L’approche par impact au service des enjeux responsables ?

Tiphanie V.
Impact Responsable
Published in
6 min readSep 5, 2022

Jusqu’à présent quand je parle de l’approche par impact, je parle de la définition des critères de succès, soit des impacts que l’on veut voir se concrétiser sur notre business, nos produits, notre organisation. La question que j’ai été amenée à me poser récemment est :

“Comment embarquer les enjeux responsables* dans cette démarche?”

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*Ici responsable veut dire : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE, en anglais corporate social responsibility) désigne la prise en compte par les entreprises, sur une base volontaire et parfois juridique, des enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques dans leurs activités.

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Il semble intéressant de se demander si, au regard des impacts business, produits ou organisationnel (et de la valeur créée), il serait pertinent de mettre les enjeux responsables comme contraintes ou critères d’échec. Ceci permettrait de les positionner ainsi :

“La réussite des ambitions et des impacts de notre stratégie, est-elle réellement un succès, si il n’y a pas de prise en compte des enjeux responsables comme condition de réussite ?”

Aujourd’hui, est-ce qu’une vision, une stratégie business, produit, organisationnel, peut se permettre de ne pas prendre en compte les enjeux responsables dans ses réflexions?

Il nous apparaît qu’il devient fondamental de les adresser, soit par la limitation de l’impact négatif (Éco-Responsable), soit par l’atteinte de l’impact zéro (Durable) que notre écosystème génère. Pour les organisations plus avancées, préparées, matures, par la création d’un impact positif sur la planète (Régénératif).

Je vous propose de vous partager une réflexion en cours, attention elle est à l’état d’expérimentation. Elle mérite d’être encore confrontée, discutée, testée, et décortiquée. Je n’ai pas LA réponse, mais c’est en questionnant, essayant et partageant que nous pourrons avancer, j’en suis convaincue !

Voici l’idée :

“Et si on s’appuyait sur l’approche par impact, l’organisation par impact (avec ou sans le framework OKR) pour : poser, mesurer, tester, innover, se tromper et recommencer afin d’amener notre écosystème à tendre vers cette direction importante, obligatoire, du long chemin de l’écosystème responsable ? ”

Une fois ceci dit, et au regard de beaucoup de conversations estivales que j’ai pu avoir au sein d’OCTO (merci à tous mes collègues), voici le cheminement que je vous propose. Et si on le testait ?

Revenons au début de l’histoire.

L’enjeu de l’approche par impact est de permettre à des organisations de travailler leur stratégie au regard de critères de succès, permettant de mesurer si les chemins choisis les amènent aux impacts visés. Ainsi au regard de ceux-ci, de pouvoir prendre des décisions, faire des choix, et tenter des initiatives le tout en restant focus.

On regarde ici généralement 3 types d’impact

Impact Produit (ou Business)

Sur l’utilisateur final (le graal) : il est traité en priorité par l’équipe produit, généralement constituée de profils qui oeuvrent directement sur la construction et l’évolution du dit produit (product owner, product manager, développeurs de toutes les technologies nécessaires, designers, et autre au regard du produit concerné).

Impact Direct

Il concerne principalement les équipes travaillant en relation directe avec des clients, les prospects (qu’ils soient utilisateurs finaux ou non), comme le marketing, le commerce, les équipes support.

Impact Organisationnel

Il correspond à améliorer l’efficacité interne de l’entreprise pour améliorer in fine le business, il concerne toutes les équipes.

Retrouver plus d’élément sur le livre blanc “S’organiser pour avoir de l’impact”

Où mettre alors les impacts responsables?

La première possibilité, est la notion de contrainte, de condition de réussite (rappel de la question qui nous anime : “Est ce que nos succès en sont vraiment si les enjeux responsables n’ont pas été adressés par notre écosystème?” ).

C’est ainsi un moyen de faire les premiers pas, pour permettre à l’organisation de commencer à prendre les enjeux éco-responsables*, voire durables* en considération et surtout en main, pour entamer la démarche visant à diminuer, limiter, l’impact négatif de l’écosystème sur la planète.

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*Ici éco responsable veut dire : que l’on a réduit l’impact de notre écosystème sur la planète ou notre société par plusieurs moyens, voici des exemples d’angle :

  • Écologique : qui respecte l’environnement.
  • Social : qui concerne l’amélioration des conditions de vie et, en particulier, des conditions matérielles des membres de la société.
  • Ethique : ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un/ d’une entreprise.
  • Inclusif : qui intègre une personne ou un groupe en mettant fin à leur exclusion. (comme être capable d’adresser un certain nombre d’handicap numérique, le respect de la vie privée sans que ce soit au détriment d’une population…)
  • Eco-conception : qui permet de réduire les impacts négatifs du produit, service ou bâtiment sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie (ACV), tout en conservant ses qualités d’usage. C’est une démarche préventive et innovante.

*Ici durable veut dire : que l’on a limité l’impact négatif sur la planète ou sur les personnes à son maximum que l’on est arrivé à la neutralité, l’approche du développement durable.

Voici une représentation de celui ci :

Wikipedia

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Le chemin vers l’approche par impact au sein d’un écosystème est déjà compliqué, il amène à une transformation de l’ensemble du collectif sur plusieurs plans comme : la priorisation, la capacité à faire des choix, le changement de paradigm (solution vs impact) dès le plus haut niveau et pour toute l’organisation, la validation des hypothèses pas la mesure, l’acceptation de l’erreur comme un apprentissage…

Si les notions associées aux enjeux responsables sont formulées de la même manière et au même niveau, cela ajoute une complexité, car on en fait un sujet ciblé et non un sujet qui doit être pensé dans chacune des actions, décisions qui sont prises pour permettre l’atteinte des impacts business, produit, organisationnel.

La proposition est de l’aborder en ajoutant la notion de contrainte/de condition de réussite et en posant “simplement” la question responsable au regard des critères succès dans leur globalité.

Comment formuler les contraintes, critère d’échec, Key Failure Indicator ?

A ce stade d’expérimentation, je propose comme formulation :

“Obligation de” ou “Interdiction de” + verbe d’action + chiffre + contexte

Exemples :

  • Obligation de réduire de X l’impact carbone
  • Interdiction d’augmenter de N le volume de denrées alimentaires jetées
  • Obligation de limiter à X la consommation énergétique de nos services

Une fois les contraintes, conditions, déterminées, comment les suivre ?

Là encore on utilise les éléments déjà éprouvés de l’approche par impact :

  • tenter de poser/définir la data 0 (soit où en sommes nous aujourd’hui, quel est l’historique de cette mesure et le contexte associé, si nous ne savons pas chez nous que savons de l’extérieur, si on doit commencer à le mesurer comment cela se mesure et qu’est ce que cela implique pour notre écosystème)
  • exposer et partager une mesure régulièrement, elle doit être à la portée de tous. Vulgariser pour permettre une appropriation et une implication de l’ensemble des collectifs.
  • montrer les actions, les hypothèses associées et ce à tous les niveaux de l’écosystème.
  • s’assurer que des rituels de discussion débat échange existent pour tous les concernés

La différence avec les impacts/critères de succés/Key Result?

Dans chacun des impacts (KR) classiques posés (business, produit…), les actions menées pour les atteindre sont conditionnées par les contraintes / critères d’échec, et ils doivent être en mesure d’affirmer que celui-ci ne l’aggrave pas, à minima, voire l’améliore.

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La deuxième possibilité serait de mettre les enjeux responsables comme impacts, critères de succès, ou Key Result, en ajoutant les impacts responsables aux 3 autres grands types d’impacts cités plus haut.

A mon sens, il faut un pré-requis fort : que l’organisation soit déjà arrivée à une maturité avancée, c’est-à-dire que sa proposition de valeur et son business model soient orientés vers la création d’impact positif envers la planète. Ainsi dans sa stratégie les enjeux d’écosystèmes régénératifs sont déjà intégrés, c’est finalement leurs cibles.

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Ici régénératif veut dire : se voir régénérer, soit rendre à une substance (exemple la planète) ses propriétés initiales, altérées ou modifiées au cours d’un traitement.

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Les notions d’impact, de focus, d’expérimentation, sont acquis, les moyens et l’ensemble des décisions ont déjà un marqueur fort en prenant en compte que, quoi qu’il se passe, cela doit être pour tendre vers du régénératif.

En conclusion, que l’on définisse les enjeux responsables (qu’ils soient éco-responsables, voir durables, voir régénératifs) au travers de contraintes ou d’impact, c’est dans tous les cas un premier pas pour amener l’écosystème où l’on se trouve, à se poser les questions RESPONSABLES, qui sont fondamentales aujourd’hui pour notre monde de demain.

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Tiphanie V.
Impact Responsable

Coach produit à Paris chez @Yeita. Précédemment a travaillé @veepee.fr