Ai-je besoin d’assurance pour ma startup?

La version courte est: peut-être

La version longue est, de mon point de vue en tant que fondateur ayant eu recours à l’assurance, ainsi qu’en tant qu’investisseur aidant nos entreprises en portefeuille dans leurs choix d’assurance, que ce sujet demande quelques principes de théoriques.

Le principe de l’assurance est de protéger la valeur de ce que vous avez construit en dans les cas où certains événements se produisaient: une personne se blessant dans vos bureau, un hacker volant vos codes, un actionnaire irrité attaquant votre entreprise. Dans le cas ou l’un de ces evènements tout à fait probables, se produit, plutôt que de régler la note directement depuis le compte en banque de votre société, votre compagnie d’assurance paie pour eux. En retour, vous faites des versements réguliers à votre compagnie d’assurance, que ces évènements se produisent ou non.

Les mots clés ici sont “protéger la valeur”. Une startup qui est à peine plus qu’une idée écrite sur une nappe en papier n’a pas de valeur tangible. Il n’y a donc aucun besoin en assurance.

Les bureaux

La première fois qu’une nouvelle startup va avoir besoin d’assurance n’est pas car elle a subitement une valeur à protéger. Mais plutôt car elle a emménagé dans ses locaux, ce qui nécessite une protection. Ces locaux sont certainement des bureaux et le propriétaire de ces bureaux demandera à ce que son bien (sa valeur) soit protégé des activités liées à votre activité.

Des accidents arrivent, même dans des entreprises tech. Un jour, quand je travaillais dans ma startup, je déplaçais un gros serveur d’une étagère à l’autre et l’ai accidentellement fait tomber sur l’un de ma main et me suis ouvert le doigt. Un petit tour par l’hôpital et une demande de remboursement plus tard, tout allait mieux. Mais l’exemple sert de rappel en montrant que des accidents graves peuvent aussi arriver dans des environnements de travail plutôt calmes.

Le type d’assurance dont vous aurez besoin est une assurance biens et responsabilité civile. Cette assurance protège contre la détérioration des biens d’autrui et les dommages corporels. Cette couverture est bon marché et est considérée comme protection de base pour tous les autres produits d’assurance.

Si vous êtes curieux de connaitre ce que ces autres produits peuvent être, jetez un petit coup d’oeil à la liste des exclusions de votre assurance responsabilité civile. Vous remarquerez que tout ce qui est en rapport avec la responsabilité liée aux pratiques d’emploi, détresse émotionnelle, régimes de retraite, pollution, actes de terrorisme, cybersécurité ou encore risque nucléaire sont exclus. La liste de ces exclusions est relativement longue.

Si votre startup est toujours au stade pré-revenu / pré-MVP, la plus petite couverture disponible suffira. Vous ne protégez pas la valeur de votre entreprise, vous protégez la valeur minimum nécessaire pour votre propriétaire. Il vous est possible d’accomplir ceci en ajoutant le propriétaire des lieux en tant qu’assuré additionnel, un terme purement issu de l’industrie de l’assurance qui prédéfini quels peuvent les bénéficiaires, autres que votre société, au remboursement de sinistres.

Les clients

Pour les entreprises B2B, la prochaine fois que vous rencontrez de nouveaux besoins en assurance est lorsque vous effectuerez votre première grosse vente. Les grandes entreprises aiment avoir des contrats de services en place stipulant qu’ils sont couverts contre vous, dans le cas ou vous feriez quelque chose que vous ne devriez pas faire. Ceci se fait typiquement en souscrivant à une assurance Erreurs et Omissions. Au même titre que la responsabilité civile, son prix n’est généralement pas exhorbitant, et honnêtement il s’agit du prix à payer pour faire du business. De la même manière qu’avec votre responsabilité civile, vos clients souhaiteront probablement être nommés en tant qu’assurés additionnels sur votre police d’assurance.

Les fonds de Venture Capital

Chaque startup qui reçoit un investissement institutionnel (à savoir un investissement provenant d’un VC), surtout dans le cas où l’investisseur se voit octroyer un siège au conseil d’administration, se verra certainement demandé de souscrire à une assurance Administrateurs et Dirigeants.

Ce type d’assurance protège le fonds de Venture Capital individuellement et les fonds investis, des activités du conseil d’administration. En d’autres termes, du fait que le conseil soit en charge de beaucoup de choses, de la revue régulière et de la mise à jour du plan stratégique de l’entreprise à la rémunération du CEO, devra prendre nombre de décisions. Dans l’exercice de ce pouvoir décisionnel, il est possible que certains actionnaires se retrouvent irrités au point d’en venir à mener des actions légales. L’assurance Administrateurs et Dirigeants protège les intérêts des membres du board et donc par conséquent, la raison pour laquelle cette assurance est considérée comme un prérequis pour les investisseurs qui rejoindront le conseil d’administration.

Plus tard, les tours de financements suivants peuvent exiger que l’entreprise souscrive à une assurance Homme clé pour le Fondateur / CEO et éventuellement pour d’autres dirigeants clés. L’assurance Homme clé est une sorte d’assurance vie pour laquelle le bénéficiaire est l’entreprise plutôt que les héritiers de la personne couverte.

Il existe bien sûr d’autres assurances disponible, mais celles-ci sont les quatre auxquelles les entreprises tech font typiquement face les premières années.

PS: j’ai volontairement laissé de côté les assurances accident de travail, principalement car j’ai acquis mon expérience aux Etats-unis où le système de prestations d’indemnités d’accident de travail et d’assurance-maladie des employés est complètement différent, et le fait qu’en Ontario l’activité de développement de logiciel en est exempt par la CSPAAT. J’ai également laissé de côté la cyber-assurance, qui est pour le moment toujours relativement nouvelle et très peu nombreuses sont les startups qui y ont recours.