SHOOT & TALK

DISCUSSIONS PHOTOGRAPHIQUES

Jean-Fabien
JEAN-FABIEN

--

Shoot & Talk est un rendez-vous publié sur la plateforme de blogging Medium. Il s’agit d’une discussion photographique, d’un “portrait parlé” réalisé dans l’idée d’une découverte et d’une lecture mobile first de7 à 15 minutes. Régulièrement, Shoot & Talk présente un nouvel invité issu du monde des arts, des media ou de l’innovation. Mais avant d’être publié sur Medium, ces portraits sont d’abord postés sur Facebook à l’attention de ma communauté, sous forme de feuilleton quotidien. Dès la publication du premier portrait consacré au plasticien Fredde Rotbart, le directeur éditorial de Medium, en charge de la stratégie des contenus, a intégré ce nouveau rendez-vous à la plateforme “Medium France Ofcielle” et l’a valorisé à la fois par ce canal, sur Twitter et dans la newsletter officielle.

“ Le tour du propriétaire est bouclé. Je m’interdis de trop laisser traîner mes yeux, de peur de rester bloqué sur une pièce rare, comme cet incroyable toy collector, fdèle reconstitution de l’assassinat de Kennedy au 1/125e. Alors on tchatche, plantés au milieu de la pièce. Tristam est un bon client, il a le verbe généreux, la présence facile. Je fais volontairement l’impasse sur la bonne bonne bonne, bonne humeur du matin. À quoi bon ressusciter les 80’s, pleurer Actuel, traverser les nuits fauves sous speedball. Je pense un instant à Pacadis et j’imagine sa gueule en découvrant le prêt à liker des posts de Konbini. Vincent Cassel vendu comme une icône transgressive parce qu’il vient se faire poser des tresses de white chez les Afros de la rue Myrha en parlant comme un dealer de Saint-Ouen. Sans déconner qui peut encore croire à ça. On est des gueules cassées, on assume d’être à la marge de ce nouveau millénaire qui fête les 40 ans du Punk sur Arte pendant que les interdits pleuvent de toutes parts. Je cale mon cul sur une petite coque bleue 70’s en plastique moulé, trouvée dans la rue. Face à moi, en légère contre plongée, Tristam trône sur un siège modulable au tissu usé. Ça me dérange, je me lève et je me démerde surtout pour choper le bonhomme à la faveur d’une bonne expression sans toutefois rompre le fl de la discussion. Je shoote, les clopes s’écrasent en piqué comme une escadrille kamikaze sur la fotte US du Pacifque. On défonce le cendar à coup de mauvais goudrons… Nous sommes les têtes brulées.”

Shoot & Talk Tristam Dequatremare (extrait)

“Des mots crus, un mur fâché. Des majuscules hurlantes scarifées sur une grande surface bâchée. Comme écrites à la pointe du cutter. Du bout des nerfs, des bribes de phrases me griffent le regard comme autant de pensées coupantes. En français, en anglais, en colère. Ça sent les muscles bandés, les mâchoires serrées. L’exorcisme, la révolte, le rejet. Les murs saignent dans cette pièce vide avec, comme unique sacrifice à l’idée de confort, un canapé rose bonbon venu du fond d’hypothétiques happy days … Je suis chez Lynch, chez Fincher, chez Nic Pizzolatto. Je suis chez Criss Cusson. Avant de me rendre du côté de la place Carnot, à Montreuil, dans cet appartement modeste et fonctionnel qui lui sert d’atelier, j’avais commencé par l’écouter en présence d’Alain Maneval. Écouter un peintre avant de le voir, une découverte à l’aveugle où seule la parole compte. Criss Cusson porte ses paradoxes comme on porte un fambeau ou une croix. Sa voix est aussi douce, mesurée et apaisante que sa peinture peut paraître éruptive, sanguine, combattante. Maneval, qui possède plusieurs œuvres de Criss s’est rendu chez l’artiste pour y enregistrer l’une de ses émissions cultes et dérouler la playlist de son invité en toute intimité .”

J’écoute alors Cusson parler…

Shoot & Talk Criss Cusson (extrait)

“Son nid d‘Amour n‘en est plus un, et nous sommes tous les deux en manque de repères. Sans très bien savoir comment articuler notre échange. Car, finalement, nous ne sommes pas seuls… Le petit ascenseur d‘un immeuble de logements sociaux de la Ville de Paris nous dépose au troisième étage, sur un palier sans charme. Derrière la porte, Christian nous attend. Derrière la porte, des signes de lui, des signes de vie. Là, partout alentour.

Dans la cuisine crade où s‘entassent les cadavres de bouteilles et les cartons pleins de médecine, Frédéric prépare un thé noir. Je sors le Nikon, bien sûr, mais comment shooter sans violer…
Comment faire pour que mes images écoutent autant qu‘elles montrent à voir…”

Shoot & Talk Fred Navarro (extrait)

“ Me voilà au volant de la petite familiale bleu pastel depuis 10 minutes à peine et je roule déjà les mâchoires serrées à m’en fissurer l’émail des dents. C’est parti pour 30 kilomètres de course contre la montre jusqu’à l’arrivée à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, où Gilles Rochier m’a rencardé à 14h00 pétantes sur la place de l’hôtel de ville. Qu’est-ce qui m’a poussé à vouloir emprunter les grands axes routiers qui purgent continuellement Paris d’une partie de sa circulation ? Surtout avec cet horrible poids lourd qui joue à collé serré avec mon pare-choc et me force à faire vraiment n’importe quoi pour échapper à sa silhouette menaçante. Sur cette portion de la A86, les gens roulent comme des dingues, sans freins ni lois. Ça déboule à l’aveugle, de tous les côtés, à toutes berzingues, à chaque instant. Grosses berlines SUV, petits capots et vieux gazoles, cylindrées kamikazes et Monsterucks se tirent la bourre comme dans un mauvais game. À qui dévissera le premier. J’imagine bien Gilles Rochier dessiner ce genre de scène d’une banalité crasse, lui qui évoque “ la médiocrité ambiante ” parmi ses sources d’inspirations.”

Shoot & Talk Gilles Rochier (extrait)

NAVIGATION PORTFOLIO

HOMEABOUT MEENLARGE YOUR PARISLES GRANDS PARISIENS
GOOD MORNING MONTREUILLES MYSTÈRES DU GRAND PARIS
SHOOT & TALKLE DÉMON DES ANGESLES PORTRAITS CHINOISCADAVREXQUISTHE ANGRY CATSPRESSEEXPOSITION

--

--

Jean-Fabien
JEAN-FABIEN

Reprise du Blog. Plus de liberté, moins de réseaux sociaux et d’auto censure. Je parle contre culture, IA, Photographie, Livres, Bretagne et Vape