De la résilience à grande échelle
De nombreuses voix s’accordent à déclarer que le modèle de la boîte à papa dans laquelle on fait toute sa carrière est en voie d’extinction. Il y a 20 ans déjà quand je sortais d’école d’ingénieur, on m’avait évoqué ce futur étrange où je devrais faire peut-être 3 ou 4 métier dans la carrière… À l’époque cependant on n’imaginait pas qu’on les ferait en même temps ! Les slasheurs de l’époque n’avaient pas ce nom, c’était… des artistes, ou des instables.
Alors maintenant, pour faire face à ces carrières non linéaires on nous parle d’entrepreneuriat, de droit à l’erreur, de freelancing, de jobout … c’est chouette, mais se mettre en indépendant, est-ce que cela concerne vraiment tout le monde ? Bien sur que non, nous répondent en coeur le Switch Collective, ou bien So Many Ways (qui vient de publier un livre blanc remarquable à l’usage des corporates. Si vous êtes DRH allez-y, c’est cadeau !).
Mais si la structure formelle qu’est mon entreprise n’est plus le bon espace dans lequel je pourrai tracer ma carrière, à quel nouvel espace puis-je me vouer ? Il suffit de regarder comment cela se passe au-dehors de la boîte, comment font les non-salariés pour augmenter naturellement leur résilience : les connections, le réseau. Sauf que tout le monde n’est pas invité dans le réseau des franc-maçons, des centraliens, ou des notaires. Il nous faut développer des réseau inclusifs, et non pas des réseaux statutaires, pas ceux qui, par construction, forment des élites. Des réseaux à la fois transparents, affinitaires, et surtout authentiques, pour que je m’y sente bien. Mon appartenance y dépend de qui je suis, de mes goûts, de mes aspirations, bref de mon identité, et non que ce que j’ai fait.
Bien sur nous sommes tous déjà dans de tels réseaux (associations locales, de quartier, clubs de sports…) mais en même temps nous avons élevé en nous, à force d’éducation fordiste, une telle muraille entre nos vies professionnelles et personnelles qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de nous appuyer dessus, et même si nous le voulions, nous ne saurions pas forcément comment nous y prendre. C’est ce que nous devons tous ré-apprendre, de sorte qu‘à terme nous soyons tous intégrés à 4, 5 peut-être même 10 réseaux affinitaires qui constituent, ensemble, le nouvel espace dans lequel je pourrai naviguer tout au long de ma vie productive. C’est un espace dont les contours ne sont pas fermés comme ceux d’une entreprise, mais dont les membres partagent des aspirations communes, chacun avec sa propre intensité. Des communautés de travailleurs inspirés.
Mais … et Linkedin alors ?
Linkedin est un réseau, certes. Mais il ne se trouve pas du bon coté de la muraille pro/perso. Du coté de la façade, la scène de théâtre, le royaume de l’inauthentique. Celui où tout le monde est “battant, dynamique, sociable… et mon plus gros défaut ? Perfectionniste.” Alors oui, on pourrait travailler à changer tout cela, mais franchement, autant repartir de zéro. Je rêve donc d’une plateforme sur laquelle chacun serait authentique, sincère, entier, et donc vulnérable car se montrer soi, à nu, ce n’est pas que prendre le risque de sa faire aider, c’est aussi prendre le risque de se faire blesser, se faire juger. Il faudra de la bienveillance. Si l’on y arrivait on monterait là le plus grand ciment d’entraide, créant de la résilience pour tous, face à toutes les grandes incertitudes du monde qui vient sur le futur du travail, et en particulier l’instabilité des modèles économiques traditionnels reposant sur des structures pyramidales géantes qui font abstraction des flux non-marchands.
Alors, en ce moment, je me demande, et je vous pose la question, cher lecteur : par quel “rite” de passage pourrait-on demander à chacun de passer, pour rejoindre cette plate-forme, en s’assurant que chacun participe bien en sa pleine conscience, tel qu’il est ? Qu’en pensez-vous ? Si vous n’avez pas de compte Medium, répondez-moi sur Facebook !