Voyage au coeur des neurosciences

L’apprentissage olfactif

Thibaut BEGUIER
In-Spir
3 min readApr 6, 2017

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Le cerveau de l’odorat

Les parfumeurs ont un cortex olfactif primaire plus développé que la normale. Dit comme ça, pas facile de comprendre ce qu’il se cache derrière. Je vous propose une courte revue de notre cerveau de l’odorat.

La particularité de l’odorat est qu’il touche beaucoup de zones différentes de notre cerveau. Il accède à la fois au lobe frontal, dans lequel se développent les stratégies cognitives, mais aussi au lobe temporal, dans lequel se forment la mémoire et les émotions. Lorsque l’on perçoit une odeur, toutes ces zones sont activées une à une. Mieux encore, des connexions se forment, reliant toutes ces parties du cerveau.

Nous possédons environ 80 milliards de neurones, et autant de cellules gliales — moins connues mais tout aussi importantes que nos neurones. La communication entre ces neurones se réalise dans des petites zones appelées synapses.

Lors de la réception d’un message olfactif, de nouvelles synapses sont créées, permettant la communication entre toutes les zones du cerveau concernées.

Des expériences ont montré que le signal électrique —représentant l’activité cérébrale — avait une fréquence plus élevée lorsque nous avions appris et mémorisé une odeur que lorsque nous sentions une odeur pour la première fois. Les connexions entre toutes les zones du cerveau se réalisaient beaucoup plus rapidement; le dialogue entre les différents groupes de neurones était plus important. D’autres expériences ont démontré que l’apprentissage olfactif pouvait notamment induire des comportements : en associant une odeur à une récompense, ou à l’echec par exemple. Ces applications feront l’objet d’un prochain article.

La conclusion de ces expériences ? Nous créons tous les jours de nouvelles synapses grâce à l’apprentissage olfactif.

Revenons maintenant à nos parfumeurs. En s’entrainant tous les jours à mémoriser des odeurs, ils entrainent notamment leur cortex orbitofrontal. Celui ci regroupe l’amygdale qui gère nos émotions (au passage, aucun autre système sensoriel n’a accès à ce point direct), l’hypocampe, qui s’occupe de la mémorisation, et le cortex piriforme qui, lui, s’occupe de la perception. Ils créent donc de nouvelles connexions — les fameuses synapses — et parviennent à mémoriser beaucoup plus d’odeurs que n’importe qui. Leur volume cérébrale dans les zones concernées par l’olfaction augmente grâce à leur entrainement.

Un exercice simple pour illustrer cet article : si je vous dis de fermer les yeux et de penser à la couleur rouge, vous arriverez assez bien à la visualiser. Si vous faites la même expérience avec un son, vous arriverez facilement à l’entendre. Maintenant, si je vous demande de sentir la rose, y arrivez vous ? Les parfumeurs, eux, si. Pourquoi ? Parce qu’ils ont crée suffisamment de connexions entre la mémoire, la perception et l’émotion.

L’odorat n’a pas d’âge. Grâce à lui, nous pouvons créer de nouvelles connexions partout dans notre cerveau, à n’importe quel moment, et éviter que ces zones du cerveau ne se réduisent. Alors, allez vous essayer de développer votre cerveau ?

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