Le scandale de fraude académique à la UNC

Benjamin Verpoorten
Horsjeu
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4 min readMay 12, 2017
Old Well, symbole de l’University of North Carolina à Chapel Hill

Les étudiants qui évoluent dans la ligue sportive universitaire américaine, la NCAA, doivent répondre à certaines exigences pour éviter d’être suspendus et pouvoir jouer le week-end. Ces obligations concernent entre autres leurs résultats scolaires et l’avancée dans leur cursus universitaire. Mais concilier études et sport n’est pas chose aisée surtout quand les étudiants sont là pour performer sur le terrain et accroître le prestige de l’université. Résultat, pour remédier à ce problème, l’Université de Caroline du Nord, la UNC, a falsifié les résultats de certains sportifs durant 18 ans. Explications.

Chapel Hill, Caroline du Nord. Campus de l’une des huit meilleures universités publiques d’Amérique, l’University of North Carolina. Il s’agit de la plus ancienne université publique des États-Unis, la seule à délivrer des diplômes au 18e siècle. Aujourd’hui, UNC est réputée pour son élitisme. Selon le U.S. News & World Report, elle est l’une des universités les plus sélectives du pays avec un taux d’admission de 30 % en 2015. Mais l’institution ne brille pas uniquement sur le plan académique. Les Tar Heels (surnom des équipes sportives de UNC) brillent sur les courts de basket (elle est d’ailleurs championne nationale depuis seulement quelques jours), les terrains de football, de lacrosse, de soccer, de hockey et j’en passe. L’université a formé de grands noms du sport : Marion Jones, triple médaillée d’or aux JO de Sidney (titres qu’elle perdra pour dopage), Hakeem Nicks, vainqueur du SuperBowl, la finale du championnat national de football américain, le hall of famer, Lawrence Taylor, double vainqueur du SuperBowl et considéré comme l’un des plus grands joueurs de football américain de tous les temps. Mais celui qui fait la fierté de UNC, c’est Michael Jordan. Superstitieux, MJ portera d’ailleurs le short de l’université sous son short des Bulls et ce, durant toute sa carrière.

Le mythique N°23 trône fièrement au plafond du hall de basket de UNC

Le revers de la médaille

Mais pour que les joueurs puissent être alignés lors des compétitions officielles, ils doivent répondre à certaines exigences académiques telles que l’obligation de garder une bonne moyenne. Mais pour ces étudiants, c’est loin d’être évident. Sélectionnés par l’université pour leurs compétences sportives et non scolaires, ils sont loin d’avoir les acquis nécessaires pour décrocher un diplôme. Pire, selon CNN, 7 % à 18 % des étudiants athlètes américains auraient un niveau de lecture digne d’un enfant de primaire. Et l’université n’est pas spécialement encline à pousser ces jeunes dans leurs études. Ils sont là pour performer sur le terrain et accroître le prestige de l’université. Montrer aux Américains que leur établissement est le meilleur et tenter d’attirer de nouveaux étudiants. Si certains établissements proposent une aide, d’autres se montrent tolérants avec les étudiants. Absences justifiées, reports d’examens, corrections moins sévères, tout est bon pour permettre aux étudiants de se focaliser sur le sport, tout en ayant la moyenne académique. Sauf qu’à la UNC, on a été un cran plus loin.

Les fake classes ou classe fantômes

Durant près de deux décennies, des joueurs de football et de basket-ball ont suivi des cours un peu particuliers. Pas besoin d’aller en classe, aucun professeur désigné et l’obligation de réaliser un essai de seulement une page à titre d’examen. Le résultat de cet examen étant automatiquement un A ou un B afin de consolider ou améliorer la moyenne en vue de pouvoir rester sélectionnables pour les rencontres sportives. Au total, c’est plus de 3100 élèves qui ont profité 188 « cours fantômes ». Plus de la moitié de ces jeunes étaient des étudiants sportifs et presque tous provenaient du département d’études pour les Afro-Américains.

L’équipe de football a largement profité du scandale des “fake classes”

Le système était suffisamment bien rodé pour que les autres départements d’études n’aient pas connaissance du système. Les tuteurs des étudiants et les coachs étaient les seuls membres extérieurs au département à être au courant de ces pratiques litigieuses, mais tous ont nié ou refusé de collaborer avec les membres de la NCAA chargés de l’enquête. Certains joueurs se sont exprimés, certains ont confirmé alors que d’autres ont nié.

Aujourd’hui, l’affaire est toujours en cours, les enquêteurs continuent à chercher des indices et des preuves. Chaque jour amène son lot de nouvelles. La dernière en date, la UNC a engagé trois avocats afin de permettre à des joueurs de football de ne pas répondre aux questions des journalistes et donc, de ralentir l’enquête de la NCAA…

Benjamin Verpoorten

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Benjamin Verpoorten
Horsjeu
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Etudiant en journalisme à l’IHECS, chroniqueur pour le “6–8 RTBF”, cycliste à ses heures perdues…