L’argile : plus qu’un masque de soin, une tablette d’écriture

Par Colyne Paillard

Exemple de tablette d’argile (thinglink.com)

Les tablettes d’argile sont apparues pour la première fois en Mésopotamie avec la naissance de l’écriture cunéiforme, entre 3 400 et 3 300 avant Jésus-Christ. Cette écriture se pratique par l’incision de plaques d’argile à l’aide d’un calame (stylet en roseau). Il était difficile de tracer des courbes dans l’argile fraîche, c’est pourquoi l’écriture était formée de segments de droite. Les tablettes ont par la suite disparu dans les premiers siècles de l’ère chrétienne.

La Mésopotamie était une région pauvre en matériaux, il y avait donc peu d’instruments utilisables pour l’écriture. L’argile et les roseaux y étaient néanmoins abondants, on s’en servait avant tout dans les constructions (briques, maisons, ustensiles..). Ils devinrent alors naturellement les matériaux privilégiés pour écrire. L’argile est une roche terreuse qui, mélangée à de l’eau, devient une pâte malléable. Elle avait le mérite d’être peu coûteuse et facilement accessible. Il fallait cependant qu’elle soit de bonne qualité, c’est-à-dire dégagée de ses impuretés pour pouvoir former les tablettes d’écriture.

Maniement du calame sur une tablette d’argile (wordpress.com)

La taille des tablettes variait en fonction de la longueur du texte que l’on voulait écrire. Elles étaient principalement de forme rectangulaire, et pouvaient aller jusqu’à 40 centimètres pour les plus grandes ! L’argile pouvait également servir à confectionner des supports d’écriture de formes diverses, autres que des tablettes : des cônes, des cylindres, des prismes, des briques…

Une fois les signes tracés, l’argile était séchée au soleil ou cuite afin de la durcir. Les tablettes dont on avait plus besoin étaient ensuite trempées dans de l’eau pour pouvoir être remodelée, et donc devenir réutilisables. Celles ayant été cuites ne pouvaient pas être recyclées, mais avaient le mérite d’être plus résistantes et moins facilement cassables. On retrouve donc seulement des tablettes datant de quelques années avant la destruction ou l’abandon d’un site, puisque les plus anciennes ont été remodelées. Le plus souvent, les tablettes conservées ont été cuites par accident des suites d’un incendie, ce qui a donc permis une meilleure conservation de l’argile. La découverte de ces documents a permis de restituer la mémoire et l’histoire des civilisations antiques du Proche-Orient. Ces archives sont à l’origine des toutes premières bibliothèques.

Carte du Proche-Orient ancien avec la répartition des tablettes cunéiformes exhumées à ce jour, réalisée par M. Sauvage et X. Faivre

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