Comment susciter l’intérêt des enfants au musée ?

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8 min readApr 27, 2018

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Les enfants au musée : un public recherché mais pour qui ce lieu n’est pas toujours parfaitement adapté. Il est essentiel de donner aux jeunes le goût du musée car ce sont eux les visiteurs de demain. Mais ces petits visiteurs ne risquent-ils pas de s’y ennuyer et même de gêner la contemplation des autres visiteurs ?

Pour les accueillir dans de bonnes conditions et faire de la sortie au musée un moment agréable pour tous, petits et grands, l’équipe de smArtapps vous livre la synthèse de sa veille attentive sur ce thème : comment susciter l’intérêt des enfants au musée ?

Soyez accueillants !

Attirez-les avec une communication appropriée.

Pour cela, soignez votre image afin de ne pas apparaître aux enfants comme un lieu ennuyeux ou pire, où ils n’ont pas leur place.

Personne — ni vous, ni les enfants et surtout pas leurs parents — n’a envie que la sortie au musée soit une contrainte. Pour éviter cela, concevez votre communication — tant dans le choix des mots que des visuels — comme autant d’arguments utilisés par les adultes pour convaincre les enfants de se rendre au musée.

Mettez-vous dans la peau d’un attaché de presse : vous devez convaincre un « journaliste » (le parent) de couvrir et défendre le sujet que vous portez ; mais ce journaliste en parlera uniquement s’il pense que ce sujet intéressera son « lectorat », les enfants. Votre communication doit donc jouer sur ces deux niveaux : atteindre les parents pour convaincre les enfants.

Un exemple de communication décalée : celle du musée d’Orsay en 2015.

Gardez également à l’esprit que les plus grands surfent sur internet — et ce de plus en plus tôt, dès 8–10 ans. Anticipez leur visite sur votre site et vos réseaux sociaux : préparez des messages s’adressant à eux également. L’envie de venir au musée peut aussi bien venir d’eux que de leurs parents !

In situ, prenez en compte les spécificités de ce public.

Ne relâchez pas vos efforts in situ. Au cours de la visite, les enfants ont des besoins différents de ceux des adultes, sont sensibles à d’autres formes de présentation.

Par exemple, rares sont les enfants capables de rester concentrés pendant plus d’une heure. N’hésitez pas à proposer des parcours de 30 ou 45 minutes pour que les petits visiteurs — et leurs accompagnateurs — puissent profiter de leur sortie avant que la fatigue muséale ne se fasse sentir.

Les petits visiteurs sont également très friands de textes « cachés ». De nombreuses études prouvent qu’un texte placé sous un clapet à soulever attirera les enfants et sera, paradoxalement, bien plus lu qu’un texte placé à la vue de tous.

Et pour faire (re)connaître votre engagement en faveur du jeune public, pourquoi ne pas devenir officiellement un « Musée Joyeux » ? Adhérez à la charte de l’association Môm’Art et aux dix droits du petit visiteur : ceux de visiter à son rythme, de s’assoir et poser des questions, de ne pas tout regarder… Montrez à tous, parents comme enfants, que votre institution est autant un endroit où l’on s’instruit qu’un lieu où l’on s’amuse et passe de bons moments.

Enfin, si votre équipe comporte des médiateurs aguerris, n’hésitez pas à étoffer votre offre, au-delà des formats traditionnels. Par exemple, de plus en plus de musées proposent aux enfants de 7 à 12 ans de fêter leur anniversaire. L’anniversaire, quand il prend la forme d’une visite suivie d’un atelier et s’achève par le goûter, peut tout à fait être le moment d’une découverte curieuse et instructive. Qui plus est, l’anniversaire permet d’associer le musée à une célébration heureuse, à une réunion avec des amis et ne peut donc que contribuer à créer un lien fort et positif entre l’institution et ses petits visiteurs.

Proposez une offre adaptée.

À chaque âge ses centres d’intérêt.

Ils sont de plus en plus nombreux, les musées à proposer des ateliers « parents-enfants » même pour les tous petits. Ces très jeunes visiteurs (moins de 5 ans) aussi ont leur place au musée, à condition de bénéficier d’une médiation adaptée. On n’apprécie pas les mêmes choses à 4 et 12 ans ; il faut le prendre en compte au moment de concevoir sa médiation. Le meilleur moyen de donner le goût du musée aux petits visiteurs est que sa fréquentation entre en résonnance avec leurs centres d’intérêt.

Ainsi, les tous petits (3–5 ans) seront sensibles à des œuvres aux couleurs vives et qui présentent un mouvement. Autour d’œuvres correspondant à ces caractéristiques, vous pouvez proposer des ateliers parents-enfants visant à éveiller les capacités motrices et d’attention des petits.

Pour les 6–8 ans, privilégiez les visites autours de contes et comptines : des histoires aptes à capter et retenir leur attention, et à partir desquelles vous pouvez créer des liens avec vos collections.

Dès 8 ans, les enfants se prennent de passion pour certains métiers et se plaisent à imaginer celui qu’ils exerceront une fois grands. Exploitez ces aspirations ! Selon que vous êtes un musée de sciences, d’histoire, de civilisation ou de beaux-arts, proposez-leur de passer leur diplôme de chimiste, d’archéologue ou autre et profitez-en pour leur faire découvrir vos collections.

À partir de 10 ans, plutôt qu’une visite guidée — transposition d’un type de médiation adapté aux adultes mais assez peu aux enfants –, préférez une visite scénarisée : enquête, visite théâtralisée en compagnie d’un personnage historique, murder party

Quant aux ados inséparables de leur portable, rien ne vous empêche de capter leur attention aussi sur leurs écrans grâce à une application « guide de visite ». 😉

L’application “Cyclops, explorateur des océans”, réalisée pour l’Océanopolis de Brest, comporte de nombreux jeux à destination du jeune public.

Faites-les jouer !

Les enfants préfèrent de loin la pratique à l’écoute passive et retiennent bien mieux les connaissances dont ils font l’expérience que celles qui leur sont présentées de façon abstraite. Alors faites-les jouer et mettre la main à la pâte !

Une visite suivie d’un atelier permettra aux plus jeunes de mettre en pratique leurs connaissances tout en leur offrant l’occasion d’échanger avec leurs camarades.

N’hésitez pas non plus à encourager les parents à jouer avec leurs enfants au musée : de nombreux jeux peuvent s’effectuer dans le calme, sans déranger les autres visiteurs.

Pour cela, vous pouvez mettre à l’accueil un livret-jeux à disposition des familles — dans l’idéal, un livret adapté à chaque tranche d’âge. Le livret-jeux ne devrait pas comporter plus d’une quinzaine de questions pour ne pas lasser le petit visiteur. Il ne devra pas non plus faire appel à des connaissances extérieures, l’enfant doit pouvoir le compléter intégralement rien qu’en étant attentif.

Si vous avez les moyens de les entretenir et de les disposer dans l’espace d’exposition, les puzzles sont également un excellent moyen d’encourager les enfants à observer les œuvres autour de lui.

Enfin, pour permettre aux jeunes visiteurs de découvrir vos collections de façon ludique et divertissante, pourquoi ne pas miser sur une application au contenu scénarisé ? Les enfants sont à l’aise avec l’outil numérique et friands d’histoires dans lesquelles se mettre en scène ; l’application est donc un excellent moyen de capter et retenir leur attention. Ça tombe bien : on lance justement en ce moment notre premier appel à projets, « L’application la plus créative » ! Vous avez jusqu’au 20 juin 2018 pour proposer l’application la plus intrigante, drôle, captivante. Le projet lauréat sera réalisé gratuitement par nos soins avant la fin de l’année 2018. ✌️

Mais il n’est pas forcément besoin de matériel pour s’amuser ! Sensibilisez les parents à des jeux qui ne nécessitent aucun matériel. Les familles peuvent par exemple parcourir le musée à la recherche d’un thème ou motif particulier — l’animal préféré de l’enfant par exemple. Une fois dans le musée, pour inciter les enfants à regarder attentivement les objets présentés, les parents peuvent également leur faire deviner une œuvre ou un détail exposé dans la salle. Ainsi, à Blois : « Je cherche un animal petit, blanc, à fourrure… ». C’est une hermine !

De nombreux autres « muséogames » sont répertoriés sur le site de l’association Môm’art.

Trouvez des alliés.

Si vous avez du mal à conquérir les enfants directement, ne désespérez pas : la partie n’est pas perdue. 😉 Vous pouvez capter leur attention grâce à des tiers : leurs professeurs ou leur famille.

Ainsi, le Louvre-Lens propose aux grands-parents des stages pour apprendre à parler d’histoire de l’art à leurs petits-enfants. Gratuits, ces stages rencontrent un grand succès.

Appuyez-vous également sur les enseignants de la région. Pourquoi ne pas leur proposer un partenariat sur le long terme, à la façon de « La classe, l’œuvre » plutôt qu’une visite isolée ? Ce dispositif permet aux enseignants de construire, en concertation avec les équipes du musée et autour de ses collections, un projet pédagogique qui se déploie sur toute une année.

Au cours de l’année scolaire, les élèves vont se rendre plusieurs fois au musée pour en étudier les œuvres et leur histoire. En parallèle, ils travailleront à un projet commun qui donnera lieu, en fin d’année, à une présentation devant leurs parents : un bon moyen d’encourager leur motivation et leur investissement.

Ce partenariat est d’autant plus intéressant que l’école reste, à ce jour, le seul moyen de toucher toutes les classes sociales et de cultiver, chez tous les enfants, le goût et la fréquentation du musée.

Et vous, quelles initiatives recommandez-vous pour susciter l’intérêt des enfants au musée ? 😊

Ressources

Pour entretenir votre inspiration, voici quelques initiatives intéressantes à étudier :

- Le musée en herbe : un musée — littéralement — à hauteur d’enfant, pensé pour eux et en fonction de leurs centres d’intérêt.

- Le Centre Pompidou : le premier musée au monde à proposer en son sein un espace spécifiquement dédié aux ados, le studio 13–16 qui propose une riche programmation de rencontres, ateliers…

- La communication sur les réseaux sociaux du musée Saint-Raymond de Toulouse, humoristique, décalée et follement sympathique.

- L’intervention de Mélanie Maignan-Sachon du musée de Sainte-Croix de Poitiers : comment parler d’une œuvre à un enfant ?

- Le site de l’association Môm’Art, abondamment cité dans cet article, est une véritable mine d’or d’informations.

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