Dystopies climatiques et mégastructures
Ce triptyque dépeint un monde dans lequel l’humanité a dû s’adapter à des conditions météorologiques extrêmes où des vents violents soufflent en permanence. Ce contexte climatique a entraîné une modification profonde de l’architecture et de l’habitat.
Le déplacement à grande vitesse de gigantesques masses d’air a influencé ces mégastructures, devenues, en trois zones géographiques distinctes, les refuges de l’humanité. Naturellement, c’est donc l’architecture et son approche unique, contrainte par des conditions climatiques exceptionnelles, qui lie ce flanc de montagne, ces gorges de canyons et cet océan tumultueux
L’intégration d’enjeux politiques, environnementaux et technologiques forts transcendent le projet et le transportent au-delà de la simple représentation architecturale. Afin de comprendre le contexte de chacune de ces scènes et de méditer sur leur portée poétique, un texte descriptif les accompagne.
Montagne
Installée sur le versant le plus exposé aux vents violents d’altitude, cette colonie n’eut d’autre choix que de se réfugier au cœur de cette abrupte formation rocheuse. Un gigantesque tunnel fut creusé, traversant de part en part le sommet de la montagne, pour atténuer la pression exercée par le vent sur le sommet, dont l’érosion lente mais certaine menaçait la colonie. Ce puits artificiel crée un effet venturi colossal et ré-oriente les bourrasques de vent pour éviter que celles-ci n’érodent la paroi rocheuse. Avant-poste climatique stratégique, ce tunnel en plein cœur de la montagne peut utiliser l’effet venturi pour produire des sons et ainsi prévenir les colonies des vallées voisines en cas de fortes tempêtes. Alertées grâce aux sifflements produits par la trouée, les populations situées en aval peuvent se protéger à temps.
Gorges
Déchirée par la chaleur insoutenable et permanente, cette plaine devenue canyon a su conserver un échantillon de vie en son sein. Tapis dans l’ombre de ces gorges sinueuses, abrité des températures extrêmes, un écosystème s’est développé. Pour se protéger des vents de couloir extrêmement violents dus au différentiel thermique entre le fond du canyon et la surface brûlée du désert, cette véritable cité-jardin a bâti des portails. Protégés de l’effet venturi généré par les crevasses, différents peuples cohabitent, emmurés. Ces murailles, au-delà de préserver les populations des vents excessifs, dessinent la structure sociale de la ville. Cloisonnés par les mêmes portes censées assurer leur survie, les citoyens de cet îlot de vie n’ont d’autre choix que de se plier aux lois des maîtres des portails. Ceux-ci contrôlent intégralement les flux humains et marchands : mercantiles, ils exigent des droits de passage, dessinent de nouvelles routes commerciales et dominent la géopolitique de la région. Cet excès de pouvoir a donné lieu à de multiples soulèvements populaires, ayant entraînés l’exil de certains, reclus aux frontières de la cité-jardin, zone la plus éloignée du cœur de la ville.
Océan
Cet océan, visible jusqu’à l’horizon, recouvre une plaine autrefois luxuriante. Pour survivre face à l’arrivée de cette étendue d’eau sans fin, les populations présentes furent obligées de se réfugier en hauteur. Échapper aux bourrasques et aux pluies diluviennes, devenues maîtresses de ce paysage en mouvement, ne fut possible qu’en taillant dans la roche pour dégager un espace protégé des vents et des tempêtes. Là, contre ces parois devenues verticales, des tribus entières trouvèrent asile. Avec le temps, chaque rocher devint un village, se distinguant de part son nom et la disposition de ses habitations contre sa façade. Isolées les unes des autres par la perpétuelle force des éléments, les tribus communiquent avec leurs voisines en mettant en mouvement l’ensemble des constructions dont elles disposent le long de la paroi caillouteuse. C’est en faisant parler l’architecture qui les maintient en vie qu’elles sont capables de s’exprimer et de continuer à évoluer tant en communauté.
