Les manuscrits de Qumrân

Par Anna Philippi

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La découverte des manuscrits. Sources : Classe BNF, École biblique et archéologique française de Jérusalem.

Au printemps 1947, un jeune nomade qui cherchait sa chèvre perdue, tomba nez à nez avec une grotte remplie de jarres de terre cuites renfermant des rouleaux recouverts d’une écriture ancienne.

Cette hasardeuse découverte a permis de développer et d’agrandir le site archéologique de Qumrân. Le site se trouve en Cisjordanie et surplombe la rive ouest de la mer Morte.

Après cette découverte, entre 1947 et 1955, une centaine de grottes ont été visitées dans cette même zone, et onze ont révélé leurs secrets, mettant au jour près de 900 manuscrits.

Beaucoup des textes étaient dans un état de délabrement avancé, souvent de tout petits fragments quasi illisibles qu’il fallut déchiffrer puis assembler à nouveau afin de reconstituer les textes.

Ces manuscrits évoquent principalement des événements religieux, juifs, d’avant la chute du Temple de Jérusalem (70 après J.-C.). Il n’y avait aucun autre genre d’écrits comme par exemple administratif ou commercial.

La majorité de ces textes sont en écriture hébraïque, paléo-hébreu et hébreu judéen, quelques-uns sont en grec, langue de la Diaspora mais aussi langue internationale de l’époque, utilisée et connue des scribes.

Avant la découverte de Qumrân, le plus ancien manuscrit de la Bible connu datait du Moyen Âge. Cette découverte a permis aux juifs, aux chrétiens et aux historiens de constater que les textes canoniques de référence avaient peu changé en 2 000 ans. Ces textes montrent à quel point le judaïsme d’avant la Chute du Temple, d’où a émergé le christianisme, était multiforme et pluriel.

De plus, les textes de Qumrân évoquent très fréquemment le Messie, ce qui permet d’aborder différemment l’approche du « messianisme » du Nouveau Testament, qui jusque-là détenait les seules informations, forcément partiales, sur un Messie, dont il est dit qu’il fut rejeté par les Juifs et reconnu seulement par les chrétiens. Ces textes donnent un éclairage nouveau sur la façon dont les compagnons de Jésus purent percevoir Jésus de son vivant et reconnaître ses « vertus messianiques ». Les thèmes abordés dans les manuscrits de Qumrân permettent de mieux comprendre dans quel contexte intellectuel et spirituel ces derniers avaient évolué.

Source image : thèse de Michael Langlois sur “Le premier manuscrit araméen du Livre d’Hénoch à Qumrân.” 2007

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