Les dessous de la médiation in-situ au Musée d’Art Moderne de Paris.

Pour cette troisième édition de notre série d’articles SPOTLIGHT, où l’on met en avant les expériences de nos clients, nous avons discuté avec Annabelle Constant, responsable du service éducatif et culturel au Musée d’Art Moderne de Paris.

Après plusieurs mois de conception et de développement, la réalisation du “guide de visite” sous forme d’application mobile sur smartphone voit le jour au moment de l’inauguration du musée le 11 octobre 2019. Mme Constant partage les priorités et la stratégie du musée, ainsi que les objectifs à atteindre par le biais de ce nouveau moyen de médiation. Rencontre.

smArtapps : Avant le développement de votre application guide de visite du MAM, quels autres dispositifs de médiation aviez-vous dans votre établissement ?

AC : Nous avons, depuis toujours, mis au cœur des collections, mais aussi des expositions temporaires, des textes de salle bilingues français et anglais, qui présentent les sections du parcours de visite ainsi que des cartels développés pour certaines œuvres. Cela permet d’accompagner le visiteur dans sa compréhension des œuvres et des grands mouvements artistiques des différentes collections.

Des vidéos présentant des artistes au travail ou dans leurs ateliers, ou des interviews d’artistes, parsèment souvent les parcours d’exposition ou des collections et sont d’autres méthodes d’accompagnement du public lors de la visite. De même, des aides à la visite reprenant le discours de l’exposition et son contenu, sont distribuées gratuitement à l’entrée des collections, notamment pour les expositions temporaires.

Un plan papier distribué à l’entrée permet aux visiteurs de repérer les espaces d’accrochage et de visualiser tous les étages du musée; figure plus particulièrement sur ce plan papier : un plan général des collections avec le titre des sections.

Pour certaines expositions temporaires, des audioguides et visioguides sont parfois réalisés et mis à disposition du public (surtout pour les expositions d’art moderne : Sonia Delaunay, Albert Marquet, Bernard Buffet, Zao Wou-Ki, Derain Balthus Giacometti), tout comme des applications mobiles qui ont déjà été conçues pour permettre aux visiteurs de découvrir une exposition par le biais de commentaires d’un artiste, des commissaires de l’exposition ou d’un écrivain connaissant bien l’artiste présenté, je pense notamment à David Altmejd, Andy Warhol, Carl Andre, Paula Moderson-Becker qui ont bénéficié de la réalisation d’une appli mobile.

Évidemment, il est important aussi de citer le travail du service des publics dans l’accompagnement du visiteur à travers des visites guidées ou des activités en atelier.

Pourquoi avez-vous misé sur l’application guide de visite après l’inauguration ? Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Pour la réouverture du musée et à l’occasion du grand parcours de réaccrochage des collections permanentes, il nous a semblé évident de pouvoir permettre au plus grand nombre de visiteurs de consulter un contenu facile d’accès via une app mobile gratuite sur smartphone, et de pouvoir ainsi parcourir de façon autonome et instructive les collections à travers plusieurs parcours de visite très spécifiques. Vous pouvez ainsi visiter les collections par le biais de commentaires sur les chefs-d’œuvre et choisir un parcours court ou long (en fonction du temps dont vous disposez), un parcours à vivre en famille, un parcours dédié aux 11–14 ans. Ces parcours suivent, de façon autonome, la réalisation d’une enquête qui amène les visiteurs à parcourir les collections et découvrir les œuvres. De plus, nous aurons, bientôt, un parcours en langue des signes pour les publics malentendants… Autant de façon de s’emparer des collections et d’apprendre sur les œuvres et les artistes en toute facilité.

Cela permet à un public individuel de se sentir accompagné. Pour le public étranger, il s’agit d’un véritable plus de pouvoir se promener dans les salles avec des commentaires d’œuvre en anglais, les rendant ainsi plus autonomes.

Ce projet au musée d’art moderne a pu voir le jour grâce à Terry de Gunzburg, fondatrice de By Terry, la mécène de cette application, qui a trouvé le concept des parcours absolument indispensables et forts intéressants pour élargir l’accès à tous des petits au plus grands.

Comment choisir ses priorités dans un projet de médiation ?

Tout part de la programmation et de l’accrochage. Il s’agit d’un travail d’équipe entre la conservation, le service numérique de Paris Musées et le service des publics pour ensuite passer à de multiples prestations autour du contenu comme l’oralisation des textes et les enregistrements effectués par des comédiens. Dans le cadre des collections du MAM, nous avons des chefs-d’œuvre incontournables et nous avons mis la priorité sur le contenu à fournir autour de ces chefs-d’œuvre., Le discours est adapté, que ce soit pour le parcours pour les familles qui a été rédigé par le service des publics du musée, et le parcours adolescent (11–14 ans) qui a été écrit par une rédactrice spécialiste de cette tranche d’âge si particulière à captiver.

Quel est le plan d’action de communication après la sortie de votre appli ?

L’application mobile est bien sur référencée sur les stores, mais elle apparaît aussi sur le plan papier distribué à l’entrée du musée. Nos écrans d’infos dynamiques dans le hall y font référence et une page sur le site web du musée présente cet outil. Sous l’intro en salle, la possibilité de pouvoir se faire accompagner dans les collections par une app est reformulé et mis en avant. Le relai des agents d’accueil du musée et de l’équipe de médiation est aussi primordial dans la communication sur l’application mobile.

Sous peu une tablette au point info du musée présentant l’appli sera mise en place. Nous cherchons constamment à développer nos moyens de communication et serons toujours dans la proposition de ce dispositif numérique à nos publics.