De l’espoir en silence pour Bachir…

Yaayou Tidiane
Hommage aux autres Yaays
4 min readJun 4, 2015

Ce matin en me connectant sur le groupe Entre Yaays sur Facebook, je suis tombée sur une publication pour une solidarité pour une maman en détresse. Ce matin je fus subjuguée par cette photo : celui d’un enfant de moins d’un an, couché sur un berceau avec tous ses fils branchés sur lui, qui semblait lutter pour survivre.

Aujourd’hui la vue de cette image m’a ramené à une période de ma vie que je croyais avoir oubliée et qui en réalité était enfouie dans un coin de ma mémoire prête à sortir et à me submerger de tristesse.

Oui je me revois sur cette chaise face à mon fils, alors que mon regard vacillait entre la perfusion et le moniteur qui affichait ses constantes. Je fixais ce fil, ce perfuseur qui donnait à mon fils un peu de vie, à raison de sept gouttes par minute.

Je me revois attendant dans ce silence qui caractérise les hôpitaux qui mon fils se réveille, qu’il me regarde, qu’il bouge, qu’il donne signe de vie. Et dans cette attente ce silence trop pesant me plongeait dans un état de désarroi.

Ce silence m’a toujours marqué. C’est vrai à l’entrée on voit d’ores et déjà la pancarte « Silence Hôpital ». Avant la maladie de Tidiane je me contentais de baisser la voix en lisant cet écriteau. Aujourd’hui j’ai conscience que ce silence a une connotation plus intense.

Souvent ce silence a été mon allié car dans ce silence je méditais, je retrouvais ma foi et je me concentrais sur l’essentiel.

Souvent dans ce silence j’ai rêvé de guérison, de retour à la maison d’une vie normale où Tidiane rampait, se tenait debout, où il me parlait et faisait des caprices…. Dans ce silence j’ai passé des nuits à rêver.

Mais à certains moments ce silence trop pesant me plongeait dans un état de trouble total.

Combien de fois ai-je arpenté ce couloir de l’ORL de l’Hôpital le Dantec, en pleine nuit, dans un silence total, attendant que les médecins me donnent des nouvelles de Tidiane qui encore une fois avait fait une crise d’apnée ou avait cyanosé ou même avait fait un arrêt respiratoire.

J’attendais en silence dans ce silence.

Je me rappelle qu’une nuit face à cet écriteau « silence hôpital » j’ai eu envie de crier pour rompre ce silence pesant qui me perçait le cœur. Tidiane était très mal en point ce jour là et il respirait à peine lorsque les médecins me l’ont pris des bras, en silence, pour l’amener en réanimation.

Et moi en silence je respirais pour nous deux.

Ce qui était le plus difficile pour moi ce n’est pas le fait que mon enfant soit sur le point de mourir mais le silence des médecins et le fait que la démarche concernant son traitement ne me soit pas clairement énoncée. J’étais vraiment en colère et je souffrais en silence face au silence des médecins et du personnel soignant qui n’arrivait pas à donner un nom à la maladie de Tidiane. J’étais dans un monde de silence et de résistance et je vacillais entre souffrance et espérance. J’attendais en silence et j’espérais qu’on me rende Tidiane vivant car seule sa respiration bruyante pouvait rompre ce silence qui me fendait l’âme.

Et pourtant dans ce silence, dans ce voile obscur je fis une promesse, celle d’éclairer cette nuit d’un halo immense d’amour. Oui je suis impuissante face à la maladie de Tidiane mais je suis sûr que mon amour lui servira de bulle de protection. Et sans surprise il m’a sourit le lendemain après une nuit dans mes bras car j’avais peur de le coucher au risque de replonger dans ce silence…..

Tidiane ne parle pas : c’est en silence qu’il souffre mais aussi c’est en silence qu’il me remplit d’amour.

Aujourd’hui en voyant l’image de ce petit garçon, je vois sa mère assis à ses cotés, attendant dans ce silence qui les médecins lui parlent. Je la vois impuissante, déléguant son rôle de protectrice à ces hommes en blouse blanche qui dorénavant décide pour elle de la démarche à suivre pour la survie de son fils. Je la vois dans ce couloir, dans ce silence, attendant que les infirmières finissent d’installer la voie centrale pour le traitement de son enfant. Seule ? Non elle sait qu’elle n’est pas seule car elle vient de recevoir par wari une somme d’argent, issue de cet élan de solidarité. Cet argent que vous lui avez si généreusement donné pour la soutenir ne la rendra pas plus riche car il servira à acheter les ordonnances qui ne cessent de se succéder. Mais cet action la fera sentir moins seule. Dans ce couloir, dans cette chambre, sur cette chaise, elle attendra le réveil de son fils tout en sachant qu’il y a ses cotés une centaine de yaays prêtes à se mobiliser pour elle, pour son enfant.

Aider une maman à soigner son enfant c’est le plus grand bien qu’on puisse faire en ce mois béni de Ramadan.

Aidons bébé Bachir à vivre et redonnons à sa maman beaucoup d’espoir.

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