Hervé Juvin : “Je ferais du libéralisme une arme économique au service de la France.”

Institut de l'Entreprise
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6 min readDec 9, 2016

Mercredi 30 novembre, à l’invitation de l’Institut de l’entreprise, 12 intervenants de la société civile se sont rêvés l’espace d’un instant dans la peau du prochain Président de la République. Hervé Juvin, président de l’Observatoire Eurogroup Consulting, défend un libéralisme national. Retrouvez son discours ci-dessous.

Françaises, Français,

Il nous arrive cette chose affreuse, que Marc Bloch dénonçait au soir de la débâcle de juin 40, que le sort de la France n’est plus entre les mains des Français.

Une entreprise bretonne qui s’interroge sur une implantation en Iran se voit répondre par un fonctionnaire du Quai d’Orsay que mieux vaut aller voir l’ambassade des États-Unis.

Le président d’une banque française, durement frappé par les sanctions américaines, annonce que son entreprise se met totalement en conformité avec les lois américaines et suit les directives du « Department of justice » américain.

L’ancien président de Shell, M. Peter Sutherland, reconverti dans le trafic des migrants, donne l’ordre aux Nations européennes d’abandonner leur unité nationale, aux entreprises de faire de la diversité le premier critère de leurs recrutements. Et il est obéi.

Je pourrais multiplier les exemples, tous disent la même chose. La France a perdu sa souveraineté, donc sa démocratie ; le pouvoir des Français de décider de leur destin. Et elle est touchée dans sa souveraineté économique, par un libre échangisme naïf, par un économisme perverti, qui réduit l’entreprise à ses quantités, et par un globalisme agressif qui travaille à aplanir le monde pour améliorer le rendement du capital. Je ne l’accepte pas.

  • Je veux renouer le lien entre les entreprises et les Français, ce lien que les errements fiscaux et les dérives de l’assistance, mais aussi l’agression de la finance et de la globalisation ont rompu. La France n’est rien sans des entreprises porteuses des préférences des Français et de la marque France, prospères et rayonnantes dans le monde. Mais les entreprises françaises ne sont rien si le cadre légal, fiscal et social leur est imposé de l’extérieur, et leur pérennité est en danger si leur réussite n’est pas la réussite de tous les Français. Je fixerai à mon gouvernement l’objectif qu’un Français sur deux soit actionnaire direct d’une entreprise française, grande ou petite. Le renouveau de l’actionnariat populaire est une priorité. Une entreprise française est d’abord une entreprise dont la majorité des actionnaires sont français, qui les connaît, qui les considère et qui les rémunère. Je corrigerai les dérives de la fiscalité sur le capital et de ses revenus, de manière à favoriser la détention longue des actions, l’engagement durable et la qualité d’associé en entreprise.
  • Mon gouvernement définira des critères et des indicateurs de la Responsabilité Nationale et Environnementale des entreprises, qui remplaceront la Responsabilité sociétale et environnementale (RSE) et feront l’objet d’une déclaration annuelle. Des officines diverses, à la solde de Fondations et d’ONG mondialistes, imposent aux entreprises des indicateurs et des critères qui visent à détruire l’identité nationale, à mettre sous contrôle notre indépendance nucléaire, à renoncer à nos préférences collectives. Au nom de la diversité individuelle, elles imposent un agenda qui fait de la terre, de la mer, des hommes et de la vie elle-même des marchandises comme les autres. Elles agitent des minorités agressives qui vident de leur sens les mandats politiques et terrorisent la majorité. Je libérerai les entreprises françaises du carcan idéologique qui leur interdit d’embaucher qui elles veulent, de servir d’abord leur territoire et de préférer la France. La responsabilité de l’entreprise est de respecter les valeurs et les préférences collectives, de protéger les biens communs et de servir les choix politiques des Français.
  • Je demanderai que soit engagé le réarmement de la France dans le domaine de la guerre économique. La guerre économique est une guerre du droit, une guerre des indicateurs et des classements, une guerre de l’influence et de l’information. Une Autorité de la Sécurité Economique, dotée de moyens d’enquête étendus, ceux du parquet financier, ceux de la cybersécurité, ceux de l’Autorité des Marchés Financiers, sera le moyen de contrôler toute opération de capital étranger en France, comme le fait l’OFAC aux États-Unis, de protéger les secteurs en émergence ou en renouveau, de défendre la diversité de notre tissu économique. Elle pourra interdire de manière discrétionnaire toute prise de contrôle d’une société française par des capitaux étrangers. Un Commissariat à la stratégie économique rattaché au Premier ministre réunira tous les moyens de l’État pour servir les projets des entreprises, petites ou grandes, qui lui seront soumis et qui seront jugés d’intérêt national. Il disposera notamment des moyens du Fonds souverain, constitué à partir du désengagement de l’État du capital d’entreprises où il est inactif, impuissant ou incompétent. L’État actionnaire est trop souvent mauvais actionnaire, c’est par la loi, la norme et la force qu’il affirmera son autorité et remplira sa mission de sûreté économique des acteurs français.

J’affirmerai un patriotisme économique sans tabous et sans préjugés. Partout où c’est possible, le plus de marché, de concurrence et d’ouverture ! Partout où l’intérêt national est en jeu, la coopération de tous les moyens publics et privés pour remporter des contrats, garantir l’indépendance de nos entreprises, éliminer les prédateurs. Ce n’est pas se fermer au monde, c’est le regarder comme il va ! Voyez l’Inde de Nrendra Modi, la Chine de Xi Jin Ping, Israël, the entrepreneurial State, voyez le Royaume-Uni du Brexit et les Etats-Unis de Donald Trump ! La page du libéralisme naïf est tournée, ce n’est pas le protectionnisme qui le remplace, c’est la maîtrise des échanges. Le chapitre de la mondialisation naïve se ferme. Il a enrichi des centaines de millions de paysans asiatiques, ce n’est pas le problème d’un président français. Il a placé quelques multinationales et une poignée de dirigeants au-dessus des États, c’est un problème que la France doit résoudre. Et il a réduit au chômage, bouché l’avenir de millions d’ouvriers et de paysans, il appauvrit et fait douter de l’avenir ces classes moyennes qui sont le creuset de nos démocraties.

Je ne l’accepte pas.

Mon projet économique doit réveiller la confiance, le désir et l’envie de France. Les experts hors sol qui nient la vertu des frontières, réduisent les identités à un archaïsme et les singularités nationales à des accidents de l’histoire, sont responsables des échecs constants de la politique économique. Que nous disent d’autre les États-Unis ? Agissons comme ils agissent, pas comme ils nous disent d’agir. La France et les Français d’abord ; pour celui qui conduit le destin de la France, il ne peut y avoir d’autre principe, il ne peut y avoir d’autre politique. Le patriotisme économique est la voie du redressement des entreprises françaises, inséparable d’un État fort pour faire respecter les règles du marché à l’intérieur, pour promouvoir et pour défendre les entreprises françaises à l’extérieur. Et il est le moyen d’un élan collectif qui rendra à la France sa productivité et sa compétitivité, grâce à ses deux grandes oubliées de la mondialisation ; la confiance et l’unité.

La France ne gagnera pas si elle n’est pas la France, Les Français ne gagneront pas s’ils ne savent plus dire nous avec confiance, avec fierté, avec engagement. Je suis du parti de la France. Chaque fois que c’est possible, le plus de marché possible. Mais chaque fois que l’intérêt national est en jeu, que l’autorité de l’État, l’esprit d’entreprendre et la volonté de la Nation ne fassent qu’un et s’accordent strictement, pour que les entreprises de France gagnent, pour que le peuple de France gagne !

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