Futur intérieur

Duc Ha Duong
l’avenir appartient
15 min readJun 19, 2020

Une visite virtuelle de ce que pourrait être l’écolieu urbain de la rue du Petit Musc.

Je n’ai jamais de mal à convaincre autour de moi des risques de la gouvernance par consensus, tous ceux qui ont plus ou moins testé, dans une indivision, une coopérative, ou simplement entre amis, voient tout de suite et abondent facilement. Pourtant il est un cas de figure où il me semble plus que souhaitable, c’est le consensus d’engagement.

Le consensus d’engagement est l’acte originel, celui de création du projet en commun. La toute première décision. Vous allez me dire que c’est évident, qui partirait au ski avec des amis s’il croit que ça va être un désastre ? En grattant bien on se dit que ça peut arriver… poussé par des codes sociaux (cette année, Noël en famille a lieu chez votre oncle facho), poussé par le temps (il faut décider vite, la fenêtre d’opportunité se referme), poussé par les sentiments (j’ai tellement envie d’être avec vous), et poussé par le fameux piège de la dépense gâchée. Car malgré son nom, le projet ne commence pas par cette décision originelle, c’est l’engagement qui y commence. La projet démarre lui quand deux (ou plus) cerveaux se connectent au travers d’une idée commune, et commencent à consacrer des ressources pour explorer le futur que cette idée pourrait faire advenir. Ces ressources sont dépensées en perte acceptable, en évitant soigneusement tout geste irréversible, tout engagement long terme, et visent à brosser un tableau suffisamment désirable pour créer les conditions de cet engagement, ce consensus originel. Et parfois pourtant, on a tellement mis dans ce processus qu’on peut être amené à quand même s’engager dans un projet par erreur.

Aujourd’hui, après plusieurs semaines de discussions avec de nombreuses personnes inspirées et inspirantes, que l’on peut voir comme une collecte de besoins, ou des itérations de prototypage, et au sortir d’une première réunion en présentiel avec une vingtaine de personnes, je me lance dans l’exercice de brosser un tableau plus précis, sur le canevas du 25 rue du Petit Musc. Dites-moi ce que vous ressentez.

Avec un parking à deux roues !

De la rue, pas de logo, pas de nom sur le fronton. L’immeuble est tranquille et anonyme. On devine simplement une activité au regroupement de fumeurs qui ont “oublié” la consigne de ne pas se regrouper pile devant la porte. La porte est fermée, mais pas verrouillée, il suffit de la pousser pour se retrouver sous le porche.

Sous le porche, sur le mur de droite un manifeste, et en dessous, en libre service, des copies de notre “constitution” / “règles de vie” / “règlement intérieur”, je ne sais pas comment ça s’appellera mais qui explique au nouveau venu ce qu’il faut savoir sur ce lieu. Sur le mur de droite, un panneau ou tous les projets qui l’auront choisi auront eux-même choisi d’accrocher leur logo ou leur nom. L’affichage est libre et pourtant harmonieux grâce à quelques règles simples qui auront été proposées par Mai Lan, et malgré les quelques “moutons noirs” qui n’auront pas suivi le code.

Le porche n’est pas qu’un lieu de passage, il est large et fournit des commodités de conversation. Si bien que tout visiteur est très rapidement accueilli par un “bonjour” souriant par les gens qui discutent qui font une pause ; on lui propose un insigne de visiteur : Bleu = “Je n’ai pas beaucoup de temps et je viens voir une personne précise” ; Orange = “J’ai le temps de parler, je porte un projet et j’aurai plaisir à vous en parler, demandez-moi !” ; etc.

On arrive sous la verrière. La scène est toujours là, les lumières, les caméras pour la diffusion live. Il y a par contre beaucoup plus de verdure. Une mezzanine surplombe la scène et des tomates poussent tranquillement juste sous les vitres. Des petites tables sont installées en cabaret, des gens travaillent sur leur laptop avec une tasse, un verre sur leur table, ambiance terrasse de café. On est à l’intérieur mais entre le mobilier d’extérieur, les plantes, le ciel que l’on voit en levant le nez (comme à Poudlard), on se sent sur la place du village, l’agora.

On aperçoit derrière plusieurs salles vitrées, et à gauche des box de réunion, pour 4 et pour 1 personne.

Les espaces de travail sont décorés et arrangés par affinité : il y a le coin des geeks, avec des double écrans 24 pouces accrochés au bureau, le coin des admins, avec des petites pièces d’archive et des armoires qui ferment à clef, le coin des sédentaires (commercial, support), qui passent leur journée au téléphone et où les postes sont séparés par des écrans sonores, et enfin le coin des créatifs et du marketing, avec des prototypes, des kakemonos et autres goodies qui trainent partout.

C’est un peu déroutant pour le visiteur, il n’arrive pas à savoir, en un coup d’oeil quelle est la taille de l’équipe à qui il rend visite. D’ailleurs je me souviens avoir timidement proposé l’idée au début. Et puis Nicolas m’a rigolé au nez “Tu sais mon CTO a longtemps été sur Bordeaux, et le reste de l’équipe de dev est au Maroc, même un peu au Vietnam, alors non je te rassure, c’est pas une volée de marche entre moi et mon dev qui va me traumatiser.” Et pour les salariés, être entourés de confrères apporte un grand confort : entre pairs, on s’entraide. Et le fait de devoir marcher 20 mètres pour aller solliciter un collègue, ça a un petit effet “tourner sa langue dans la bouche avant de parler”. Il n’est pas rare que la réponse vienne en chemin, et qu’au final on rebrousse chemin, évitant de déranger pour rien. Il y a même des transferts comme Mélanie, qui a commencé à Bubble, et qui travaille maintenant chez Marmelade. Les seniors sont contents d’aider les juniors, ils peuvent diversifier leur expérience et s’ennuient moins. Les juniors apprennent beaucoup plus vite aussi, au final toutes les équipes sont gagnantes. Quand Olivier s’est trouvé dans une passe financièrement difficile, son CTO Laurent est parti faire une mission ponctuelle, en freelance, 3 mois chez Faustine, ça a bien arrangé tout le monde.

Aujourd’hui, Cocoworker a décidé de travailler ensemble. Ils font ça une fois par semaine, le matin pour se synchroniser, revoir le pipeline, l’après midi on fait les réunions transverses, et le soir apéro. Du coup ils ont pris une des deux salles privatisables, qui leur avait été préparée la veille par Martin notre maître d’hôtel. Logo et kanban au mur, les meubles roulants des admins installés, et quelques écrans aussi.

Il y a aussi deux petites salles de réunion réservables, pour recevoir certains clients ou investisseurs. Les candidats à l’embauche aussi, quoi que beaucoup moins, d’une part parce qu’on recrute de moins en moins “en aveugle” par des annonces, et de plus en plus au sein de la “tribu élargie”, c’est à dire tous ceux qui viennent à nos événements ou nous suivent sur les réseaux. Mine de rien, la force cumulée des réseaux de tous les projets, ça donne un sacré élan ! Et puis aussi, on aime bien plonger les candidats directement dans les conditions du direct. Le mode de travail ici étant un peu particulier (… pour l’instant, dans 10 ans on espère bien que cela sera la norme), autant savoir le plus tôt possible en se plongeant dans l’ambiance, si ça va coller ou pas. “Attitude” over “Aptitude”, disent même certains.

Tous les autres espaces sont en libre service. Oui ça crée un peu de tensions parfois, comme pas mal de petites autres choses à gauche à droite (“Vous avez vu mon mug préféré ? Il a disparu…”), et on le prend comme un défi de bienveillance. On n’essaie pas d‘empêcher tous les problèmes d’arriver entre nous, on accueille ceux qui arrivent et on s’exerce, comme si c’était un muscle, à pouvoir les résoudre rapidement et sans frustration. Les problèmes trop récurrents remontent en rétrospective trimestrielle, durant laquelle des facilitateurs professionels nous accompagnent dans la résolution des tensions importantes.

Je monte un étage. Sur ma droite, les ados de Duc sont sur leurs écrans. La porte derrière eux mène à leur appartement, toute la famille est installée ici, dans un logement “de fonction”. Ca nous évite des frais de gardiennage, ils s’occupent des plantes vertes, et du vivarium sur le palier où Roman élève des petites grenouilles, quelques lézard, des grillons.

Le premier étage

L’étage supérieur, le 2ème, est quant à lui une résidence éphémère. Quatre chambres, une petite salle de bain, un salon avec coin cuisine et une grande table de travail. Il y a souvent des employés vietnamiens d’Officience, en mission en France, dans les deux premières chambres. Une autre, avec des lits superposés, est occupée par deux “digital nomads”, un brésilien et un allemand, venus ici pour un mois. Ils ont été pris dans le programme d’incubation Global Ticket for Change et ont besoin d’un peu de temps pour prendre leurs marques dans la ville de lumière. La quatrième chambre sera prise ce soir par Sylvain, de la French Tech Nice, de passage à Paris pour le French Tech Summit. C’est Clément qui s’occupe de gérer cette location. Il a fait une petite landing page, il sélectionne les occupants pour compléter quand il y a des lits disponibles, et il reverse 50% du chiffre d’affaire en contribution au loyer, le reste est pour lui.

Le 2ème étage, coliving éphémère.

Le loyer, justement, est à payer tous les trimestres. Pour ce faire, et pour convaincre le bailleur, on a monté une association loi 1901 qui porte l’engagement locatif. Cette association n’a pas de nom connu, pas de salarié, et pas d’autre mandat que de payer le loyer avec l’argent qu’elle reçoit. Elle est vouée à disparaître au terme du bail. S’il est vrai que sa comptabilité est transparente, au final ce sont surtout les autres tiers lieux à mission parisiens qui s’y intéressent, et qui nous donnent de précieux conseils. En sus du loyer des nuitées et de l’appartement, ses ressources proviennent des dons des membres de la tribu, soit à titre individuel, soit via les structures juridiques portant leurs projets (association, entreprises…). Le bruit court qu’on donne “ce qu’on veut”, en mode “participation consciente”. Même vu de loin, c’est une description un peu hâtive. Ou alors on parle d’une conscience vraiment forte. Surtout que comme la présidence de l’association est tirée au sort chaque mois parmi les coworkers engagés, tout le monde est très compréhensif et attentif car son tour pourrait venir demain !

Ce qui est exact, c’est qu’il n’y a pas d’engagement contractuel de chaque partie prenante sur un montant de location fixe prédéterminé. Nous nous sommes réunis en cercle, et chacun a exprimé à l’oral et à l’écrit, comment il voyait sa relation avec le lieu : domiciliation, utilisation des espaces partagés, des espaces privatifs, des salles de réunion, de la scène, des chambres, la semaine, le soir, le week-end … sans oublier les relations non matérielles, comme profiter de la réputation du lieu, du plaisir d’être entouré de gens qu’on aime, d’être stimulé par le succès des autres, de recevoir des conseils ou de pouvoir jardiner un peu pendant ses pauses. Il y a tellement de combinaisons possibles que deux cas ne sont jamais strictement pareils. Et cette relation n’étant pas à sens unique, bien sur, on donne aussi, du marchand comme du non marchand : contribuer au loyer, accueillir les visiteurs, faciliter les interactions, trouver des fournisseurs, se porter garant, apporter son réseau, relayer les messages des uns et des autres, les aider à organiser des événements.

C’est un exercice délicat, et très subjectif il est vrai, que de considérer toutes ces dimensions avant d’en venir, en conclusion, à la dimension financière. C’est en conscience de toutes ces relations que l’on parvient progressivement, à se mettre chacun à l’aise avec un certain niveau de contribution. D’autant que de nombreux aspects sont prospectifs : “j’envisage de faire 2 événements par semaine et de recruter 3 personnes”, mais peut-être que le destin en décidera autrement. Pourtant il faut bien partir de quelquechose, et accepter de s’être trompé. Alors, tout le monde énonce, devant les autres, son intention de contribution financière. Garnie au départ avec un peu d’avance, à chaque fin de mois tous les membres du collectif versent leur contribution. Normalement égale à ce qu’ils avaient annoncé. Parfois plus peut-être et alors tant mieux (“finalement j’ai eu plus de nuitées, et puis on a fait 4 événements, et je voudrais rembourser la table qu’on a cassée”), et parfois moins, voire pas du tout. Comme le loyer se paye tous les trois mois, on a heureusement un peu de visibilité si quelqu’un rate le rendez-vous.

Ca sera alors l’épreuve du feu : l’éco-working sera un succès si face à un défaut, au lieu d’encaissser le coup de la surprise puis virer les malheureux manu militari, nous sommes capables tout d’abord de voir venir la situation assez en amont, et qu’ensuite une mobilisation émerge autour du projet en difficulté de quelques autres membres de la tribu qui ont de la disponibilité, afin de lui trouver des clients, des ressources, des facilités. Pour atteindre ce niveau de solidarité, deux ingrédients majeurs : de la transparence, et des causes communes. Des causes communes pour qu‘on se sente utile et dans son rôle à aider le projet du voisin, car on se reconnaît dedans. Quant à la transparence, c’est évidemment un défi dans une communauté de cette ampleur, entre la multiplicité des projets et des contraintes notamment extérieures. Dans un esprit pragmatique, les projets les plus scrutés seront ceux qui portent les plus gros risques, ce qui dépend de deux facteurs : leur poids relatif dans les contributions (plus tu payes, plus ton défaut fera mal), et leur stabilité financière (leur probabilité de faire défaut). Là encore chaque situation est unique, il n’y a pas une exigence de moyen (publier toute sa compta en ligne publiquement), mais une exigence de résultat (maintenir un haut niveau de confiance de la part des autres).

  • Pour quelqu’un qui ferait contribuer un grand groupe, la question n’est pas de savoir s’il va faire faillite mais si le budget sera renouvelé l’année prochaine.
  • Pour quelqu’un qui brûle le capital de ses investisseurs on sera plus soucieux de sa ligne d’horizon.
  • Pour une oeuvre de charité, la question est de savoir si on est à l’aise à l’idée de la “sponsoriser” quand elle est en tension (reçu fiscal à la clef)
  • Pour une PME traditionelle, les ratios classiques peuvent rassurer.

Comme des problèmes de confidentialité se sont posés, un tiers de confiance a été choisi. En théorie tout le monde peut demander des comptes à tout le monde, mais en pratique Isabelle, qui a une formation comptable, est la seule à avoir vraiment étudié tous les dossiers, et encore avec un niveau de détail très variable en fonction du risque perçu, et exprimé durant les séances de rétrospectives trimestrielles dont on parlait plus haut.

Terminons la visite. Redescendu au rez de chaussée, je continue vers le sous-sol. A droite, Hugo m’accueille dans sa grande cuisine qui est aussi une petite cantine. Certains sont pressés et lui ont acheté des plats qu’il a préparé ce matin, d’autres préfèrent cuisiner eux-même et demandent des avis à Hugo pour arranger leur sauce, s’ils peuvent prendre le demi-poivron qui reste dans le frigo. La culture #Zerowaste est assez radicale, du coup tout ce qui est dans le frigo est bien commun. A gauche, je traverse une salle arrangée en classe. En ce moment elle est vide, c’est la salle de secours quand Oreegami et Konexio ont épuisé toutes les options de salles avec fenêtres, même celles de Chloé de la ADA tech school, de l’autre coté de la rue, qui leur sous-loue de temps en temps. On nous a dit que la fraicheur de cette salle était aussi bien venue pendant les canicules, car en été la verrière est bien chaude. Comme on a partiellement climatisé (souvenir d’une discussion tendue entre les partisans de la sobriété énergétique et les prévoyants prêts à investir !), et surtout qu’on a mis ces cloisons intérieures qui ont réduit l’espace sous la verrière, on a bon espoir. Enfin tout au fond, une longue pièce de 60m2 sert tantôt de salle de sport, danse, yoga, tantôt de studio vidéo/podcast. Le plateau est partagé et chaque projet qui l’utilise a son armoire à code privée pour ranger son propre matériel.

Le sous sol, avec des toilettes aussi

En remontant au rez de chaussée, je vois un événement se préparer. Dans le plus grand calme pour l’instant, car s’il n’y a pas beaucoup de règles ici, “pas de bazar avant 18h” est la règle numéro 1. Konexio, Oreegami, et Caracol ont invité ensemble le professeur Yunus pour l’interroger sur l’impact économique des populations migrantes. Les caméras sont déjà en place pour la retransmission en live, quelques coworkers en freelance leur donnent un coup de main pour l’installation et la régie. C’est vrai que c’est toujours un peu les mêmes qui s’y collent. Il aiment ça, et comme ils sont au chômage, ou en intercontrat, ils ont du temps à consacrer à l’entretien du lieu et de sa culture, et préfèrent ainsi contribuer en nature plutôt qu’en argent. Mine de rien c’est grâce à eux que nous n’avons pas besoin d’un “community manager”, d’un “event manager”, et autres fonctions habituellement nécessaires pour faire tourner un tel lieu. A chaque fois que l’un part en ashram, trouve un CDI ou une mission, ça nous fait un peu drôle, on se dit toujours qu’il est irremplaçable. Et à chaque fois, une nouvelle personne, qu’on ne soupçonnait pas toujours, prend le relais. Vu notre nombre ça n’est peut-être pas surprenant c’est vrai, pourtant à vivre c’est assez magique. On a même Minh, d’Officience, qui est bénévole sur la partie office management un peu plus administrative (payer l’homme de ménage et recevoir le courrier). Je dis bénévole, mais en fait on est presque sur du freemium : avec le temps, un certain nombre de petits projets sont venus la voir pour qu’elle les aide sur la compta, le juridique, les déclarations… elle est contente, elle fait justement des études de comptas, et ça lui fait autant d’occasion de pratiquer, et en plus payée !

Alors, est-ce que tout est rose au pays de l’éco-working ? On en rêve ! Après, si il y a des besoin de rétrospective trimestrielle c’est bien parce qu’il y a des tensions à aplanir. Va-t-on parvenir à tout aplanir ? Encore une fois, je n’ai pas un tel optimisme, si je m’appuie sur mon expérience. Il y a une tension continue que l’on observe dans la tribu Offi, entre les partisans du process et les partisans de la responsabilisation. Les premiers proposent qu’on convienne et applique des procédures qui permettent de faciliter le vivre-ensemble, les seconds veulent croire que chacun peut porter sa propre responsabilité, et comprendre de lui-même où sa liberté s’arrête pour respecter le bien-être des autres. Ce que j’ai observé, c’est que cette compréhension passe par de l’empathie, du dialogue, du débat, et que la discussion autour de l’élaboration de règles est un moyen très efficace d’y parvenir. Il me semble donc que cette tension continue, féconde, si elle peut dans la forme être adoucie, ne peut et ne doit jamais totalement disparaître, car c’est la garante du bien-être (permettant d’être soi), et de la vie, l’agilité de notre communauté (permettant à la culture d’évoluer).

Deux ans qu’on est installés, aucun défaut de payement, on a même accumulé un petit matelas dans la caisse de l’association, on se demande quoi en faire. Bien sûr on ne manque pas d’idées, simplement nous prenons notre temps pour la mise en oeuvre. Quand je réfléchis aux raisons de cette réussite, la première évidence qui me vient à l’esprit, c’est qu’au fond, quand on s’est rassemblés en Juin 2020, on avait beau porter de grands discours sur l’importance des Causes et de nos aspirations pour l’impact, nous étions surtout animés par une authentique volonté de vivre ensemble. C’est ce qui nous a attirés les uns les autres, plus que la perspective de rayonnement d’un lieu emblématique, le potentiel de networking ou les effets d’échelle. Ça aurait très bien pu se passer ailleurs.

Merci d’avoir lu jusqu’ici. J’espère que cette visite vous a plu et que vous aurez envie de vous engager avec nous, voire même de faire partie de ce “nous” ! Nous vous proposons de vous signaler en indiquant dans cette feuille partagée comment vous projetez votre relation avec le lieu. Nous appliquons une philosophie “people-centric”, car quand il s’agit de vivre ensemble, chacun prend la même place. Donc si vous êtes trois dans votre projet, nous vous invitons tous les trois à nous partager individuellement vos rêves, vos causes, vos aspirations. Par ailleurs nous accordons autant d’importance aux flux marchands que non marchands, donc même si vous n’avez pas de contribution financière à offrir, vous êtes sans doute riche d’autre chose, n’hésitez pas à l’offrir !

Le rêve que je viens de vous décrire n’est pas un plan, c’est une esquisse. Toutes les personnes citées sont fictives, et les entreprises sont nommées purement à titre d’exemple, sans leur permission. Elle a pour but de fournir un socle de base en vue d’un processus de bonification. Nous espérons inspirer et collecter beaucoup d’énergies en cause commune pour faire bon usage du lieu et en payer confortablement le loyer, démontrant au passage qu’un état d’esprit de coopération est tout à fait capable de se développer dans un contexte d’économie de marché.

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Duc Ha Duong
l’avenir appartient

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.