Le soleil du matin

Albéric
Histoire d’une image
5 min readSep 11, 2022

Parque Avaroa — Bolivie
29 novembre 2004

#ImageHistoire — 7

Touristes sur le site de geysers Sol de Mañana — Parque Avaroa — Haut-Lipez — Bolivie

Uyuni, Sud-Lipez, Parque Avaroa, Uyuni (ville, salar, cimetière de train), laguna Colorada, Tupiza, Désert de Dali, L’île des pécheurs, des noms qui font rêver toute personne qui s’est rendue en Bolivie et qui a pris le temps de descendre dans le grand sud. La féroce minéralité, la beauté sauvage de cette région plantée à plus de 4000m me font briller les yeux chaque fois que j’y songe. Sur l’Altiplano, tout déroute et fascine : Les volcans dominant des lagunes aux odeurs et aux couleurs improbables (rouge, bleu, blanc, vert et que sais-je encore) ; les oiseaux nombreux (tant d’espèces, tant de flamants si roses) dans ce paysage où la verdure n’est qu’une illusion pourtant bien réelle ; les vents qui tourbillonnent et font danser la terre ; les reflets qui s’infiltrent dès que l’eau s’installe; l’infinie blancheur du salar brisée par une île où fleurissent cactus et colibris ; les montagnes qui y flottent ; Les geysers et leurs admirables brouillards ; les villages où l’on vit à plus de 4000m ; les nuits glaciales à geler les os ; les journées écrasées par un soleil violent ; les cieux nocturnes qui vous laissent toucher la Voie Lactée et que sais-je encore que j’ai été incapable de voir, entendre, ressentir ou sentir.

Ce jour-là est le 3ème de notre virée sur le Salar d’Uyuni et le parc Avaroa. La veille, nous avons dormi sur les rives de la Laguna Colorada qui marque pratiquement la triple frontière bolivienne, argentine et chilienne. Le nom du lac vient de la grande quantité de micro-organismes (dont raffolent les flamants et leur donnent cette couleur flamboyante là-bas) qui peuplent ses fonds et qui colorent le lac d’un rouge brique intense dès que ses eaux s’agitent.

Ce matin-là, nous émergeons de très bonne heure. Vers 5h, 5h30h, nous nous sommes partis vers sur une zone de geysers que l’on nomme « Sol de Mañana ». Ce départ nocturne s’explique pour 2 raisons. D’abord, les fumées des geysers disparaissent avec l’augmentation de la température extérieure, un spectacle à ne pas perdre. La seconde, ce sont les hordes de touristes (nous donc). Nous serons le premier groupe à profiter du lieu ce jour-là. Le soleil pointait encore timidement le bout de ses rayons et le froid était aussi mordant qu’un rottweiller en colère, bref ça caillait dru.

Nous sommes restés 2 bonnes heures, voire 3, à nous balader sur le site. Après deux jours, notre guide avait bien compris que nous n’étions pas du genre à rester 5 minutes et à décamper après quelques photos. Entre toutes les beautés que le site nous a offerts, les effets de lumières (de fantômes dirais-je même) des brumes formées par les geysers et les gueules de ces derniers, telles des fleurs de terre restent les plus cadeaux offerts par cet endroit proche des 5000m. Par contre, nous avons vu arriver et repartir des dizaines de 4x4, déverser leurs touristes et les reprendre quelques minutes plus part. C’est à l’occasion d’un de ces déchargements que j’ai fait cette photo.

Nous étions sur le point de partir. Le groupe est descendu du véhicule, s’est mis sur cette ligne presque parfaite et a mitraillé, puis comme la vague qui reflue, il y est remonté. Je crois que leurs ombres sont restées plus longtemps qu’eux. Au fond, on aperçoit mon pote qui semble se demander ce qu’ils font, d’où sort ce ballet si bien synchroniser.

J’y reviendrais deux ans plus-tard, mais cette fois, le site est recouvert de la fine couche de neige (nous sommes en plein été) qu’avait apporté l’orage de la nuit précédente, et si cela est possible, c’était encore plus magique.

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Albéric
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un rien conteur, un rien vagabond, un rien photographe, bref plein de petits riens, pour un tout ?