On se rappelle toujours notre première fois…

…Une récession — Mauvaise ou bonne nouvelle ?

Inovia Capital
Conversations avec inovia
5 min readAug 25, 2022

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par Patrick Pichette

Je suis né en 1962. L’année de la crise des missiles cubains, l’année de la mort de Marilyn Monroe et l’année où les Beatles ont sorti Love Me Do. Oui, je suis si vieux que ça. Mais l’âge apporte certains avantages. Par exemple, j’entre dans ma cinquième récession en tant qu’adulte.

C’est pratique ces jours-ci, car avec les valorisations d’entreprises qui redescendent sur terre, de nombreux entrepreneurs viennent nous voir avec des questions très différentes d’il y a six mois.

Des questions comme : ‘’ Combien de temps ça va durer ? Comment dois-je m’y prendre ? Puis-je encore lever des capitaux ou est-ce que la valve est fermée ? »

Pour de nombreux jeunes entrepreneurs, ça pourrait bien être votre première récession, ce qui signifie que d’autres premières se dessinent à l’horizon. Par exemple, le premier changement de plans important à mi-parcours et peut-être une première grosse restructuration. J’ai donc pensé partager un résumé des nombreuses conversations que nous avons eues avec les entreprises de notre portefeuille depuis le début de l’année.

D’abord et avant tout : vent de face ou vent arrière ? Là est LA question.

Il existe une conception selon laquelle les récessions sont synonymes de périodes difficiles. Elles le sont au niveau macro mais pas nécessairement au niveau micro. De plus, les récessions en Europe peuvent être différentes de celles aux États-Unis ou en Chine. Une chose est certaine, pendant les récessions, tout le monde recherche la productivité, l’efficacité et les bas prix. Comment votre produit répond-il aux besoins des utilisateurs?

Si vous fournissez à vos clients des outils de productivité réels et immédiats ou essentiels à leur mission, cela peut propulser votre entreprise. Vous aurez des opportunités de gagner des parts de marché, d’innover et d’accélérer votre croissance. C’est pendant les récessions que Google et Facebook sont devenus des leaders. Vous voyez, ce ne sont pas que des mauvaises nouvelles !

Si vous êtes dans une situation favorable, c’est le moment d’accélérer le développement produit, ou même d’acheter un concurrent si vous disposez de ressources suffisantes. Comprendre la situation financière et la position de vos concurrents, ainsi que la vôtre, est plus important que jamais.

En revanche, si une récession vous envoie des vents de face, il est crucial que vous ayez le courage de reconnaître votre position et de prendre des décisions difficiles. C’est ainsi que vous aurez la chance de passer au travers et voir le prochain cycle de croissance.

Si vous avez de nombreuses années de ressources financières devant vous, conservez-les. Concentrez-vous sur la fidélisation de vos clients et ajustez la taille de votre organisation en vue d’une période de “vaches maigres”, tout en continuant à investir dans le produit pour être prêts pour le prochain cycle. (Et oui, c’est aussi l’opportunité de laisser aller vos employés à performance moyenne qui vous ralentissent.) Si tout ça est exécuté correctement, vous récolterez les fruits de votre patience.

Donc, comment devez-vous aborder la situation ? Permettez-moi de vous suggérer cinq points et actions spécifiques à considérer :

1. L’argent est roi, assurez-vous d’en avoir assez.

Si vous avez plus de 18 à 24 mois de liquidités, prolongez-les tout en continuant à rencontrer des investisseurs, y compris vos partenaires de capital de risque actuels et potentiels, afin qu’ils puissent suivre vos réalisations et renforcer leur conviction en vue de votre prochaine ronde. Ils se feront un plaisir de vous rencontrer.

Si vous avez moins de 18 à 24 mois, vous devez probablement lever des capitaux maintenant pour vous donner plus d’options — allez chercher une extension ou une ronde à une valorisation inférieure si nécessaire. Ceci sera également un bon test pour voir si vos bailleurs de fonds actuels croient vraiment en vous, votre histoire, votre équipe et votre stratégie. Mieux vaut le savoir maintenant.

2. Ayez la bonne taille d’équipe, mais ne sacrifiez pas l’innovation.

Les récessions sont toujours de bonnes occasions de faire le ménage. Ne réduisez pas les effectifs; ajustez plutôt leur taille afin d’avoir suffisamment d’individus pour soutenir votre prochaine phase de croissance. Par exemple, si vous en avez la possibilité, gardez certains de vos meilleurs recruteurs, car vous pourriez en avoir besoin dans les 12 prochains mois. Le marché est encore très compétitif pour les meilleurs talents, vous devez donc créer une culture et une structure qui vous distinguent. Assurez-vous que votre personnel se sente valorisé et sache que vous êtes toujours en train d’investir pour faire passer l’entreprise au niveau supérieur.

3. Soyez honnête au sujet de votre position concurrentielle.

Ce qui est vrai pour votre situation financière l’est aussi pour votre position concurrentielle. Cet environnement changeant est un test de leadership. Si vous n’êtes pas en mesure d’investir dans votre produit, vous pouvez être certain que certains de vos concurrents le seront, et votre actif pourrait alors rapidement perdre de sa valeur. Si ça se produit, les fusions et acquisitions pourraient être une bonne solution pour vous en sortir. Il n’y a rien de mal à sauver votre entreprise en vous associant à un concurrent plus grand et mieux capitalisé. Vous préservez ainsi votre équipe et le fruit de votre travail en les intégrant dans une histoire plus large.

4. Modifiez votre plan, puis modifiez-le à nouveau.

Ce sont des temps de grande incertitude. Quel que soit le plan que vous mettez en place, il sera probablement obsolète dans les 100 jours. Préparez plusieurs scénarios à tout moment — si vous n’en avez pas déjà plusieurs, vous êtes en retard — et soyez prêt à réagir à tout moment. Votre conseil d’administration doit également vous soutenir et vous aider à faire des compromis à mesure que la situation évolue.

5. Surcommuniquez

Maintenant plus que jamais, soyez en contact étroit avec toutes les parties prenantes de votre entreprise, y compris vos clients, vos employés et votre conseil d’administration. Cela vous aidera à garder l’organisation alignée et à retenir vos meilleurs talents à bord, même si la moitié du temps, vous n’aurez pas les réponses à leurs questions.

Chez Inovia, ce sont le type de conversations que nous avons avec les équipes de direction des entreprises de notre portefeuille. Nous sommes un véritable partenaire qui guide en toute humilité, parce que nous nous rappelons exactement de ce que nous avons ressenti lors de notre première fois.

Carpe Diem!

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