Mobilité urbaine, prêts à adopter de nouvelles habitudes ?

Pollution, engorgement des villes, nouveaux usages numériques, la révolution des transports n’attend plus que notre adhésion.

Delphine Sabattier
Tech Stories
3 min readJul 23, 2018

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Sébastien Berthelot @Moovee a trouvé la réponse aux problèmes de maintenance et d’entretien des voitures partagées : afficher clairement le nom des derniers locataires !

Les objectifs sont chiffrés. L’environnement en ville, la qualité de l’air et de vie, sont devenues des priorités. Au niveau européen, on veut définitivement faire la peau à la voiture polluante en ville. D’ici 2050, la Commission européenne veut passer à zéro émission et éliminer les moteurs à combustion dans les grands centres urbains.

Pour y arriver, il faut non seulement changer les habitudes de déplacement des citoyens mais, en premier lieu, leur proposer des alternatives qui tiennent la route. Apporter des solutions et faire œuvre de pédagogie. Expliquer, par exemple, la différence entre covoiturage et autopartage. D’un côté, la possibilité de monter à plusieurs en même temps dans une voiture pour effectuer le même trajet. Ce qui reste très limité, au final, comme usage. De l’autre, l’autopartage, qui pense la voiture non plus comme une propriété individuelle, mais collective.

Un même véhicule à la disposition d’un ensemble d’abonnés, cela commence à devenir intéressant. La recette miracle pour que cela fonctionne est d’avoir suffisamment de voitures disponibles pour les besoins de tous. Et surtout un système de gestion informatique sans faille pour organiser les réservations de manière optimales.

Propreté et maintenance sont un autre enjeu. A ce titre, l’autopartage en entreprise a trouvé la réponse. Le patron de Moovee (lire l’interview ci-dessous) explique que lorsque l’utilisateur du véhicule partagé est nommément identifié, il est aussitôt responsabilisé et les dégradations sont bien inférieures à celles constatées quand les partages sont anonymes.

Cerise sur le gâteau, l’autopartage de voitures électriques. Avec toutefois un frein pour une utilisation généralisée, au-delà des seuls centres villes : celui de l’autonomie.

Le secret d’une mobilité soucieuse de la santé et de la qualité de vie réside dans la capacité d’offrir une solution pour chaque type de besoins. Pour les petits trajets, par exemple, on peut simplement privilégier la marche, le vélo ou les rollers. Mais au-delà des infrastructures et des applications intelligentes, c’est toute un changement d’état d’esprit et d’habitudes qui doit se faire. Première bonne résolution : prendre conscience de l’impact de chacun de nos choix en matière de mobilité. Si on avait des datas pour mesurer et quantifier nos efforts, ce serait encore mieux.

« Le taux de dégradation des véhicules en covoiturage est plus faible quand l’utilisateur est identifié »

3 questions à Sébastien Berthelot, fondateur de Moovee

Moovee est une jeune startup, lancée en novembre dernier, sur le créneau de la mobilité multimodale. Avec elle, on apprend à se déplacer en vélo, voiture, trottinette… et à tout partager. Mais est-ce si simple de changer les habitudes de déplacement ?

Le covoiturage est déjà largement proposé. Qu’apportez-vous de nouveau ?

Premier point : nous nous adressons aux entreprises. C’est vrai que le marché est déjà bien fourni pour les particuliers. En revanche, il reste un gros travail pour intégrer le co-voiturage dans les flottes de véhicules proposées à des collaborateurs. Deuxièmement, nous proposons plus que du covoiturage, puisque nous offrons aussi du vélo et de la trottinette collectives. On peut à chaque fois fournir le moyen de transport le mieux adapté au besoin. Troisièmement, nous sommes un opérateur technologique. Nous gérons pour l’entreprise tout le système d’intelligence de mise à disposition, de réservations, de verrouillages des voitures, de maintenance…

A ce propos, le covoiturage, ce n’est pas l’enfer en termes de maintenance ?

Figurez-vous que la donne est très différente quand vous proposez cette solution en entreprise. On a noté un taux de dégradation des véhicules plus faible quand ils sont fournis par l’employeur. L’utilisateur étant identifié est davantage responsabilisé. Le collègue sait qui a pris la voiture avant lui, et qui va la récupérer derrière !

Quel intérêt ont les entreprises à jouer le jeu du covoiturage ?

Déjà, financièrement, cela réduit les flottes statiques, qui restent des jours entiers non-utilisées. Côté foncier, ça libère des places de parking. L’employeur peut, par exemple, proposer une place à un salarié, à condition qu’il accepte de partager sa voiture. Il peut aussi conditionner la « voiture de fonction » au partage du véhicule. Et puis, pour l’entreprise c’est une action positive en termes de responsabilité sociétale. Avec le covoiturage multimodal, on désengorge les centres-villes.

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Delphine Sabattier
Tech Stories

Exploratrice des révolutions numériques. J’ai dirigé les grands médias tech et m'exprime aujourd’hui en mon nom sur https://medium.com/human-tech-stories !