D’un océan l’autre

Albéric
Histoire d’une image
5 min readSep 5, 2022

Puerto Escondido — Mexique
12 avril 2004

#ImageHistoire — 6

Puerto Escondido — Oaxaca — Mexico

Une plage, il est 6 h du matin, un homme entre dans l’océan, filet à la main. il s’apprête à pêcher. Dans quelques secondes, le filet volera sur les vagues. Le soleil naissant dore délicatement la mer. Le ciel, lui, prend des tons orangés. Le bruit des vagues couvrent tous les autres sons, même celui des premières voitures. Voilà le spectacle qu’offre cette photo. Il vous manque l’odeur de l’iode, le vent léger, la température déjà agréable au moment de cette aurore et la fatigue du photographe. Vous avez enfin le portrait complet.

« Mais, comment êtes-vous arrivés sur cette plage en pleine nuit ?» Vous demandez-vous curieux et stupéfaits.

« Patience ! Je vous raconte. » répond le conteur prenant un air mystérieux.

Il y avait environ 3 h que nous étions arrivés à Puerto Escondido. Le bus nous avait laissé sur les hauteurs de la ville. Vu l’heure nous n’avons même pas essayé de trouver un endroit pour nous loger. Nous sommes descendus vers l’océan et nous nous sommes simplement installés sur la plage à attendre le lever du jour. Pour nous deux, c’est le premier regard sur le Pacifique, qui n’a vraiment rien de pacifique, tout particulièrement à Puerto Escondido. Je ne reviendrais sur ma fascination quand je rencontre de nouvelles étendues d’eau, mais, on regardait le Pacifique là ! Le Pacifique quoi ! Le Pacifique bordel !

Avec l’arrivée de la lumière, c’est toute la vie de la plage qui s’est éveillée : Ce pêcheur ; les petites vendeuses ambulantes transportant leurs coupes de fruits frais et de jus ; les échoppes s’ouvrant ; quelques touristes se réveillant ou rentrant des fêtes perpétuelles de cette plage. Nous étions donc allongés ou assis essayant de dormir un peu, ou juste admirant ce que nous offrait cette nouveauté océane.

Revenons un peu en arrière, pas trop loin, juste la veille.

Nous étions en train de nous baigner tranquillement dans l’Atlantique, plus exactement dans la baie du Mexique, quand la nécessité du départ s’est rappelé à nous. Ciao, San Andres Tuxla, merci pour tout. Ce n’était pas un jour ordinaire, nous allions cette nuit-là traverser un continent de part en part. D’accord l’isthme n’est guère large, mais quand même, traverser un continent en une nuit, ça a de la gueule non ?

Un premier bus nous a emporté jusqu’à Juchitan. Nous avions une longue attente de plus de 4h avant le second qui nous devait nous emmener à Puerto Escondido. Aucun endroit pour laisser nos sacs en sécurité, donc nous sommes allés nous promener à tour de rôle dans la ville. J’ai eu la chance d’y traîner au moment du crépuscule. Juchitan, dit ville des femmes, est un lieu étrangement calme, surtout pour Mexico. On n’y voit pas un homme (d’où son surnom, vous l’avez bien deviné), hors quelques anciens assis sur des bancs face au Kiosque où la musique est toujours présente (pourquoi a-t-on perdu cette merveilleuse tradition ?). De Juchitan, Les hommes sont partis travailler à la grande ville (comme dit la chanson). Les femmes se sont donc appropriées de la ville, et à la vérité, elles ont bien fait les choses. C’est une ville paisible vivante où à aucun moment nous ne nous sommes sentis en danger. La vie s’y déroule dans une sorte de torpeur joyeuse, loin de la folie, de l’agressivité, de la plupart des villes mexicaines.

Mais l’heure était venue, retour à la gare routière. Nous voilà repartis pour un lent, plus que long, voyage en bus. Vers 3h du matin, nous sommes arrivés à Puerto Escondido. Le reste, je vous l’ai déjà raconté.

Ah oui, nous nous sommes trempés les pieds dans le Pacifique afin de pouvoir frimer en disant :

« Le soir, nous nous étions baignés dans l’Atlantique et pendant la nuit, nous nous baignâmes dans le Pacifique. C’est cela que l’on appelle la grande classe, voire le talent. ».

Mais bon, n’étant pas très frimeur ou peu doué dans l’art délicat de la frime, j’ai attendu la majorité de cette histoire pour vous le sortir.

Côte Atlantique —Vera Cruz - Mexique
Juchitan — Oaxaca -Mexico
Puerto Escondido — Oaxaca — Mexique

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Albéric
Histoire d’une image

un rien conteur, un rien vagabond, un rien photographe, bref plein de petits riens, pour un tout ?