Que se cache-t-il derrière un prototype ?
Il y a maintenant un an que j’ai réalisé le premier test grandeur nature du premier prototype d’In-Spir. Je vous explique la démarche que j’ai suivie, et les enseignements que j’en tire.
Retour sur un an de développement technique.
Test & Learn
Mars 2017 : Après avoir sondé le marché, l’écosystème, réalisé des interviews, ça y est, c’est le premier saut dans le vide : le premier test du produit. Enfin, produit… Je teste ce que je peux tester : l’intérêt d’une entreprise pour le service que je propose. A l’époque, le discours est encore flou, mais je sais déjà dans quelle direction je veux aller. In-Spir, c’est déjà un outil pour aider à stimuler les réunions et favoriser le bien-être en entreprise. J’achète 2 diffuseurs, je les mets dans une boite en carton (attention, une belle boite, fabriquée pour l’occasion) et ça fait un diffuseur avec 2 parfums au choix : un parfum pour les réunions de créativité et un parfum pour les réunions plus classiques, qui demandent de la concentration — je ne parlerai pas ici du développement des parfums, mais seulement du diffuseur. Le voilà en image :
Pour les plus perspicaces, on reconnaitra ici l’apparition du logo, et la volonté d’avoir un design simple et épuré. Sur le moment, je n’ose pas vraiment le montrer, et j’ai cette fâcheuse impression que “ça ne fait pas pro”. Je me dis qu’au moins, j’aurai appris à arrondir du carton (et à ma décharge, ce n’est pas si simple !).
Pourtant, le premier test se passe bien (merci IMT Atlantique !); je glâne quelques retours, je valide les hypothèses de départ : la diffusion doit être plus contrôlée, et doit se faire en fonction du temps de réunion. Déjà qu’il faut des pancartes pour avertir d’éteindre la lumière de la pièce en partant, qui penserait à éteindre un diffuseur ?
Je pars sur une seconde itération.
Un petit pas pour l’Homme
Juin 2017 : Cette fois-ci, le diffuseur demande un peu plus de conception : il faut pouvoir choisir le temps de diffusion, et avoir un programme de diffusion adapté, ce qui avait pêché avec le premier “prototype”. Une imprimante 3D, une carte Arduino, quelques composants et surtout plusieurs heures de travail plus tard, nous voilà arrivés à une seconde version, qui, visuellement, est tout de suite plus “pro”.
Ça ne m’empêche pas d’avoir des bouffées de chaleur lorsque je l’installe pour le second test, chez Digitaleo. En fait, c’est toujours le cas quand on se confronte à la réalité après avoir travaillé sur quelque chose, tout seul de son côté. Est-ce que ça va fonctionner ? Est-ce que ça va plaire ? Que va t’on penser ?
C’est très facile de se rencentrer sur soi, se satisfaire de son produit, de ses performances sportives, artistiques, etc. C’est beaucoup plus compliqué lorsqu’il faut le montrer, et accepter les remarques, les défauts, les échecs. Pourtant, c’est bien ça qui fait avancer. Je sais que mon prototype n’est pas parfait, mais, le sera-t-il un jour ? Alors, malgré les appréhensions, j’y vais.
Le second test avec ce prototype valide les hypothèses que j’ai en tête depuis le début : il ne doit pas y avoir de manipulation à faire; l’utilisation doit-être simplifiée au maximum. Je rencontre encore des problèmes par rapport à la concentration des parfums, jugés trop forts. Je sais que c’est une problématique à laquelle je vais être confronté régulièrement; il n’y a rien de pire qu’un parfum entêtant, encore plus dans une salle de réunion. Cela va avec le fait de ne pas être intrusif, de ne pas diffuser lorsque les gens ne le souhaient pas. Pour être accepté, l’outil doit être facilement contrôlable, et surtout, il doit répondre à toutes les exigences de l’utilisateur.
L’intérêt est là, l’idée séduit, mais il faut faire évoluer le prototype pour répondre aux éxigences du cadre de l’entreprise.
Vous l’aurez compris, c’est parti pour une troisième version.
Petit à petit, l’oiseau fait son nid
Cette fois-ci, je me fais aider pour transformer le diffuseur en un objet connecté. L’idée de départ était de connecter ces diffuseurs à l’agenda de l’entreprise. Ainsi, plus besoin de s’embêter à allumer le diffuseur ou choisir son parfum, tout se fait directement sur l’agenda ! La simplicité, c’est ce qui est ressorti des premiers tests. Est-ce la bonne solution ? Je ne sais pas, ça me parait simple, et adapté à l’entreprise. Mais qui d’autre que mes clients peuvent le dire ?
Je fais évoluer le design en parallèle, et le diffuseur se transforme petit à petit en un joli livre, discret, que l’on peut poser sur la table.
Le produit fait encore un peu artisanal, mais là n’est pas l’important : je suis arrivé à une version qui permet de représenter intégralement le produit que je souhaite proposer. Pour vous en rendre compte, voilà comment vous servir de ce diffuseur :
Tout simplement. Ensuite que se passe-t-il ? Le diffuseur se met en marche au bon endroit, au bon moment, sans qu’il n’y ait rien d’autre à faire. Ah, j’oubliais, le programme de diffusion est adapté au temps d’utilisation.
Les diffuseurs vont cette fois-ci être installés chez Mediaveille. Oui, “Les” car il y en a 3, dans trois salles différentes. L’idée est de voir comment les collaborateurs s’approprient l’outils et quels sont leur ressenti. Je dois aussi me servir de ces tests pour trouver des données concrètes à mesurer.
Alors oui, les diffuseurs font encore trop de bruit, le design n’est pas optimal et il y a beaucoup de choses perfectibles, mais les retours positifs/négatifs vont me permettrent de passer un cap et proposer un service encore plus adapté aux utilisateurs.
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Quand je revois ce premier “prototype”, j’ai l’impression d’un petit jouet que j’avais fabriqué étant petit. Pourtant, non, c’était il y a à peine un an. Il est encombrant, pas très beau, en carton, mais je le garde et j’espère pouvoir dire dans quelques années : “ça, c’est notre point de départ”.
Alors ce que je retiens, c’est que le plus important, c’est le cheminement, les enseignements que l’on tire, pas le point de départ.
« Si vous n’avez pas honte de votre produit, c’est que vous l’avez sorti trop tard. » Reid Hoffman, co-fondateur de Linkedin
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