Le Fromage français à la conquête de terres inconnues…

Mathilde Billon
5 min readFeb 10, 2018

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Le fromage, joyaux Français étale son rayonnement au-delà de nos frontières. Qu’il soit bleu, sec, coulant ou odorant, il se fait, pas-à-pas une place dans les assiettes du monde entier.

Le Roquefort trop fort, encore plus fort!

Le fromage français, la première de nos exportations laitières, est une réelle exception culturelle. Cette spécificité cultivée et entretenue par la France à l’échelle européenne voire mondiale, lui confère un rôle de choix sur la scène internationale. La France est leader en termes de valeur, au même titre que l’Allemagne en termes de volume dans l’export de fromage, plus particulièrement au sein de l’Europe. Cependant, la France se démarque de sa grande rivale, par sa notoriété internationale. En effet la nation aux 1200 variétés de fromage (loin des 258 citées par Charles de Gaulle) est la grande ambassadrice de ce soft power. La tradition gastronomique française est en effet consacrée depuis 2010 par l’Unesco en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité, grand atout commercial pour le pays. Pilier, symbole de la gastronomie française et de la culture française, on s’arrache le fromage au-delà de nos frontières. Effectivement, les exportations de fromages français dans le monde sont en croissance et représentent plus de 640.000 tonnes par an, dont 100.000 tonnes hors d’Europe, soit plus de 20 kilos de fromages exportés par seconde en moyenne. Le marché est en pleine expansion, puisque la demande mondiale en produits laitiers augment de 2 à 2,5% par an. De nouveaux marchés sont conquis comme l’Asie, l’Australie et l’Amérique du Sud. On observe une réelle démocratisation du fromage français. Mais c’est bien en Europe que le fromage français fait le plus sensation, 78 % de nos exportations de fromage se font au sein de l’UE, pour un chiffre d’affaire frôlant les 3 milliards d’euros. Contre toute attente, c’est le grand concurrent de la France sur le marché de l’exportation de fromage, qui en est aussi le plus grand importateur, en effet en 2012 l’Allemagne importait 133 899 tonnes. Elle est suivie de près par la Grande Bretagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie.

« Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? » Charles de Gaulle

Un pour tous et tous pour le fromage…

Le qualificatif « français » est un réel faire-valoir qui booste les ventes à l’international. Cependant de nombreux producteurs tentent de le rattacher à leur produit dans l’espoir de susciter la bienveillance et l’envie du consommateur. Pour lutter contre ce fléau, les 3200 crémiers fromagers français s’unissent pour mettre en exergue et défendre leur savoir- faire. Ils sont représentés par la Fédération des Fromagers de France. Ainsi, les fromagers distinguent et allient leurs spécificités régionales tout en se renforçant sur la scène internationale. Sur la page officielle sont répertoriées des astuces et conseils pour les fromagers en devenir, l’adhésion leur accorde une couverture juridique ainsi qu’un lexique afin de communiquer et de promouvoir leurs produits à l’international, en qualité de fromage français. Des syndicats régionaux se développent dans la même dynamique, le but étant de s’unir devant l’exportation et de conserver l’exclusivité et le prestige des appellations d’origine contrôlée et/ou protégée.

Le revers de la Tartine

Cependant la France doit faire face aux limites de l’exportation de fromage. Doucement, elle se laisse surprendre et se fait doubler sur le terrain des cheddars, mozzarellas, fetas ou fromages filants à pizza, très en vogue en ce moment. Par ailleurs au-delà des effets de mode, la France doit également prendre mesure de problématiques sanitaires dans le cadre de l’export. Au regard des restrictions émises par les États-Unis, en ce qui concerne les fromages à pâte molle au lait cru, tels que le camembert et le brie, qui représentent un risque jugé inadmissible de contamination par Listeria monocytogenes par le géant de l’importation, la France est très largement freinée. De plus il existe désormais une joute entre les États-Unis et la France visant à contrarier les exports de chacun. Aussi suite à l’interdiction de commercialisation de bœuf aux hormones états-unien en Europe, la France a dû subir de lourdes représailles puisqu’on a vu apparaître une taxe de 300% à la douane sur le Roquefort français rendant ainsi le produit à un coût astronomique dans les assiettes américaines. Le conflit entre États-Unis et France est en fait, très encré puisqu’en qualité de premier producteur de fromage, les États-Unis se font durement concurrencé par la France qui en est le principal et le plus reconnu exportateur.

Une succulente séduction

Rien ne semble pourtant résister à la culture fromagère française qui gagne aussi bien les cœurs que les papilles, et qui invite avec générosité à un voyage gustatif d’exception au gré des régions et spécialités française. En cette qualité, le fromage français reste le leader invétéré pour faire fondre de bonheur le monde entier.

Mathilde BILLON

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