Chine: identifié au premier regard

Audrey
Idées, Initiatives & Création — Toulouse
3 min readApr 21, 2018

Ces lunettes connectées conçues par la société Chinoise LLVision Technology. peuvent ressembler à de parfaits accessoires de mode. Mais détrompez-vous, ce sont tout simplement des petits bijoux technologiques aidant la police chinoise à identifier une personne en quelques secondes.

En quoi cette nouveauté technologique, est-elle une avancée pour la sécurité de notre société, mais aussi une violation de la vie privée ?

La reconnaissance faciale, une arme redoutable :

Les lunettes connectées permettent d’identifier une personne recherchée par les forces de l’ordre en quelques secondes puisqu’elles automatisent le processus d’identification des passants. Le principe ? Lorsqu’un policier regarde dans une direction, la caméra infiltrée prend des mesures de la largeur et de la profondeur du visage afin de les comparer à une base de données d’individus identifiés.

Cet outil a la forme d’un objet banal, ce qui lui confère une discrétion des plus totale. Aucun soupçon n’est éveillé.

La Chine qui a connu plusieurs événements au mois de février a ressenti le besoin d’une présence policière renforcée pour la protection des individus et le bon déroulement de ces événements. En effet, le Nouvel An lunaire, événement très célèbre en Asie, a provoqué l’arrivée en masse de voyageurs dans tous les lieux publics. La police s’est ainsi vu scanner plus de 120 000 visages de voyageurs par jour : nombre considérable de personnes, n’est-ce pas ? C’est pendant ces fêtes, à Zhengzhou, ville à mi-chemin entre Pékin et Shanghaï, que grâce aux nouvelles lunettes, les forces de l’ordre ont vu leur travail simplifié et ont procédé à l’arrestation de 33 personnes dont 7 criminels et 26 personnes qui utilisaient des faux documents d’identité.
Ils ont donc pour espoir que cet outil numérique continu de les aider dans leur travail afin de renforcer la sécurité dans leur pays.

La technologie, un phénomène tout aussi fascinant que terrifiant :

Le parti communiste Chinois a établi une base de données regroupant des informations biométriques sur les personnes scannées, c’est-à-dire des informations sur l’ADN, le groupe sanguin ou encore la photo de l’iris. Ceci a été possible grâce au cadre législatif presque inexistant concernant la protection de la vie privée en Chine. En France, la reconnaissance faciale est encore interdite par la CNIL. Mais cette forme de transhumanisme, mouvement qui promeut l’utilisation des découvertes scientifiques pour l’amélioration des performances humaines, peut être très dangereuse. En effet, ces lunettes ne se développent pour le moment que dans des pays non-démocratiques, et le groupe privé LLvision, qui l’a bien compris, en a profité pour commercialiser leur produit à l’éthique discutable.

La Chine, pays où les libertés sont réduites et où, en février également, le président Chinois actuel a fait voté une loi qui permet à un président de se présenter à vie était la cible commerciale parfaite. Pour des raisons de liberté et de protection de la vie privée, il est essentiel que nous réfléchissions, au niveau international, sur les dangers que fait courir cette technologie.
Les risques de hacking des données et d’abus de pouvoir ne peuvent être ignorés . Il est clair qu’une telle technologie aux mains d’une personne ou d’une organisation mal intentionnée, pourrait bloquer l’ensemble du fonctionnement de notre société, entraîner une crise internationale très grave et remettre en cause nos libertés fondamentales.

Et à jouer avec le feu, nous risquerions-nous pas une augmentation des crimes, tant au niveau des hackers qu’au niveau institutionnel ? Le transhumanisme ne pourrait-il pas devenir la nouvelle arme des dictateurs ?
Quoi qu’il en soit, ces lunettes rappellent étrangement la société décrite par Georges Orwell dans « 1984 » avec le phénomène « Big Brother ». Et comme le dirait Benjamin Franklin « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité, ne mérite ni l’un ni l’autre et finit par perdre les deux ». Voilà qui nous laisse matière à réflexion…

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