“J’ai été promue manager quand j’étais enceinte de 5 mois”
Responsable du département socles d’intégration et solutions de règles métier au sein d’AXA, Maryam Takadoum revient sur son parcours et son rôle de manager.
Expliquez-nous votre job et votre rôle ?
Mon aventure au sein d’AXA France a démarré en 2016. J’ai intégré le département d’intégration et solutions de règles métier, en tant que Software Engineer. Ce service gère l’intégration et les échanges inter applications dans le Système d’information d’AXA France, le développement d’API et des services de règles métier (ex : tarification, calculs de rente, etc..).
Six ans plus tard, et après un passage au poste de manager d’une équipe de 10 Software Engineers, j’ai été nommée responsable de ce pôle constitué de 140 collaborateurs encadrés par 8 managers. Mon rôle est ainsi de décliner la stratégie de l’entreprise en orientations concrètes pour mes équipes en coconstruisant, avec eux, nos offres de demain sur le Cloud.
Au-delà de l’expertise technique, j’interviens également sur le volet transformation côté Ingénierie IT et pratiques, afin de répondre aux objectifs de digitalisation, simplification, cloudification, finops et rationalisation des infrastructures.
Racontez une expérience qui vous a marqué tout au long de votre parcours au sein d’AXA ?
Cela ne devrait pas être une exception, mais j’ai été promue manager quand j’étais enceinte de 5 mois. L’entreprise a choisi de me faire confiance et tout a été mis en place pour faciliter cette étape de ma vie. Dès l’annonce, nous avons construit ensemble mon plan de back-up de sorte que cela soit flexible pour les autres. Je savais qu’à mon retour, le poste m’attendait. J’ai également eu un berceau d’entreprise, bien avant de partir en congé maternité et à mon retour, j’ai bénéficié d’une coach.
La maternité est un gros challenge, cela m’a fait du bien d’être accompagnée, d’autant plus que je revenais sur un poste à responsabilité que je n’avais pas encore occupée. J’ai trouvé ça court et intense, mais cette journée avec la coach m’a permis d’être à l’aise entre ma vie de famille et ma vie de manager. On apprend par exemple à ne pas être gênée de se fixer des limites. Aujourd’hui, je dépose ma fille à l’école le matin à 8h20. Si je refuse la réunion de 8h c’est un non-sujet pour tout le monde.
Comment votre entreprise vous aide-t-elle dans la progression de votre carrière ?
Nous avons sans doute des axes d’amélioration, mais personnellement, et ce dès mon arrivée chez AXA France, j’ai été surprise par la culture de l’accompagnement très présente au sein de l’entreprise.
Dans mon cas par exemple, au moment de prendre la parole en public, j’avais parfois un blocage car le français n’est pas ma langue maternelle. L’entreprise m’a aidé à dépasser cela, grâce à des formations sur la prise de parole et le pitch, mon manager m’a proposé des occasions de m’exercer pour prendre confiance en moi. J’ai aussi bénéficié du programme RH « AXA For Change ». Il s’agit d’identifier une problématique en groupe et proposer une solution, la pitcher auprès du comex et si celle-ci est retenue, elle sera déployée. Cette expérience m’a permis de rencontrer des collaborateurs de divers métiers et m’a montré que je pouvais avoir un impact et de bonnes idées, même au-delà des sujets d’expertise technique.
Ici, le style de management impulsé se veut empathique, bienveillant et soutenant notamment via le coaching. Tout est mis en place pour accompagner la progression des collaborateurs : communautés de pratiques, codev, ou encore des programmes tels que « WeAxelerate », ayant pour but de former les managers sur les thématiques de la délégation, du droit à l’erreur et à la culture du Feedback. Certains de ces managers postent des articles sur ces thématiques dans notre blog « Just Tech-IT ».
Comment assurez-vous de garantir une progression en lien avec les attentes des collaborateurs ?
AXA offre des perspectives de carrière assez larges. Pour évoluer, un collaborateur peut s’orienter vers du management. Mais s’il souhaite se concentrer sur l’expertise technique, il peut aussi s’orienter vers les nouvelles filières d’expertise. Aujourd’hui, nous pensons que le management n’est pas le seul moyen de faire grandir une carrière.
Nous encourageons aussi la mobilité interne avec des parcours de reconversion vers des postes techniques comme Software Engineer, Test Engineer ou les métiers de Product Owner, Data Analyst, etc.
Avez-vous eu un mentor ou un sponsor qui a eu un impact sur votre carrière ?
Si j’ai progressé c’est notamment grâce à mes 2 premiers managers. L’approche du manager coach m’a permis d’évoluer. Leurs paroles et conseils me reviennent souvent en tête. J’ai également bénéficié de speed-mentoring. Aujourd’hui je suis moi-même mentor et mentorée.
Selon vous, quels sont les skills d’un bon leader ?
L’empathie est la compétence numéro UNE pour un leader. J’ajouterais qu’il est important de toujours essayer de tendre vers l’amélioration continue, et de savoir identifier ce qu’on peut améliorer pour avancer ensemble et s’adapter aux besoins des clients.
Si vous aviez le pouvoir de faire bouger les lignes, quelle serait votre première action ?
J’aimerais que toutes les femmes aient accès à l’information pour savoir que la Tech est un champ des possibles énorme ! Et qu’elles ont une place à prendre dans cet écosystème.
C’est d’ailleurs pour investir cette ambition que la communauté « Women Tech-IT », qui traite des sujets de mixité dans la tech, a vu le jour en avril 2022. Un an auparavant, nous avions lancé « Women Code IT », car nous avions identifié qu’il y avait encore moins de femmes dans le code. Très vite, nous avons réussi à embarquer des gens dans le projet. La direction nous a donné carte blanche pour lancer une feuille de route.
Pour atteindre nos objectifs, nous nous sommes concentrés sur deux volets : recruter plus de femmes dans la tech et la sensibilisation auprès des jeunes étudiantes. Nous avons travaillé de pair avec des collèges et des lycées. Nous avons conçu des ateliers ludiques avec des robots et des escape game.
La grande leçon que j’ai retenue de cette expérience est que si vous avez une conviction. Allez-y. Foncez. Ce projet a permis de valider auprès de nos dirigeants d’accueillir des stagiaires, assez éloignés des profils traditionnels en lançant le partenariat avec l’association Descodeuses qui propose un parcours de reconversion à des femmes issues de milieux prioritaires dans le métier de Software Engineer. Avec ce collectif, nous avons montré que la reconversion est un bon levier pour faire reconnaître un recrutement plus inclusif. Résultat des courses, une personne a été internalisée, et une autre a continué en alternance. Et ça c’est significatif, car chaque victoire compte !
Cet interview a été réalisé en partenariat avec 50inTech.
