Pourquoi les premiers fruits et légumes du Printemps se font-ils tant désirer ?

Laura Jalbert
Deligreens
Published in
6 min readApr 8, 2018

Ça y est ! Les beaux jours arrivent, la fin de l’hiver se fait finalement sentir… Enfin, pas forcément quand on regarde du côté de nos fruits et légumes locaux, qui se font quelque peu désirer en ce début du mois d’Avril. J’ai mené mon enquête auprès de Wesley, qui s’occupe de dénicher chez Deligreens les meilleurs produits de nos maraîchers, pour qu’il nous explique tout sur cette période charnière pour les producteurs.

Laura : Wesley, tu m’as dit que l’inter-saison était compliqué cette année à Lyon. Peux-tu m’en dire plus ?

Wesley : Il y a deux-trois semaines, les températures ont chuté autour de -10°C dans certaines zones de la région lyonnaise, ce qui a fait beaucoup de casse dans les terrains. Même ce qui était sous serre a été touché, et ce sont donc toutes les plantations qui étaient prévues pour fin mars, début avril, qu’il faut replanter et re-semer. Ce coup de froid a donc retardé la nouvelle saison d’un mois environ, en même temps qu’il a mis un coup à la production encore en cours. Les carottes sont de plus en plus difficiles à trouver, les pommes de terre d’hiver sont moins jolies…

Une fin de saison hivernale en avance et un début de saison printanière en retard font que l’on se retrouve avec un trou de deux-trois semaines qui est assez compliqué à gérer puisqu’on n’arrive pas à trouver beaucoup de légumes.

Par exemple, les radis d’Olivier Pasquier qui devaient arriver au mois de Mars, ne sont finalement pas sortis à cause du coup de froid : il a donc dû replanter, ce qui a pris deux semaines supplémentaires. Pareil pour les épinards, les carottes fanes n’arrivent pas à pousser, pas assez de soleil pour les fraises… Même chose à la Ferme de l’Abbé Rozier : les salades demandent un climat assez lumineux, un peu de chaleur et de douceur pour grossir, mais avec le temps qu’il a fait elles poussent lentement : on se retrouve donc avec de la petite salade, comme de la salade d’hiver. Mais ça devrait s’améliorer d’ici deux à trois semaines.

L: Cette période est-elle unique dans l’année ou est-ce que l’on assiste au même phénomène à la transition entre été et automne/hiver ?

W: Non, nous n’avons pas du tout ce genre de période en automne, pour la simple raison que l’on passe du chaud au froid, c’est donc beaucoup plus fluide pour passer sur des légumes d’hiver puisque les plantations ne subissent pas de « coup de chaud ». Il est très rare d’avoir des retards de saison en automne, les températures sont encore assez clémentes au mois de Novembre même si on a quand même des coups de froid. Mars et Avril sont des mois compliqués pour les fruits et légumes.

L: Est-ce spécifique à la région lyonnaise ou bien retrouve-t-on ce même phénomène un peu partout ?

W: Nous avons une belle diversité en fruits et légumes dans la région lyonnaise, ce qui fait que ce creux se ressent très vite puisqu’on a l’habitude d’avoir un large choix. La variété des climats de notre région, entre l’Ardèche et l’Ouest Lyonnais par exemple, permet d’avoir de nombreuses plantations, ce qui se fait ressentir encore plus durement lorsque l’on traverse ce genre de période de transition. C’est ça qui fait l’effet de vide : de passer d’un catalogue très fourni en hiver, à un catalogue très restreint car tout est encore en attente.

Pour d’autres régions, comme en Provence, ça fait un mois qu’ils ont déjà un peu de soleil, que les thermomètres affichent 10°C de plus : les salades sont déjà beaucoup plus grosses, ils ont de l’asperge, de la fraise, les premières tomates commencent à pousser… Donc dans le Sud, on ressent moins l’intersaison. Dans le Nord en revanche, c’est de plus en plus compliqué, comme en Bretagne par exemple.

L: Quelles difficultés est-ce que cet intersaison compliqué engendre pour les producteurs et les acheteurs?

W: Pour les producteurs, la saison est compliquée à gérer pour eux puisqu’ils subissent une forte baisse de leurs revenus étant donné qu’ils n’ont pas grand chose à vendre. C’est une période stressante pour eux puisque tout est en terre en train de pousser et qu’il ne faut absolument pas qu’il y ait un coup de gel au dernier moment comme ça a pu arriver il y a quelques années à la fin du mois d’Avril, juste avant les Saints de Glace (les 11, 12 et 13, période traditionnellement redoutées par les agriculteurs pour les gelées tardives).

Pour moi en termes d’apport pour Deligreens, c’est compliqué parce qu’il faut se battre pour les quantités et le peu de légumes que l’on arrive à trouver. Tout le monde veut la même chose au même moment, on est à la fin de l’hiver, on en a marre de manger des carottes, des poireaux, des pommes de terre, du chou et de faire des soupes. Les beaux jours arrivent, on a envie de petites jardinières, d’oignons nouveaux, on veut du vert ! Du coup dès que ça sort, les quantités sont très limitées, les prix sont élevés, c’est le début de saison de tout donc on a un effet où tout va être très cher pendant deux ou trois semaines, avant de descendre assez rapidement.

Wesley attendant le début de la saison avec impatience !

L: Quels sont les premiers fruits et légumes qui vont faire leur arrivée sur Deligreens dans les prochaines semaines?

W: Nous avons déjà quelques asperges blanches, de Jean-Pierre Vindry et Bernadette Milhan. Les vertes, plus fragiles, arriveront d’ici une semaine ou deux. Nous allons avoir les premières fraises de Florent Mounier, les oignons nouveaux de la Ferme de l’Abbé Rozier et de Guillaume Gontel, toute comme les carottes fanes. Fin avril, début mai, on pourra se régaler des petits pois et des haricots d’Olivier Pasquier et de la Ferme de l’Abbé Rozier également. On aura aussi un peu de rhubarbe : à nous les bonnes tartes maison !

L: Certains fruits et légumes du Printemps ont fait leur apparition sur les marchés de Lyon, mais on ne les retrouve pas encore sur Deligreens. Comment expliquer cela?

W: En effet, sur les étals des marchés en ce moment on va trouver beaucoup de petits pois, des haricots, beaucoup de fraises, pomme de terre nouvelles, carottes fanes, oignons… La saison sur le marché a complètement commencé, sauf que les trois quarts viennent d’Espagne puisqu’ils ont une saison beaucoup plus clémente qui commence bien plus tôt que chez nous. Il y a de la première fraise française, mais c’est de la fraise du Sud, qui n’est pas encore exceptionnelle puisque pour qu’une fraise soit très très bonne il lui faut énormément de soleil, qu’il y ait de la chaleur pour produire un peu de sucre. Il faut donc se méfier un peu, on peut trouver plein de choses sur les marchés, qui viennent d’autres pays ou d’autres régions au climat plus clément, mais il ne faut pas vouloir aller plus vite que la musique : la saison arrive quand elle arrive, et pour nous c’est important de l’attendre chez Deligreens.

Les premières fraises et asperges sont en ligne sur Deligreens ! Vous avez jusqu’à ce soir, dimanche 8 avril jusqu’à minuit pour profiter de 5% sur tout le rayon fruits et légumes avec le code JE-ME-METS-AU-VERT ! On raconte que ça fait venir le Printemps plus vite…!

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