Vous reprendrez bien un peu de cours magistral?

30.000 heures à l’école — certifié sans expérience professionnelle

Faut-il se farcir autant d’heures de cours pour réussir dans la vie ? Faisons le calcul.

Stephanie Verreet
Kultivo Stories
Published in
3 min readMar 11, 2016

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Julie est plutôt maline.

Depuis ses 3 ans, elle a toujours suivi un parcours scolaire normal, sans embûche. Aujourd’hui, elle en a 23, et elle vient de décrocher son master en relations publiques. Alleluia ! Le sacro-saint diplôme vient couronner 20 années d’efforts, souvent de désespoir.

Quand elle y pense — week-ends et vacances en moins — elle s’est levée pour aller en cours 180 jours par an, pendant 20 ans. A concurrence de 8 heures par jour, elle a donc passé *20 x 180 x 8 = 28.800* près de 30.000 heures sur les bancs d’école.

30.000 heures. Sans compter les révisions.

Tant d’années avant de pouvoir attaquer le marché de l’emploi à coups de CV et de distinctions pour espérer décrocher un CDI dans un boulot qui paie mieux que le Smic.

Sauf que, si Julie a 30.000+ heures de background scolaire dans les dents, elle n’a aucune expérience professionnelle.

Et ça, c’est pas très bien vu par les employeurs.

Les limites des cours magistraux

Savoir, c’est bien. Mais savoir faire…

Loin de moi l’idée de descendre l’école: j’y ai appris beaucoup de choses et je dessinerais des mammouths dans des grottes si je n’étais pas passée sur ses bancs.

Mais quand je pense à tous les cours abstraits et sans finalité pratique que j’ai dû apprendre par cœur pour réussir mes études — au passage, instantanément oubliés après les examens — et de l’autre côté à toutes les compétences professionnelles que je n’avais pas à mon entrée sur le marché du travail, ça me laisse vraiment perplexe.

Parce que, bon, c’est une chose de réussir ses examens et travaux quand on a le temps de les préparer. C’en est une autre d’être efficace en situation de travail ; là où tout va vite, où il faut être efficace sous pression, avoir les bons réflexes, “être créatif”, s’adapter, prendre des initiatives, avoir le sens de l’indépendance,… Ce sont des compétences qu’on ne développe pas à l’école, dans une bulle déconnectée du monde professionnel.

Les cours théoriques m’ont toujours ennuyée. Ce n’est qu’à partir du Master — grâce à des travaux bien ciblés, du terrain et des stages — que j’ai réellement senti que je me qualifiais.

Et c’est pareil pour tout le monde.

Alors pourquoi l’immersion professionnelle vient-elle si tard? Et surtout, comment intégrer des programmes qualifiants plus tôt dans les cursus scolaires?

Sacrifier le cours de natation pour des formations en management ou en mécanique

Préparer les jeunes à la vie professionnelle dès l’adolescence.

L’enseignement tel qu’on le connait a été développé au XVIIe siècle. C’est un modèle transmissif qui s’appuie sur des cours magistraux dont le professeur, figure d’autorité, est l’acteur central.

Depuis, le monde dans lequel grandissent les nouvelles générations a évolué (et continue d’évoluer) à une vitesse jamais égalée. Dans une société-du-divertissement-ultra-connectée où tout est source de distraction, il devient essentiel d’éveiller l’intérêt et de responsabiliser l’étudiant en privilégiant des méthodes d’apprentissage actives.

Placer l’individu au centre de son apprentissage à travers des activités qualifiantes — stages, formations, projets courts, observations,…— et pourquoi pas dès l’entrée en secondaire?

30.000 heures de cours?

Et pourquoi pas plus, si elles sont bien placées…!?

La mise en situation professionnelle, insérée plus tôt dans le cursus scolaire, permettrait de :

  • Préparer davantage les jeunes aux réalités du monde professionnel — qui évolue (bien) plus vite que les programmes scolaires
  • Cibler leurs intérêts et leurs forces pour une meilleure orientation
  • Optimiser le temps passé en cours

Du temps qui va trop souvent rejoindre les feuilles de cours, froissées, dans la poubelle.

Stéphanie Verreet | Kultivo Stories

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Stephanie Verreet
Kultivo Stories

Digital Marketer | Biz Dev | Startup Enthusiast | World Explorer - writing about Personal & Professional Development, Start-ups and Lifelong Learning.