Vacances à Oradour

Guillaume Henchoz
Ithaque Reportages
Published in
13 min readJan 20, 2016

Des ruines. Des touristes. Un musée. Pas de cafétéria. Tu es à Oradour, village limousin où le temps s’est arrêté le 10 juin 1944. Avais-tu vraiment besoin de te rendre sur un lieu de massacre pour t’en figurer la portée ? (reportage publié dans Ithaque #5, hiver 2013–2014).

Tu repères les panneaux sur l’autoroute. “Oradour-sur- Glane”. Oradour, c’est ce village dont les habitants ont été massacrés par les nazis, non? Tu en as déjà entendu parler. Dans la voiture, la conversation s’oriente autour de l’histoire, de la mémoire, du tourisme et de la commémoration. Tu es titillée. Tu n’es pas Française et ce sujet a quelque chose d’un peu exotique pour toi. Tu sais que tu vas utiliser quelques-uns de tes précieux jours de vacances pour traîner dans le coin. Poser des questions, prendre l’air. L’air de rien. Tu réalises à quel point ce sont les sujets qui te trouvent et non l’inverse.

Quelques jours plus tard, tu révises tes fiches d’histoire au bord de la piscine avant de tracer vers Oradour. Le récit des faits ne prête pas vraiment à question. C’est le “pourquoi” qui pose problème. Le 10 juin 1944, un détachement SS de la division Das Reich pénètre dans la paisible bourgade du Limousin. Les habitants sont réunis sur la place du Champ de Foire, au centre du village. Pendant ce temps, les SS fouillent les maisons et rabattent les personnes restées chez elles vers le lieu de rassemblement. La population civile est ensuite divisée en deux groupes. D’un côté, les hommes. De l’autre, les femmes et les enfants. Les premiers sont amenés sur divers sites d’exécution. Peu en réchappent. Les seconds sont enfermés dans l’église du village, où ils sont asphyxiés. Des rafales sont également tirées. Une seule femme survit au carnage. Les SS mettent ensuite le feu au bourg et exécutent encore les quelques habitants qui avaient échappé à leur première rafle. Au total, 642 personnes sont assassinées au cours de cette journée.

POURQUOI?

Le déroulement des événements est bien documenté. Il fait froid dans le dos. A la lecture du massacre, on a presque l’impression de se trouver sur le front de l’Est. Et pour cause: l’unité SS Das Reich s’est particulièrement illustrée dans la répression des partisans en Russie. Les raisons qui ont motivé cette action sont, quant à elles, peu claires. Ce carnage a souvent été considéré comme un acte de répression des résistants qui se sont soulevés face aux Allemands en juin 1944. Mais le maquis le plus proche se situe à une douzaine de kilomètres et le village n’abrite, a priori, aucune cellule de résistance organisée. Les raisons qui ont conduit à cette tuerie sont enfouies dans les plis d’une histoire bien difficile à démêler. Le général Lammerding, qui commandait la division Das Reich, ne s’est jamais exprimé sur le sujet. Adolf Diekmann, l’officier en charge de l’unité qui a commis le massacre, est mort sur le front de Normandie, en août 1944.

Pour essayer de comprendre et de rendre justice — Mon Dieu, crois-tu vraiment que ces deux mots aillent de pair ? — il ne reste plus que les exécutants. Certains d’entre eux passent devant un tribunal en 1953. Il s’agit du procès de Bordeaux, au cours duquel des conscrits SS alsaciens sont jugés coupables, puis amnistiés par le parlement. Soulagement en Alsace. Grosse colère en Limousin. La tension entre les deux départements est encore palpable de nos jours. L’un des derniers survivants, Robert Hébras, vient tout juste de gagner son procès en appel. Il remettait en doute l’engagement forcé des “Malgré-nous” alsaciens. Oradour est comme une plaie savamment et con- sciemment entretenue dans la mémoire de la France.

UN LIEU DE MÉMOIRE

C’est sur la volonté du général de Gaulle que le village devient un lieu de la mémoire nationale. Pourquoi Oradour? D’autres localités pouvaient se porter candidates à ce sinistre concours. Mais à Oradour-sur-Glane, le massacre fut plus systématique, plus important, plus sinistre — difficile de faire pire que l’assassinat de femmes et d’enfants dans une église. Le centre du bourg, à moitié brûlé, n’est alors plus occupé. L’État exproprie les derniers survivants, qui sont relogés sur une butte située non loin du site: le “nouveau village.”

Les services du patrimoine procèdent à la vitrification du site. Il s’agit de reconstruire les ruines. De les fixer dans l’état où elles étaient au moment du départ des unités SS. D’en faire un lieu de pèlerinage laïc, un endroit où la nation française, fragmentée, pendant la Seconde Guerre mondiale, puisse se retrouver. Un lieu de mémoire qui permette de tricoter un nouveau récit national. Des victimes françaises et innocentes. Des agresseurs nazis. Un sanctuaire où l’on puisse répéter inlassablement: “ Plus jamais ça.”

Tempus fugit, les générations avec.

Les ruines perdent peut-être en signification. Le village à moitié détruit devient compliqué à entretenir. Pour pallier les ravages du temps, un Centre de la mémoire, institution hybride qui relève surtout du musée, ouvre ses portes en 1999. On le traverse pour accéder au village martyr. L’institution propose un parcours historique et pédagogique qui permet de mieux appréhender la balade dans les décombres d’Oradour.

Tu arrêtes ta voiture sur le parking du Centre et tu contemples les alentours. Quelques ruines grises se détachent du village martyr, entourées d’un imposant mur de pierre. En contre-bas se trouve le Centre de la mémoire, un joli morceau de non-architecture qui semble se fondre dans la vallée. Le bâtiment est à la fois discret et incontournable si on souhaite se rendre sur le site du massacre.

DU SHOWBIZ AUX CHARNIERS

Tu as rendez-vous avec Richard Jezierski, le directeur de l’établissement. Avec un nom pareil, tu es sûre d’avoir affaire à un intellectuel français d’originaire polonaise, qui doit au moins avoir un doctorat en histoire. Bonjour les clichés. Tu as préparé une batterie de questions autour de la relation entre la construction de la mémoire et l’écriture de l’histoire, tu vas l’amener sur le terrain d’une réflexion liée au statut épistémologique, éthique et politique d’un lieu de mémoire. Tu as lu Pierre Nora, auteur d’une somme sur les lieux de mémoire en France et tu as trouvé cela… exotique (au risque de me répéter, je te rappelle que tu n’es pas Française). Pas de chance. Si Robert Jezierski a bien des origines polonaises, il n’est en revanche pas historien: “Je suis un cultureux. Diplômé du Ministère de la Culture, première promotion, 1982–1984, montée par Jack Lang. Dans ma promo, j’étais plutôt la personne spécialisée dans le showbiz.” La baffe.

C’est un sacré personnage, Richard Jezierski. Tu es vite happée par le flot de son récit. Il te raconte sa vie de directeur du Centre de la mémoire. Tu écoutes, fascinée. “C’est compliqué, hein”, répète-t-il à plusieurs reprises lorsque tu lui poses des questions sur son parcours professionnel. Tu lui demandes en quoi consiste son métier. Il se lève, va chercher de l’eau, se rassoit, se gratte la tête et répète: “C’est compliqué.” Il affirme vouloir se débarrasser du “pathos”, parce que “notre métier, c’est pas de faire pleurer tout le monde”. En même temps, il souligne à quel point “vous vous en prenez plein la gueule niveau émotion” dans les ruines du village. Issu du showbiz, il est devenu un professionnel du charnier. Tu m’étonnes que c’est compliqué. Il continue à parler. Il a la flamme, Richard Jezierski. Il te raconte ses projets d’exposition pour les salles temporaires, ses visites sur les autres charniers de la Seconde Guerre mondiale, ses échanges bouleversants avec l’association des victimes, sa difficile implantation dans le Limousin, lui qui est né dans un coron du Nord.

DANS LES RUINES

Tu pénètres dans le village martyr. C’est l’été. Il fait chaud. Il fait lourd. Atmosphère pesante mais aussi un peu surréelle. Tu déambules dans un paysage de ruines. Ces restes de maisons et d’édifices publics te rappellent un peu le site archéologique d’Ostia Antica, l’ancien port de la Rome antique, que tu as visité au printemps dernier. Même chaleur, mêmes touristes allemands un peu trop rouges, mêmes restes. Seuls les panneaux marquent la différence. Contrairement à Ostie, où l’on trouve quelques informations archéologiques et historiques près des bâtiments et des endroits importants, on ne lit sur les panneaux du village martyr d’Oradour que des injonctions: Recueillez-vous. Silence. Poser le pied dans ce village, c’est se sentir coupable d’exister. Ne pas parler trop fort. Ne pas rire. Se sentir obligé de souligner son malaise au sortir des ruines, souvent en portant ses mains à sa gorge, pour montrer à quel point l’émotion vous a étreint. Émotion programmée, culpabilité entretenue.

À toi, ces ruines n’évoquent pas grand-chose. Il n’est pas difficile de se figurer un village Limousin durant la Seconde Guerre mondiale. Des maisons. Une église. Des commerces. Tu te rappelles ta visite à Auschwitz. C’était plus impressionnant, évidemment. Parce qu’une journée entre Auschwitz et Birkenau permet de saisir l’ampleur du processus d’extermination. Sa dimension industrielle. Les ruines d’Oradour n’évoquent rien en elles-mêmes, leur préservation vise uniquement à entretenir l’émotion. Mais ça ne prend pas avec toi. Tu te demandes à quoi ressemblent aujourd’hui Srebrenica, Sabra et Chatila, les collines du Rwanda. Tu sais qu’à Lidice, en Tchéquie, il ne reste que de la poussière et une évocation du massacre. Est-ce mieux? Moins bien? Tu n’es pas certaine qu’arpenter un village en ruine soit le meilleur moyen de se dire “plus jamais ça”. Tu ressens plus d’empathie pour ceux qui ont survécu que pour ceux qui sont morts. Même devant l’église, ça ne marche pas. Tu respectes l’émotion des autres, mais tu te rends compte que le rituel n’opère pas sur toi.

OH, DES TOURISTES !

Tu te tournes alors vers les visiteurs. Tu suis discrètement quelques groupes. Tu cherches à grappiller des éléments de conversation. Une famille. Un long chauve aux lèvres pincées, un bras enroulé autour d’une grande gigue un peu coincée dans sa robe d’été. Tous les 10 mètres, il adresse des remontrances à sa progéniture, trois garnements en bermudas à bretelles, qui font les zouaves dans la rue principale du site: “Non, non et non! On ne fait pas les andouilles ici. On n’est pas venus pour jouer. On vient rendre hommage à des Français qui sont morts pour leur patrie!” Vraiment? Il a dû passer un peu trop rapidement sur les explications au Centre de la mémoire. Un peu plus loin, il y a deux familles flamandes qui agitent dans tous les sens le plan du site. Elles ont déjà vu le puits dans lequel on a retrouvé des corps. Elles cherchent maintenant la grange Laudy, où de nombreux hommes ont été exécutés. Un couple entre deux âges passe. Un aboiement aigu. Deux regards gênés. Ils ont planqué un caniche dans un panier en osier. Les chiens sont interdits sur le site. Au fil de l’après-midi, tu rencontres des Français, des Hollandais, des Anglais, des Allemands. Tu te rappelles ta conversation avec le directeur du centre. “Au niveau des visiteurs, le top du top, ce sont les Anglo-Saxons. Ils ont la culture de la visite mémorielle. Ils sont nombreux à s’arrêter ici. On a pas mal de Hollandais, aussi. Mais pratiquement pas d’Espagnols. Pourtant, on est sur un axe.

Parce que dans “tourisme mémoriel”, figure-toi qu’il y a “tourisme”. Et qui dit tourisme, dit infrastructure, économie et — si tout va bien — profit. Les ruines sont sous la responsabilité du Ministère de la Culture. Le Centre de la mémoire est administré par une fondation mêlant Commune, région, et association des familles de victimes. C’est un découpage administratif un brin compliqué. C’est la France. La France en crise: en 2004, à son arrivée, Richard Jezierski gérait un budget de 1,8 million d’euros. Il en a actuellement 1,5 million. Le village martyr, dont l’accès est gratuit, reçoit 300’000 visiteurs par an. Près de la moitié d’entre eux passe par les expositions payantes. Si les subventions sont nécessaires à la survie du Centre, il faut noter que les principales rentrées d’argent proviennent de l’autofinancement, qui représente entre 60 et 70% des recettes. L’autofinancement? “Les entrées du musée, la vente des médailles, la location des salles. Ben ouais. C’est chaud”, te souffle le directeur.

LE BUISINESS PLAN DE LA MÉMOIRE

C’est chaud et c’est problématique. Haut lieu de pèlerinage laïc, Oradour n’en est pas moins soumis aux lois de l’économie et donc de la crise. Au cours de ce petit séjour, tu es témoin de la schizophrénie qui frappe le lieu dès qu’il est question d’argent. Tu apprends que le Centre s’est vu refuser la possibilité d’ouvrir une cafétéria. “On ne fait pas de l’argent sur le dos des morts”, a-t-on asséné au directeur. Pourtant, un thé froid, quelques tables sur une terrasse non loin du site, ça ne mangerait pas de pain. Le Centre pourrait réaliser des bénéfices substantiels et les visiteurs pourraient prolonger à l’ombre d’un parasol les ruminations amorcées lors de la visite du village martyr. On pourrait même y commencer la lecture d’un des nombreux ouvrages achetés à la librairie du musée. Mais cette posture doit sembler trop consumériste à la majorité du Conseil de fondation.

Toutefois, lorsque tu commences à marcher en direction du “nouveau village”, tu repères des jeunes femmes sur le bord du chemin qui distribuent, sourire artificiel aux lèvres, des prospectus vantant le menu et la cuisine de tel ou tel restaurant. La concurrence semble rude. Les demoiselles jouent presque des coudes lorsqu’un groupe important de Hollandais se dirige dans leur direction. Tu ne peux pas t’empêcher d’imaginer une sorte de parabole biblique: si la République française a ses institutions, ses rituels, ses lieux consacrés, elle a aussi ses pharisiens. Tu guettes la scène un instant, mais nul Jésus ne vient arracher des mains des jeunes femmes ces prospectus d’un goût douteux.

À midi, tu manges une assiette dans l’un des restaurants qui faisait sa pub aux abords du site. A la table d’à côté, une lady anglaise soupire dans un accent oxfordien en lisant une brochure sur Oradour. Didi, un mini épagneul hyperventilé, lui lèche les chevilles. Son mari la rejoint. Ils ont dû visiter le village martyr séparément. Rapport au clébard. Elle soupire: “I can’t find any information about the pets. What happened to their pets?” Elle voudrait savoir ce qui est arrivé aux animaux de compagnie juste après le massacre. Tu te retiens, hein. Tu fais comme si tu ne parlais pas anglais.

COUP DE POMPE

Plus tard, c’est l’heure de la sieste. Tu te reposes avant d’aller rencontrer Monsieur le maire. Tu avises un arbre situé de l’autre côté du rond-point qui borde le mémorial. Tu t’installes dans l’herbe fraîche. Sensation de malaise. Tu as l’impression que tout le monde te regarde. Même en dehors du mémorial, tu as l’impression de profaner un lieu sacré. Ici, la notion d’injure aux morts est omniprésente. Dans les textes du musée. Sur les panneaux qui ordonnent le recueillement. Sur les visages des parents qui intiment d’un air sévère à leurs enfants de ne pas rire, ni chahuter. Devant toi, le mémorial. Derrière toi, une stèle rappelant le massacre. Tu te replies un peu plus loin du village martyr et plus près du nouveau village, ayant repéré un coin non loin d’une statue. Mais la statue ne pouvait être autre chose qu’un énième hommage aux disparus. Les mots de Paul Éluard soulignant le fait que les nazis n’ont pas même épargné les enfants y sont gravés. Tu fermes les yeux. Ça ne vient pas. Tant pis pour la sieste. Un mendiant rom passe à côté de toi. Au lieu de te demander des sous, il te fait un geste qui signifie “tu as bien raison de te coucher dans l’herbe pour te reposer”. Il crèche un peu plus loin, dans un camp de caravanes établi à la sortie du village.

“NOUS INCARNONS LA FRANCE!”

Raymond Frugier, le maire est un vieux monsieur au regard espiègle. Tu lui demandes quel âge il avait lors des événements de 1944. Il t’explique qu’il était gamin et que son père avait caché sa famille dans la forêt. C’est pour cela qu’il ne se qualifie pas de rescapé. C’est aussi un très bon conteur. Il te raconte comment on administre une commune au passé si lourd: “En tant que village martyr, Oradour ne saurait revêtir une couleur politique. Nous incarnons la France dans toute la diversité de ses idéologies. Par respect pour les morts, nous considérons que c’est un devoir moral de se situer au-dessus d’un parti”. Le chef du village a ici une double casquette. Il administre la commune, mais il est aussi une sorte de garant de la mémoire, à côté de l’association des familles de victimes et du Centre de la mémoire. Tout comme Richard Jezierski, Raymond Frugier est souvent sur la route. La route des charniers. Il témoigne, représente, raconte. Encore récemment, il s’est retrouvé pris dans une polémique “oradourienne” concernant le village martyr. L’entretien des ruines coûte cher. Raymond Frugier s’est interrogé sur les conditions de leur préservation. Un journal de Paris a titré “Le maire veut raser les ruines”. “J’ai failli faire une syncope” soupire-t-il. Il avait simplement voulu tirer la sonnette d’alarme. Après chaque hiver, certains murs s’effondrent. Le maintien du village vitrifié relève du mythe de Sisyphe. Le maire s’interroge sur le devenir du site historique. “Le sujet concernant la préservation du site est tabou. La préservation de l’entier du village martyr est en jeu. Il s’agit de demander clairement à l’État s’il compte investir dans cette préservation ou non. Et si ce n’est pas le cas, il faut savoir sur quels aspects du site nous devons nous concentrer pour sauver ce qui peut être sauvé”. Pour Raymond Frugier, il s’agit de garder les ruines “dans le meilleur état de destruction possible”. Un devoir sacré.

“Devoir de mémoire”. “Se souvenir”.”Plus jamais ça”. Des injonctions que tu as beaucoup entendues au cours de ces deux journées passées à Oradour. Des discours sur la vigilance. Des réflexions sur le fait que la bête n’est pas morte. Qu’elle se réveille. Sur le chemin du retour, tu enclenches la radio. Tu écoutes un chroniqueur disserter sur le dérapage raciste du député UDI de Cholet, Gilles Bourdouleix, qui a déclaré deux jours plus tôt que “Hitler n’avait peut-être pas assez tué de Roms”, alors qu’il rencontrait des Tziganes, escorté par la police.

Plus jamais ça, hein?

Tu parles!

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