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Ne me déconnectez plus !

Ces 10 jours durant lesquels j’ai découvert que j’avais muté en Homo Internetus pour mon plus grand bonheur…

Pierre-Olivier Carles
Je ne parle pas Anglais
4 min readMay 17, 2013

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Le grand jour est arrivé, nous partons en vacances en famille sous les cocotiers, dans un endroit où “il n’y a pas de connexion à Internet”. Cela fait des années que je n’ai pas pris de vraies vacances… et je n’ai pas été totalement déconnecté plus de 48h depuis 1997.

Evidemment, j’appréhende ces 10 prochains jours. Chacune des sociétés dans lesquelles je suis impliqué a un CEO, une équipe éprouvée et j’ai confiance, sincèrement… mais je ne me sens jamais à l’aise dans un “lacher-prise”, tout en étant conscient que c’est le principe même de l’exercice.

Plusieurs de mes amis m’encouragent à coup de “Tu vas voir, c’est génial, on recommence à porter son attention sur des choses que l’on ne voyait plus” ou des “Ton cerveau doit se poser/pauser pour que tu retrouves ta créativité et une réelle passion qui s’est fatalement émoussée avec le temps”, bla bla bla…

Arrivé sur place, au bord de l’une des 10 plus belles plages du monde d’après National Geographic, je découvre qu’il est finalement possible de se connecter, en Wifi et haut-débit. Toutefois, tel un e-moine en quète de l’e-lumination, je décide d’essayer de ne pas le faire. Je me suis tellement préparé psychologiquement, autant aller au bout de l’expérience. De toutes façons, “ils” peuvent toujours me téléphoner, si c’est vraiment nécessaire.

Et j’ai tenu les 10 jours, sans forcer…

Pétris du savoir acquis au cours de cette expérience, je voudrais partager avec vous ce que j’en ai retenu en commençant par la fin :

A moins d’y être vraiment obligé, je ne passerai plus jamais autant de temps déconnecté.

Evidemment, les 2 ou 3 premiers jours permettent de se reposer, de ne plus penser au business et aux quelques soucis qui vont systématiquement avec. Evidemment, on retrouve le temps d’observer les choses que l’on voyait moins, de passer un peu de temps à le perdre ou à s’ennuyer sans pour autant culpabiliser ne serait-ce qu’une seconde. Evidemment, tout ce temps libre va se remplir d’activités qui vont de plus-de-sport à plus-de-cocktails-dans-la-piscine. Evidemment, le sentiment d’être à nouveau créatif et près à conquérir le monde revient au grand galop.

Mais ce bonheur n’a pas la même saveur si on ne peut pas le partager avec TOUS ceux que l’on aime !!

Les vacances en famille permettent de jouer avec les enfants, de les sortir de la routine et de leur faire vivre de nouvelles expériences. Sur ce plan, j’ai été comblé bien au-delà de mes espérances ! C’était parfait et inoubliable.

Toutefois, je crois que j’ai assez d’amour pour en inonder également le reste de ma famille - ceux qui ne sont malheureusement pas venus avec nous - et mes meilleurs amis - ce premier cercle de proches que l’on peut définir facilement en les positionnant à l’opposé des “amis Facebook”. Et j’ai passé ces 10 jours sans pouvoir leur dire tout ce que je faisais et combien j’étais heureux, sans pourvoir leur montrer tous ces endroits magnifiques où j’étais et où j’aurais aimé les trouver, sans pouvoir leur faire vivre tous ces délicieux repas exotiques et ces incroyables moments de sérénité face aux plus beaux couchers de soleil de la planète…

J’aime vivre en 2013, avec un Internet mobile et omniprésent. A 42 ans, je suis assez vieux pour avoir connu la vie pré-ForfaitDataIllimité et non, je trouve que ce n’était pas mieux avant.

Communiquer sans contrainte de temps ou d’espace et s’ouvrir ainsi au plus grand nombre, partager sans limite ce que l’on aime ou qui a vraiment de la valeur à nos yeux, rester toujours proche de ceux qui nous sont chers… Quels plus beaux cadeaux la technologie pouvait-elle faire à l’humanité ?

Evidemment, cette même connexion vous rapproche de votre travail et du stress qui peut éventuellement l’accompagner mais quand on a la chance d’aimer passionnément ce que l’on fait, c’est tout sauf un poids.

Je crois qu’il existe, pour chacun d’entre nous, une savante alchimie qu’il faut savoir trouver pour pleinement vivre une époque hyper-connectée. Ressentir le besoin de se déconnecter est naturel, tout comme on arrête de manger quand on n’a plus faim ou de lire quand le sommeil nous gagne. Il suffit alors d’appuyer sur le bouton qui mettra votre device sur Off et vous voici seul avec vous-même, libre d’observer à loisir vos enfants jouer dans le jardin. Ce n’est pas l’action d’appuyer sur un petit bouton qui est difficile, c’est la décision qui la précède. Il n’y a rien de technologique là-dedans, juste un peu de volonté bien humaine, à la porté de tout un chacun… pour peu que vous le décidiez.

Nous sommes des adolescents de l’hyper-connection et manquons sérieusement de maturité sur le sujet. Je sais que nous allons grandir - je sens que j’ai déjà bien grandi, particulièrement avec cette expérience - et je sais que la solution ne réside pas dans la privation mais dans l’éducation et la raison, une simple prise de conscience de notre façon de vivre, des sujets sur lesquels il convient à chacun d’entre nous de mettre de l’importance.

Je vous invite à rechercher et à trouver votre équilibre, mais, me concernant, je vous en prie, ne me déconnectez plus jamais aussi longtemps !

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Pierre-Olivier Carles
Je ne parle pas Anglais

CEO @Digidust. Social Media Marketer for Brands and Celebrities.