“Apprendre les uns des autres, c’est ce qui nourrit l’être humain”- Rencontre avec le co-fondateur de Speaky

Speaky, c’est le réseau social qui vous fait pratiquer les langues étrangères avec de vrais experts: des natifs du monde entier! Rencontre avec l’un de ses co-fondateurs, Ludovic Chevalier, qui nous parle apprentissage peer-to-peer et entrepreneuriat.

Océane Fégé
Kultivo Stories
5 min readJul 26, 2016

--

C’est connu: le meilleur moyen d’apprendre une langue est de la pratiquer. Chose que ne permet pas — en général — un cours de langues classique, de type universitaire, ou encore un cours en ligne, davantage orienté vers l’écriture, la grammaire ou la seule écoute.

Les co-fondateurs de Speaky l’ont bien compris.

Ludovic Chevalier —Co-founder @Speaky

Ludovic Chevalier m’explique que, comme chez Kultivo, l’équipe a remarqué qu’apprendre les uns des autres, en partageant et en pratiquant ensemble, est bien plus efficace que dans des conditions académiques.

De là, ils ont développé Speaky: une app qui vous propose d’apprendre les langues en conversant, via chat ou call, avec des utilisateurs du monde entier.

En ligne depuis fin 2014, la plate-forme compte aujourd’hui plus de 250.000 utilisateurs dans 180 pays.

“Apprendre les uns des autres, c’est ce qui nourrit l’être humain”

Ludovic Chevalier revient sur l’aventure Speaky, en soulignant l’importance de l’échange et de la pratique dans l’apprentissage.

“A l’origine, on était partis sur quelque chose de beaucoup plus conventionnel, dans la mesure où on voulait créer une marketplace de profs pour apprendre les langues étrangères. Mais on s’est vite rendus compte que la meilleure façon d’apprendre, c’est de pratiquer. Et quoi de mieux que de le faire avec des personnes natives — et donc expertes dans leur domaine?”, nous explique Ludovic Chevalier, pour qui l’apprentissage mutuel est “ce qui nourrit l’être humain”.

L’échange de savoirs, c’est aussi quelque chose qu’il expérimente tous les jours en travaillant dans une start-up.

“Pour être un bon entrepreneur, il faut apprendre, se former à chaque instant. Au sein même de l’équipe, on est beaucoup dans cette optique-là. Y’a rien à faire, nous au début on était nul en tout. On sortait d’études d’ingénieurs, mais il a fallu qu’on mette les mains dans le cambouis. Pour ma part, je n’avais aucune formation dans tout ce qui était marketing en ligne, acquisition d’utilisateurs, rétention, outils analytics… Je n’y connaissais rien. On a appris les uns des autres, sur le tas. C’est vraiment la chose la plus bénéfique à notre âge, être dans cette obligation d’apprendre, pour être et rester le meilleur.

Plus qu’un apprentissage, une rencontre culturelle

Ludovic Chevalier et son équipe ont ainsi conçu une interface web mettant à disposition des élèves un panel de professeurs natifs. Problème: le concept n’avait rien de très innovant…

“On s’est dit qu’il y avait sûrement une carte plus intéressante à jouer en proposant un service plus collaboratif et informel, où il ne faut pas être professeur pour enseigner. Il fallait considérer l’aspect culturel et social dans l’apprentissage. En somme, la rencontre. C’est cette dimension-là qu’on a voulu développer.”

L’équipe de Kultivo découvre Speaky !

Speaky est ainsi devenu un réseau social permettant de converser dans une langue étrangère à distance, avec n’importe quel utilisateur du monde connecté à la plate-forme. Une communauté forte de plus de 250.000 individus, dont les intérêts et les passions divergent.

Un succès certain pour les trois co-fondateurs de Speaky, Ludovic Chevalier, Benjamin Defrenne et David Defrenne.

Être entrepreneur, aujourd’hui, en Belgique

Entreprendre, devenir son propre patron, créer une start-up… Du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas. Et de plus en plus de jeunes le sautent.

Ludovic Chevalier a suivi un cursus scolaire traditionnel, allant jusqu’à compléter un Master en ingénierie. Mais les parcours sont variés (l’un des initiateurs de Kultivo, par exemple, a quitté les bancs de l’école à 16 ans pour se lancer dans la vie active). Toujours, néanmoins, une envie commune: celle d’impacter la société avec une idée.

L’entreprise traditionnelle? Non merci.

Son diplôme en poche, Ludovic a travaillé pour d’importantes multinationales, comme GSK ou encore Dow Corning. Mais l’homme s’est très vite rendu compte que sa place était ailleurs.

“Même si le travail était intéressant, j’avais vraiment l’impression que l’impact était nul! Pour faire changer les choses, ça met six mois… Alors au final, on n’a pas l’impression de créer. C’est vraiment ça qui m’a poussé à développer ma propre boîte. En fait, j’ai toujours des idées, des trucs que j’ai envie de mettre en place. C’est ce qui me fait avancer au quotidien.”

J’ai une idée, mais comment la financer?

“Avant Speaky, on a eu deux, trois concepts foireux. On a aussi eu des problèmes financiers… Le système actuel n’est pas adapté à des start-ups web comme nous, estime Ludovic. On a eu la chance d’avoir la bourse de pré-activité de la région wallonne, et puis on a eu une bourse de l’Union européenne via un programme qui s’appelle FIWARE — 86.000 euros pour être exact. Et puis, petit à petit, de nouvelles choses se mettent en place. Je pense à W.IN.G* par exemple, qui n’existait pas lorsque nous nous sommes lancés”.

*W.IN.G, fonds wallon d’investissement pour les start-ups et entreprises numériques, lancé en février 2016.

Un dernier petit conseil…

Chaque année en Belgique, des dizaines de start-ups voient le jour — il en existe plus de 800 aujourd’hui. Pourtant, du fait des petites tailles et du manque de visibilité de ces structures, le risque d’échec est nettement supérieur aux entreprises traditionnelles. Alors comment se démarquer et tirer son épingle du jeu?

Ludovic Chevalier a sa petit idée.

“Il faut faire comme si le produit était fini à 100% et vendre son idée le plus rapidement possible à des utilisateurs ou des consommateurs potentiels, conseille-t-il aux jeunes entrepreneurs. Si les gens n’utilisent pas ou n’achètent pas, ce n’est pas bon signe. Il faut également écouter pourquoi les gens achètent et utilisent votre produit pour vraiment construire sur ce qui marche”.

Au delà des langues, le peer-to-peer pour la formation professionnelle

Développer ses compétences avec de vrais professionnels de terrain, pas de professeurs académiques

Chez Kultivo, c’est également le modèle d’apprentissage peer-to-peer que nous avons élaboré. La plate-forme propose, non pas des cours de langue, mais des workshops conçus et animés par des professionnels spécialistes dans leur domaine — en petits groupes pour encourager l’interaction et le réseautage.

Nous voulons ainsi promouvoir l’échange de compétences réelles, de terrain, entre professionnels qui connaissent les pratiques de leur métier et le monde de l’entreprise.

Ludovic Chevalier nous donne son avis sur l’initiative:

“Je trouve votre concept vraiment très chouette, parce que l’aspect apprentissage et networking, c’est essentiel!”

Merci, Ludovic!

Et vous, prêts à tenter l’expérience start-up?

Océane Fégé|Kultivo

--

--