Nicolas Ribowski, grand témoin de l’engagement citoyen

Le travail de mémoire de la Shoah a été le combat de toute une vie pour le réalisateur français Nicolas Ribowski, auteur de plusieurs documentaires primés. Sa présence à la HEP Vaud, à l’occasion de la Journée de la mémoire et de la prévention des crimes contre l’humanité, a permis de mettre en lumière les héros anonymes de la Seconde Guerre mondiale et de mieux comprendre le parcours extraordinaire d’un enfant survivant devenu un réalisateur reconnu. Une rencontre rendue possible grâce à Nathalie Masungi, chargée d’enseignement, et Nadine Fink, professeure, de l’UER Didactiques des sciences humaines et sociales.

Équipe HEP Vaud
Trait d’union HEP Vaud
4 min readMar 3, 2020

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« Je vais regarder droit dans l’objectif de la caméra, pour que les gens puissent sentir que je leur parle directement. »

Lorsque nous avons filmé notre premier entretien avec Nicolas Ribowski, la patte et l’expérience du réalisateur ont rythmé nos premiers échanges. Le cinéaste démontrait surtout son envie de partager son expérience directement avec le public, droit dans les yeux, pour que son message, ô combien important, puisse passer de la meilleure manière possible. « Aujourd’hui je suis chez vous, en Suisse, pour transmettre cette histoire qui appartient à l’histoire de l’humanité », annonce-t-il en guise d’introduction.

Des débuts avec Jacques Tati

Du haut de ses 80 ans, Nicolas Ribowski a connu une carrière de réalisateur complète, commencée en tant qu’assistant d’Alain Cavalier, Jean-Paul Rappeneau et surtout de Jacques Tati. Son premier film en tant que réalisateur, Une affaire d’hommes avec Claude Brasseur, est couronné d’un César en 1982. Il se tourne ensuite vers la réalisation de séries télévisées, notamment Navarro. C’est au carrefour des années 2000 que le cinéaste français décide de raconter son incroyable histoire dans le film J’avais oublié la maison de Moissac consacré à son enfance, et à la perte de ses parents, déportés et assassinés à Auschwitz.

Un enfant survivant

Nicolas Ribowski a été sauvé, avec 300 autres enfants juifs, par un couple, Bouli et Shatta Simon, qui les abritèrent dans une maison refuge à Moissac, puis qui organisèrent leur accueil individuel dans des familles à partir du moment où la zone libre cessa d’exister, fin 1942. C’est le début d’une série de trois films qu’il consacre au travail de mémoire de la Shoah, et à la mise en lumière de ces héros. « Mes parents n’ont pas eu la chance de rencontrer ces Justes, comme ce couple de Moissac. Et des milliers d’autres, les 76 000 Juifs déportés de France, n’ont pas rencontré suffisamment de Justes », témoigne le cinéaste.

Les Justes, ces héros anonymes

Ce besoin irrépressible de mettre en lumière ces héros de l’ombre a guidé le réalisateur dans la création de son documentaire Les Justes, qui a été projeté à la HEP Vaud. Ce travail de mémoire est d’autant plus important que le nombre de personnes pouvant témoigner se réduit fatalement au fil des ans. « La force de ce film est qu’aujourd’hui les Justes de cette histoire sont des gens âgés, et qu’ils évoquent la jeunesse de leur histoire », éclaire le cinéaste. Avant que ces acteurs de l’engagement citoyen ne disparaissent à jamais, Nicolas Ribowski est parti à leur rencontre et a immortalisé avec sa caméra la mémoire des actes accomplis par ces hommes et ces femmes qui ont été, en toute humilité, des héros de l’ombre.

« Il est important de montrer aux écoliers combien l’engagement moral accompagne une vie d’être humain. »

Le rôle crucial des enseignantes et enseignants

Conscient de ce besoin de transmission aux prochaines générations, Nicolas Ribowski souligne « l’importance de montrer aux écoliers combien l’engagement moral accompagne une vie d’être humain ». Dans cette mission, le rôle des enseignantes et enseignants est primordial pour perpétuer ce travail de mémoire « nécessaire et utile à tous les enfants de tous les pays ». Le réalisateur se dit prêt à participer à cette démarche par la projection de ses films aux écoliers. « Regardez ces films, ils sont une histoire dont vous devez vous emparer. Faites appel à nous, je répondrai présent à chaque fois que vous aurez besoin de moi. » En guise de conclusion, Nicolas Ribowski partage un message d’espoir : « Je vous fais confiance »

Matthieu Corthésy

(Pour découvrir, retrouver et partager les films documentaires de Nicolas Ribowski, rendez-vous sur Vimeo ou sur YouTube.)

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