Manifestations : un nouveau système de comptage
Combien de personnes ont manifesté ce jeudi 22 mars ? Les chiffres vont être communiqués dans quelques heures. Mais cette fois-ci les médias ont décidé de compter eux-même le nombre de manifestants.
Cent vingt cinq mille participants pour la police. Un million trois cent mille selon les syndicats. Ce sont les chiffres de la manifestation contre la loi travail du 14 juin 2016. A chaque manifestation, c’est le même débat : Qui dit vrai ?Une vingtaine de médias dont France Inter se sont associés au cabinet d’études spécialisé dans le comptage public Occurrence, pour compter eux-même les manifestants lors de la grève des fonctionnaires en France ce jeudi 22 mars. Et pour plus de crédibilité.
Un comptage ancestral
Deux méthodes différentes pour compter les manifestants. C’est pour cette raison que la police et les syndicats ne se mettent jamais d’accord. La police utilise des compteurs à main. A chaque manifestation, quelques agents sont situés à deux points stratégiques. Par exemple, sur la rue Sainte Catherine entre la place de la Victoire et la place de la Comédie à Bordeaux, les agents seront généralement en hauteur, dans des immeubles pour compter les manifestants à la main. Ils estiment combien de personnes sont présentes sur chaque rangée. À chaque rang ils activent un compteur manuel et les additionne. Ensuite, ils utilisent un système de vidéo surveillance pour vérifier leur comptage. Avec une marge d’erreur de plus ou moins 10%. Les syndicats, eux se basent sur la longueur du défilé. Ils prennent en compte la largeur des rues, le nombre de personnes par rangée et la vitesse à laquelle elles avancent. Mais comme la police, les manifestants utilisent aussi le comptage manuel.
Une commission d’experts indépendants s’était même réunie il y a quatre ans, lassés des différents chiffres fournis par les différentes organisations. Le préfet de police de Paris avait nommé trois personnes, Dominique Schnapper du Conseil constitutionnel, Pierre Muller, ex inspecteur général de l’INSEE et Daniel Gaxie, professeur à Sciences Po. Le but ? Réfléchir à de nouvelles techniques de comptage. Dans son compte-rendu du 15 avril 2015, cette commission avait indiqué que les méthodes de comptage de la police étaient “les bonnes et les seules possibles”. Mais pour perfectionner le comptage, les experts avaient indiqué à la police de définir non plus deux mais trois points de comptage pour améliorer la précision. Elle leur avait également recommandé d’être transparent c’est-à-dire de diffuser les estimations en temps réel puis le chiffre définitif fourni avec l’aide de la vidéo surveillance.
Un comptage 2.0
Une vingtaine de médias dont France Inter se sont associés au cabinet spécialisé Occurence qui effectue un comptage avec deux capteurs placés en hauteur, le troisième étage d’un hôtel par exemple. Une ligne virtuelle est tracée sur la rue. Chaque manifestant qui franchit cette ligne est ainsi comptabilisé. Les trottoirs sont pris en compte. Et pour éviter que les manifestants ne soient compter deux fois, le cabinet utilise même la reconnaissance faciale.
La manifestation est donc filmée. Et les manifestants sont recomptés humainement sur ces extraits vidéo pour ajuster au maximum le décompte réalisé par les capteurs. Et surtout déterminer la marge d’erreur. “Cette technologie n’est pas nouvelle, elle existe déjà dans les centres commerciaux et les aéroports pour des mesures de sécurité” commente Assaël Adary, le directeur du cabinet Occurence.
Ce n’est pas la première fois que le cabinet Occurence compte les manifestants. Et que les médias font appel à ce cabinet pour être plus crédible. Le 16 novembre dernier lors de la manifestation contre la politique libérale du gouvernement, un test avait alors été effectué. Occurrence avait comptabilisé 8 250 manifestants. Pour la même manifestation de novembre, la préfecture de police de Paris a annoncé 8 000 participants. Et la CGT avait annoncé 40 000 participants à Paris.
