Les 7 Portes Du Corporate Venture

Jean de La Rochebrochard
Kima Ventures

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Quelle que soit l’entreprise, plus elle est éloignée des changements de paradigme, des nouvelles technologies et des évolutions opérationnelles et culturelles des organisations actuelles, plus le risque de son déclin rapide est élevé. C’est une évidence.

On ne peut pas non plus ignorer la vélocité avec laquelle s’opèrent ces mutations et leurs impacts irréversibles sur les industries et les activités.

Les exemples sont évidemment nombreux (taxis, restaurants, hôtellerie, banque, assurance, retail…) et aucune industrie n’est épargnée. Des entrepreneurs audacieux, ambitieux, parfois téméraires s’essayent donc à casser et bâtir de nouveaux monopoles sur ces marchés, alors que les leaders historiques peinent à s’extirper de leur situation. Ils préfèrent souvent consolider leur forteresse plutôt que partir en conquête. Ce déni n’est pas une surprise, le billet de Nicolas Colin est une référence en la matière.

Parmi les solutions envisagées pour résoudre les problématiques liées à ces changements rapides, brutales et souvent imprévus, les grands groupes se tournent beaucoup vers le Corporate Venture. J’ai bien évidemment un avis assez tranché sur la question mais pour le moment, il s’agit juste de lister les 7 portes du Corporate Venture, par ordre de pertinence:

  1. La création ou le financement d’un incubateur. C’est bon pour la communication de l’entreprise, ça occupe beaucoup l’espace et un peu l’esprit mais c’est le niveau zero du corporate venture. Il y a un début à tout…
  2. L’investissement indirect dans des fonds de Capital Risque. Merci beaucoup pour tous les entrepreneurs financés, c’est sympa :) Pour l’entreprise, c’est un bel exercice de dépucelage au métier d’investisseur. D’un point de vue financier, c’est de la diversification. D’un point de vue stratégique, c’est assez limité puisqu’on ne tire que très peu de substance des entreprises financées. En revanche, j’ai appris que certains investisseurs promettent l’accès à leur dealflow, pour permettre aux entreprises de faire une veille sur les concurrents potentiels ou activités parallèles (Une honte soit dit en passant… Je suis étonné que personne n’ait dénoncé cette pratique).
  3. Le Spin-Off. Pour toutes les entreprises qui poussent l’innovation en interne, c’est un bon moyen d’inciter des gens brillants à développer leur boite. Ca évite notamment que sur 200 projets innovants, 199 partent à la poubelle comme chez les constructeurs automobiles. En revanche, si l’entreprise veut en tirer quelque chose, il faut être capable d’accompagner et de financer ces opérations, ce qui n’est pas une mince affaire.
  4. L’investissement direct stratégique qui consiste à financer les jeunes pousses avec lesquelles l’entreprise travaille. C’est le cas de Bouygues Développement notamment. Bien réalisé, ça permet de développer de très bons rapports entre l’entreprise et les startups. L’impact reste cependant limité à la fois pour la startup et pour l’investisseur.
  5. L’investissement direct thématique. Les entreprises prennent une thématique verticale proche de leur coeur de métier, pour investir et accompagner des startups. Bien exécuté, ça donne de vrais bons résultats mais attention ça ne sauve pas le coeur de métier si ce dernier est en danger. Edenred et Via-ID sont de bons exemples d’investisseurs directs thématiques.
  6. L’investissement majoritaire. Il s’agit d’acquisitions menées par des équipes internes de corporate development. C’est quitte ou double, il y a de nombreux ratés et ça coute cher. Mais nombreux sont ceux qui réussissent aussi: Blablacar, Birchbox, WPP…
  7. Le Corporate Studio. Il existe sous deux formes: lancer des startups en interne ou déléguer cette mission à une structure externe (comme TheFamily avec son programme Pathfinder). La startup pourra utiliser les moyens et l’infrastructure interne du groupe en question pour accélérer son développement.

Bien que le Corporate Venture ne règle pas les problématiques du coeur de métier des entreprises, il doit permettre d’y contribuer en amont de changements à opérer. Et en tant que grand groupe, si vous avez du courage, ne commencez pas par le début de cette liste mais par sa fin, c’est le meilleur moyen de rentrer rapidement dans le vif du sujet et d’accélérer la courbe d’apprentissage et d’execution de votre mutation :)

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