Le jour où j’ai décidé de partir

Damien Senger • hiwelo
Hiwelo’s notebook
6 min readSep 13, 2016
Tenaya Lake, Yosemite Valley

Changer de job, changer de ville, changer de vie.
Voilà en résumé les quelques changements que j’ai amorcé après de longues réflexions ce printemps et cet été.

Ces choix sont radicaux mais ils sont important pour moi.
Ils le sont tout simplement parce que je ne pouvais pas continuer sur les mêmes bases que précédemment.
Ils le sont parce que même si je pense aujourd’hui être sorti d’un burn-out assez important au cours de la dernière année, je ne suis jamais vraiment sorti de la dépression.
Et je ne peux pas continuer à stagner, il me faut des objectifs pour aller de l’avant. Avoir un cap concret pour savoir vers où naviguer.

En quelque sorte, le jour où j’ai décidé de partir est sans doute le jour où j’ai décidé de (re)vivre. Mais concrètement, partir de quoi ?

J’ai quitté mon travail

Le premier des changements que j’ai décidé d’amorcer au début de cet été a été la rupture de mon CDI actuel.
Sans avoir de réelles réserves financières mais en ayant en tête plusieurs orientations possibles, ce choix a été plutôt cavalier et difficile.
Ce départ est un pari sur l’avenir. Un pari qui me permettra sans doute de retrouver une forme d’épanouissement dans l’exécution de mon travail.
Retrouver l’envie que j’ai fini par perdre au fil des derniers mois.

En fait, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, me voilà à quelques jours de la date butoir de mon contrat de travail.
Les pieds au bord du précipice, pas tout à fait prêt à sauter dans l’inconnu, mais sans aucune possibilité de reculer.

Par le passé, je suis déjà passé par la case freelance, plusieurs fois même. D’un côté, je ne crois pas avoir été déjà aussi préparé (en terme de réseau, de compétences, etc.) et pourtant je ne me rappelle pas avoir déjà été autant stressé et terrifié à l’idée de me relancer dans cette aventure.
Contrairement aux lancements précédents, je crois que je ne dispose plus de la même part d’insouciance que j’ai pu avoir par le passé.

Un an et quatre mois de salariat.
Un peu plus d’une année de rencontres, de discussions, de débats, d’apprentissage mais aussi d’énervements et de frustrations par moment.
Mais malgré cela, je n’en garde pas que de mauvaises notes, très loin de là.
Je pense très sincèrement que cela va me faire très bizarre de ne pas faire le chemin qui me sépare de ce travail lundi prochain.

Cependant, je ne regrette pas un seul instant ma décision.
Je pense aujourd’hui que tous les profils ne peuvent pas s’épanouir dans le salariat tel qu’il est présent dans une agence traditionnelle, et je pense que c’est particulièrement le cas pour des profils d’hypersensibles, de zèbres ou de personnalités neuro-atypiques comme le mien.

Face au handicap social et sociétal souvent associé à ce type de profils, le salariat dans les agences web traditionnelle m’apparaît aujourd’hui être un rouleau compresseur source d’oppression et de mal-être.

Me concernant personnellement, j’ai fini par m’enfermer dans une situation où, par moment, la présence de tes collègues peut apparaître à elle seule comme une oppression. Dans ce genre de cas, il n’est alors plus possible de réaliser son travail correctement.
Dès lors, entre mon perfectionnisme et le peu d’estime que je peux avoir en moi, j’ai été en proie à un conflit interne qui devenait trop lourd à porter.

Un jour, j’ai réussi à tirer la sonnette d’alarme. Mais quelque soit la réaction de mes collègues à celle-ci, il était déjà trop tard.
Dans mon cas, le rouleau compresseur est passé à plusieurs reprise sans que mon entourage professionnel l’ait réellement compris. J’ai fini écrasé, lessivé, fatigué et surtout démotivé dans un poste où tout élément extérieur finissait par être un facteur d’oppression.

Face à cette situation, j’ai choisi la fuite. Ce n’était pas forcément la meilleure réponse à ma situation, mais je n’avais plus l’énergie de me battre pour des lendemains plus ensoleillés.

Le plus dur dans cette situation c’est que je reste indécis face à mon futur : aujourd’hui, je reviens à l’indépendance pour mieux préparer la suite, suite qui prendra sans doute la forme d’un… salariat, ailleurs.

Ce que je vois au final, c’est que me concernant je semblais plus heureux et épanoui à l’époque où je travaillais au sein d’une équipe produit, même si j’étais le seul développeur de la bande.
La polyvalence était au cœur de ma mission. Mais malgré le stress et les deadlines, je gardais la tête hors de l’eau en voyant petit à petit mon produit prendre forme et être pris en main par nos utilisateurs.
Et en fait, je crois que c’est cette sensation et ce type d’expérience que j’ai envie de retrouver dans un futur proche.

Midway, Mojave Freeway

J’ai choisi de tenter l’aventure de l’expatriation

Dans tous les cas, une chose est sûre : il est temps pour moi de sortir de ma zone de confort, il est temps d’aller voir ailleurs, géographiquement.
J’aime ma ville, Strasbourg, de tout mon cœur mais après y avoir passé quasiment toute ma vie, j’ai le besoin de découvrir de nouveaux horizons.

Et s’il y a une ville que j’adore autant voir plus que Strasbourg, c’est la ville d’Amsterdam. Que ce soit pour l’ambiance, l’atmosphère, les canaux ou encore la douceur de vivre apparente malgré l’effervescence permanente : c’est décidé, je veux m’y expatrier.

Parfois, le besoin de renouveau est tel qu’il faut tout bousculer pour aller mieux. Tout. C’est pour cette raison que je me suis lancé à la recherche de mon prochain défi : je recherche aujourd’hui un poste de front-end developer à Amsterdam ou dans ses environs (Utrecht, par exemple).

On verra ce que l’avenir me réserve mais…

Amsterdam, ik kom zo snel mogelijk!

Waalseilandgracht, Amsterdam

J’ai choisi le nomadisme

En attendant de trouver l’opportunité qui me fera déplacer mes affaires de Strasbourg à Amsterdam, j‘ai du réfléchir à la suite, ce que j’allais faire en attendant. Et me concernant je m’oriente clairement vers une forme de travail beaucoup plus nomade que celle que j’ai connu en agence.

Régie, télétravail et conférences : voilà tant de raisons différentes de prendre mes bagages et d’aller explorer l’hexagone à la recherche de nouvelles aventures. Plus je passe de temps derrière mon écran à faire mon travail, plus je réalise que j’ai besoin de parcourir les kilomètres pour compenser.

Le gouffre de Plougrescant, Bretagne

Bref, j’ai choisi de prendre des risques

Dans la vie, parfois, il est nécessaire d’affronter ses peurs et se fixer de nouveaux objectifs. Pour moi, ce besoin était d’ailleurs devenu vital.
Ces choix ne sont bien sûr que des objectifs. On verra dans quelques mois s’ils seront devenus réalité. En tout cas, ils ont le mérite de me donner du grain à moudre pour essayer d’imaginer mon avenir. Ils me permettent de regarder au loin et de fixer un cap…

Un cap pour sortir définitivement de la dépression.

Un cap pour, je l’espère, vivre mieux, heureux et épanoui.

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Damien Senger • hiwelo
Hiwelo’s notebook

Product Experience & Inclusivity Product Leader • Cities, Mobility & Urban Planning are my cup of rooibos • they/them pronouns