Comment proposer des grilles de lecture inédites pour le designer ?
Instrumenter la réflexion sur sa pratique du design
Pour déclencher une posture réflexive, l’individu fait appel à d’autres grilles de lecture que les siennes : il doit sortir de sa zone de confort, de ses manières habituelles d’observer, de comprendre et de réfléchir pour suivre de nouvelles grilles de lecture, généralement proposées par d’autres individus lors d’échanges. Ces nouveaux points de vue sur l’activité et sur soi peuvent être de nature computationnelle et donc logique.
Notre instrument a ainsi le potentiel pour proposer différentes grilles de lecture au designer. Grâce à sa connaissance des états de l’activité, des traces et des outils numériques utilisés, l’instrument peut orienter ses questions et son accompagnement réflexif selon les paramètres individuels du designer. Nous pensons par exemple à l’instrument questionnant davantage le designer sur ses usages des outils numériques si l’instrument comprend une utilisation récurrente de ceux-ci, ou, au contraire, l’instrument peut s’intéresser à un aspect à priori insignifiant pour le designer.
L’enjeu sous-jacent de notre outil est d’exploiter les ressources de l’activité design du designer comme matière à réflexion sur sa propre pratique. Par le biais des traces collectées, le designer renseigne des informations en retour des suggestions de l’instrument, puis ces informations sont convoquées dans l’accompagnement réflexif du designer par l’instrument. Nous croyons ici en l’apport des composantes de la pratique du designer dans la démarche réflexive sur soi. La nature computationnelle de notre instrument le contraint à générer des grilles de lecture logiques (structure conditionnelle booléenne) : nous intégrerons et proposerons donc des grilles de lecture existantes liées à la relation entre le designer et l’outil, le designer et l’activité, la prise de conscience de ses actions, etc.
Nous ne concevons pas cet instrument comme la finalité idéale de notre recherche mais au contraire comme un outil de recherche modulable et ouvert. En effet, des grilles de lecture peuvent être intégrées à notre instrument sans nécessiter une maîtrise technique particulière : un fichier de configuration — et dans une phase plus avancée du projet une interface back-office — permet de compléter la liste des retours réflexifs possibles selon divers paramètres (questionnement de l’outil, de la maîtrise de l’outil, des aptitudes mentales, du ressenti, des objectifs, etc). Il y a ici l’opportunité à court-terme d’itérer sur des questions de formulation et de scénarisation des interfaces de saisie. La structure technique du projet est donc compatible avec de futures collaborations et expérimentations.
