Vers la défense du bien-être végétal ?

It’s Wonderfood
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3 min readMay 24, 2018

Aujourd’hui nous allons parler d’un concept qui monte tout doucement, notamment dans les milieux militants anti-spécistes : la souffrance végétale et ses implications pour le régime alimentaire des amoureux de la nature.

Le contexte

1-

Si l’on analyse l’évolution récente de la demande du mangeur en termes d’origine des aliments, on remarque notamment que :

  • Le respect du bien-être animal est devenu au 21ème siècle un levier d’achat important pour les secteurs de la viande, des oeufs, du lait, et même des produits de la mer.
  • Une composante non-négligeable des courants vegan, végétarien ou flexitariste, réside dans le rejet de la cruauté animale et des méthodes d’élevage et d’abattage jugées “inhumaines”.
  • Il y a 60% d’urbains dans le monde, éloignés de la réalité des méthodes de culture de leurs fruits, légumes, céréales, et le marketing du bio porte ses fruits (#blague) en prônant la naturalité et rejetant la monoculture intensive, source fantasmée de tous les maux sanitaires et environnementaux liés à notre alimentation.

2-

Par ailleurs, de plus en plus d’études (sérieuses) confirment la capacité des plantes à communiquer entre elles, ressentir un équivalent de douleur, posséder une mémoire ou encore prendre des décisions sur la base de leur environnement. Il existe même en Italie un Laboratoire International de Neurobiologie des Plantes.

Cela ne fait plus aucun doute, les plantes sont des êtres vivants sensibles.

3-

Enfin, la niche politico-médiatique des ONG de défense des droits des animaux (PETA, L214, WELFARM, etc.) est déjà sur-saturée, au point où certains s’allient avec les groupes végan (#convergencedesluttes) pour des actions conjointes de communication.

Pour les militants anti-spécistes, d’autres luttes deviennent aujourd’hui plus facilement visibles que la défense des animaux.

L’hypothèse anti-spéciste ultime

Si l’on se base sur ces constats, on peut décemment émettre l’hypothèse suivante :

d’ici 15–20 ans, on verra émerger dans les pays occidentaux des ONG de défense du bien-être végétal.

Voici à quoi pourrait ressembler le champ sémantique d’où ces groupes tireront leurs messages :

  • Bien-être végétal, souffrance végétale, libre-arbitre végétal, sensibilité végétale
  • Cruauté végétale, exploitation végétale, conditions inhumaines de culture
  • Monoculture en batterie, plantes en cage, abattoirs végétaux (= arrachoirs ?)
  • Pollinisation = viol
  • Expérimentation végétale, plantes cobayes, végétaux de laboratoire, phytovivisection
  • Cueillette sauvage = meurtre d‘êtres vivants inoffensifs et sans défense
  • Plantes domestiques, plantes de compagnie, fleurs ornementales en appartement = maltraitance végétale

Hypothèse corollaire : Parmi ces militants d’un nouveau genre, les plus extrêmes pourraient bien suivre un régime alimentaire strictement carnivore, et n’utiliseront que des produits synthétiques (même si le pétrole à la base de la chimie de synthèse est essentiellement composé de végétaux fossilisés) ou issus d’animaux : cuir, fourrure, laine, gélatine, méthane bovin pour se chauffer, plumes pour écrire, savon à la graisse animale (#fightclub), etc.

Une lutte déjà entamée

En réalité, ce concept de cruauté végétale n’est pas nouveau. Souvenez-vous, cette scène de Coup de foudre à Notting Hill (1999) où Keziah avoue à Thacker qu’elle est frutarienne, et ne mange que les fruits et légumes qui sont déjà tombés de l’arbre. En effet, elle considère que les plantes sont sensibles, et que les cuire après les avoir arrachées de terre s’apparente à un meurtre.

Même notre Mac Lesggy national le prédit ! (Le saviez-vous : Mac Lesggy a une formation d’ingénieur agronome !)

Par ailleurs, de nombreux indices montrent que le véganisme n’est pas systématiquement l’option la plus écologique pour lutter contre le changement climatique. Evidemment, ce message complexe demande un certain recul agronomique ainsi que des notions de statistiques. Et notre société occidentale ne semble pas considérer que le système politico-médiatique ait besoin de s’embarrasser avec l’exactitude scientifique.

En attendant alors d’assister à l’inévitable affrontement entre carnivores et vegans, chacun accusant l’autre de dissonance cognitive et de spécisme (i.e: de ne pas savoir où tracer la limite claire entre les êtres vivants que l’Homme peut éthiquement consommer ou non) sachez qu’il existe déjà des ouvrages et des groupes anti-vegan, mettant à jour le caractère absurdement idéologique et parfois paradoxal de ceux qui ont décidé de se passer de produits animaux.

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