L’écologie mérite mieux que le programme de François Fillon

A l’heure de l’urgence climatique et de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, certains commentateurs ont moqué l’absence de l’environnement dans les débats de la Primaire de la droite et du centre. Les programmes étaient maigres mais c’était inexact : ces programmes sont consultables en ligne. En particulier, celui de François Fillon était particulièrement détaillé ; et le diable est dans les détails.

Un programme environnemental sans vision écologique

En apparence très travaillé et sérieux, il souffre en réalité d’une carence majeure : il ne saisit aucune transversalité des questions environnementales pour se concentrer sur l’énergie et quelques questions dérivées.

Rien sur la pollution de l’air, la protection de la biodiversité, l’économie circulaire. Sous les apparences, il n’y a donc aucune réflexion environnementale dans toute sa globalité, pire au niveau des propositions, elles abordent essentiellement un ton revanchard contre les lois votées pendant ce quinquennat.

Pas de déni climatique… au prix d’un programme soumis aux lobbys ?

On peut se féliciter que contrairement à Nicolas Sarkozy, François Fillon affirme que le « changement climatique est indiscutable ». C’est le minimum pour un candidat à la présidence de la République !

Mais tout reste à craindre : ne lâche-t-il du lest de ce côté pour mieux conforter les différents corporatismes qui n’ont pas intérêt à faire évoluer la situation environnementale?

On peut lire par exemple dans la partie agriculture que les principales missions de police de la faune sauvage seront redonnées à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (OFNCFS). Alors que la régulation des « équilibres » écologiques est très discutée dans la communauté scientifique, l’OFNCFS reprend les travaux du lobby des chasseurs et suit à peu près toutes ses recommandations.

D’ailleurs, ces propositions sont concomitantes d’un autre fait gênant : la reprise en main de l’environnement par la fédération des chasseurs dans les régions de droite.

Ouf, pas de déni climatique

Le point le plus dangereux et clivant du programme de François Fillon — par rapport au ton rassembleur d’Emmanuel Macron qui veut transformer l’écologie en un engagement de citoyen « ayant confiance dans les décisions publiques » (voir son livre Révolution) — c’est bien sur la question du principe de précaution. François Fillon veut le supprimer de la charte de l’environnement, qui fait pleinement partie de la Constitution, et le remplacer par un principe de responsabilité.

Alors oui, militant de l’esprit critique et travaillant dans le domaine des biotechnologies, je serai le premier à critiquer l’usage fait par certains activistes de ce principe en le transformant en principe d’inaction avec des effets souvent délétères (biotechnologies végétales, ondes électromagnétiques, vaccins etc).

Mais le débat sur ce sujet a été clôt il y a plus de 10 ans ! Cela ne doit pas être utilisé pour arrêter une technologie mais pour faire le point sur ce que l’on sait et d’agir en conséquences. Ce principe de précaution est simple : si on ne sait pas, alors on organise un moratoire en attendant des études indépendantes. C’est justement l’action raisonnée en pensant à évaluer les risques des technologies. Il serait clivant et destructeur pour la société, à l’heure où de plus en plus de français et notamment les jeunes s’inquiètent des questions environnementales, de supprimer ce principe fondateur de notre ordre public.

Il est clair que le coût de l’inaction comme dit le sociologue Gérald Bronner ne doit pas être oublié. Sur ce sujet, Emmanuel Macron s’est — une fois encore — montré avant-gardiste en introduisant le principe d’innovation dans la Loi Macron.

Une position bien plus équilibrée pour l’intérêt général. Contre la régression environnementale sans oublier l’économie, le candidat crédible de l’écologie, c’est bien Emmanuel Macron