu aime à rappeler Pierre Bourdieu, qui affirmait qu’il n’y a « pas pire injustice que l’indifférence aux différences ». Le pari est ici de faire côtoyer en classe les élèves ordinaires avec les élèves dits « extraordinaires », afin que chacun puisse s’enrichir de ces rencontres. En ce sens, le chercheur salue le projet du Concept 360 du canton de Vaud, qui vise à une école inclusive pour répondre aux besoins des élèves à besoins particuliers.
La fabrique du commun à l’école
Pour Philippe Meirieu, le fait que nous ayons besoin d’apprivoiser le droit à la différence ne peut avoir de sens que si l’école fabrique simultanément du commun. « Par le partage de la culture bien sûr, mais également par le partage des valeurs qui permettent d’apprendre ensemble. Une école n’est pas simplement un endroit où chacun apprend. C’est un lieu où l’on apprend ensemble, et où le vécu commun est aussi important que l’apprentissage ».
Pour le pédagogue, la solidarité apprise à l’école est capitale : « Si cette crise sanitaire nous a bien rap- pelé quelque chose, c’est que nous sommes des êtres à la fois fragiles et solidaires. Charge maintenant de faire en sorte que les êtres ne soient pas dans la concurrence, mais dans la coopération, afin d’être conscients des enjeux de notre monde pour pouvoir les affronter collectivement. »
Les nombreux applaudissements à la fin de la conférence de Philippe Meirieu lui ont permis de constater que ses idées avaient obtenu un grand écho auprès de sa jeune audience du jour. Une belle promesse pour l’avenir!
Matthieu Corthésy
