Comment devenir UX designer avec une formation en alternance ?

Quentin Ledoux
Horizon UX
Published in
4 min readJan 15, 2020

Quel que soit l’établissement choisi, tu ne seras jamais un bon UX designer en sortant de formation. Retour d’expérience d’un responsable de formation UX : entre mythes et réalités.

En résumé…

  • Une formation c’est comme un sac-à-dos avant un voyage, elle doit être légère mais utile.
  • Croire qu’on va tout apprendre en formation est un mythe.
  • Pour un responsable de formation, le réel dilemme est de savoir quelles compétences sont essentielles à tous alors que chaque étudiant a un parcours différent.
  • Notre parti pris à l’école multimédia a été de travailler l’ouverture d’esprit pour favoriser l’apprentissage tout au long de la vie.

“Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.” (Marcel Proust)

Préparer un métier ou un voyage, même combat 💪

La dernière fois que tu es parti en voyage, qu’as-tu mis dans ton sac à dos ?

Il y a 3 ans, en 2017, Pierre Minelli et moi-même avons pris en charge la formation UX design en alternance que propose L’Ecole Multimédia en tant que référents pédagogiques.

Notre défi : établir une trame pédagogique qui apporte un maximum de valeur ajoutée à de futurs UX designers…

…en 13 semaines de cours réparties sur 1 an…

… et à condition que les intervenants :

  • soient des professionnels en activité
  • soient passionnés
  • montrent une appétence pour la posture de pédagogue
  • aient envie de partager leur savoir à un niveau de rémunération moindre que dans leurs jobs traditionnels

Dans le cadre de ces contraintes, comment nous assurer que les élèves aient un niveau suffisant :

En design d’interface, recherche et analyse de données qualitatives et quantitatives, animation de groupe, effets psycho-sociaux, biais cognitifs, design de service, sciences cognitives, neurosciences, négociation, travail collaboratif, posture professionnelle, test d’utilisabilité, analyse experte, accessibilité, hiérarchie de l’information, recrutement, empathie, ethnographie, design d’interaction, maîtrise des outils, design systems, ux writing, ergonomie, conception de slides et de rapports, oculométrie, veille technologique, design émotionnel, design éthique, design persuasif, motion design, analyse de l’activité, lois de la gestalt, perspective holistique, design systémique, facilitation graphique…

C’est une lourde tâche.

Tricher avec la maxime “choisir c’est renoncer”

Après plusieurs angoisses et de nombreuses propositions peu concluantes. Il a fallu nous rendre à l’évidence. Apprendre tout cela en si peu de temps relevait de l’impossible.

Notre constat était même plus grave encore : 13 semaines d’alternance à explorer en profondeur le design d’interface ne permet pas d’avoir assez de temps pour creuser la compréhension de l’humain. Et vice-versa. Les deux fondements de la conception centrée humain, (1) la capacité à concevoir et (2) la capacité à analyser l’humain, ne pouvaient pas être suffisamment explorés pour qu’on soit certain de l’excellence des élèves dans ces domaines.

Pour voyager loin, voyage léger !

Spoiler alert : une formation en UX design ne PEUT PAS fournir toutes les compétences pour devenir un bon UX designer. Tout comme un sac-à-dos ne peut pas contenir tous vos vêtements, appareils de cuisine et électroniques, ustensiles de beauté… C’est impossible… et c’est un crève-cœur.

Alors, quand on est responsable pédagogique, comment faire ?

Notre parti pris a été de se poser la question suivante : quelles sont les compétences essentielles qu’un jeune UX designer doit avoir dans son sac-à-dos pour démarrer son voyage professionnel ?

Et notre conviction était qu’on pouvait choisir sans renoncer. A condition de tricher.

Le dilemme pédagogique

“Moi inquiet ?” : pas sans mes potes Dunning & Kruger !

Faut-il privilégier les savoirs, pour faire de nos étudiants des experts “en théorie” (car en théorie, tout se passe bien), comme à la fac (coucou syndrome de l’imposteur 👋) ?

Faut-il privilégier les savoirs-faire, sous forme d’un apprentissage de recettes de cuisine, quitte à prendre le risque de perdre tout le monde dès qu’on change de contexte d’usage ?

Faut-il privilégier les savoirs-être ? Peut-être que finalement, c’est encore sur le tas que les étudiants apprendront mieux les “hard skills” ?

Faut-il leur apprendre à faire-savoir, c’est-à-dire à se vendre dans n’importe quelle situation ? Même s’ils restent sur la forme et que le fond n’est que du vent (salut Dunning-Kruger 👋), quitte à produire des clones ?

Que choisir ?

Et bien on a choisi tout ça, et plus encore…

Spoiler : C’est ce [et plus encore…] qui est devenu Horizon UX.

On a voulu que nos étudiants aient un sac-à-dos contenant tout ce qui est absolument nécessaire pour démarrer, tout en voyageant léger.

Et on a triché.

En dédiant une semaine à l’ouverture des étudiants sur les nouvelles pratiques de l’UX design.

On s’assurait comme ça qu’ils aient à la fois les compétences essentielles et un état d’esprit déterminé à apprendre encore et toujours pour ne jamais rester sur des acquis mais toujours continuer leur… formation !

« Face aux enjeux et aux défis mondiaux de l’éducation, l’apprentissage tout au long de la vie, ‘’du berceau
au tombeau’’, est une philosophie, un cadre de pensée et un principe d’organisation de toutes les formes
d’éducation, basé sur des valeurs humanistes et démocratiques d’inclusion et d’émancipation ; il a un
caractère global et fait partie intégrante de la vision d’une société fondée sur le savoir ».
(UNESCO, 2009)

Et toi, responsable pédagogique d’ici ou d’ailleurs, comment as-tu dépassé ce dilemme ?

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Quentin Ledoux
Horizon UX

J’aide mes clients et mes étudiants à apprivoiser 🦁 l’UX design pour un développement plus durable 🌍💻