La rentrée de l’éco-working

Duc Ha Duong
l’avenir appartient
7 min readOct 16, 2020

Chère tribu, pardon pour mon silence, je vous dois des explications. Mais si vous n’avez pas le temps de tout lire :

  • J’ai fait une pause suite à un drame familial, après lequel je me suis investi dans une nouvelle cause. Pour en savoir plus vous pouvez aller sur change.org/PourUlysse, signer la pétition et vous abonner aux mises à jour.
  • C’est très mal parti pour la reprise du 25 Petit Musc. The Family a proposé un autre repreneur que nous, qui est en discussion avec les propriétaires. Etant toujours titulaires du bail ils ont leur mot à dire sur la succession donc c’est un gros handicap. Nous préférons aller mettre notre énergie ailleurs.
  • Nous allons nous engager dans la consolidation de notre tribu afin qu’elle dépasse les limites d’un lieu physique. Cela nous permettra également d’être plus réactifs quand nous verrons la prochaine opportunité passer.
  • Nous nous mettons dès maintenant en veille pour trouver d’autres lieux.

#PourUlysse

A 25 ans, mon neveu Ulysse avait beau avoir un diplôme en poche, il réfléchissait encore à sa carrière. Il n’était pas un “activiste de la transition”. Il voulait juste que les gens autour de lui soient bien. Bien dans leur peau, leur corps, leur tête. A tel point qu’il envisageait, par exemple de devenir garde du corps. Risquer sa vie pour en sauver d’autres, ça lui allait. Il pensait même intégrer l’armée un an ou deux, pour démarrer sa conversion. La suite ici sur Konbini, ou si vous n’avez pas Facebook, sur FranceTVInfo. Si vous pensez pouvoir nous aider dans cette action, n’hésitez pas bien sur. Cela n’a rien à voir avec notre sujet d’écolieu mais l’écrire ici fait partie de mon besoin de deuil.

Protégez-vous.

Le 25 Petit Musc : au revoir et merci pour tout

Nous n’avons pas de visibilité sur la future disponibilité du lieu. The Family a présenté un repreneur, et ce n’est pas nous. Nous ne savons rien de concret sur l’offre mais comme ils sont titulaires du bail jusqu’en 2023, la situation est verrouillée, soit à cette date, soit avant si il y a rupture du bail. Un article est passé dans Challenge consacré à The Family l’évoque :

Nous n’avons pas de raison de nous acharner sur cet endroit.

Au final, ce lieu nous aura été bien utile pour fournir une opportunité concrète, tangible, qui a joué le rôle de l’étincelle qui transforme les idées, un peu théoriques, de mes premiers billets sur l’écolieu urbain en projet bien réel, avec des parties prenantes engagées. Comme The Great Village aime à dire : “un projet, c’est un rêve avec une deadline”. Ce site rue du Petit Musc aura été la deadline qui a transformé le rêve en projet ! Nous prenons cette contribution avec gratitude.

A côté, il y a d’autres choses qui nous ont un peu gêné, et que nous ne souhaitons pas prendre. Par exemple certaines personnes avec qui nous nous sommes très bien entendu, dont les causes résonnent très fort avec les nôtres, et qui pour toutes sortes de raisons ne se projettent pas venir quotidiennement dans l’écolieu, se coupent alors du collectif : “Ah ben c’est dommage, ça ne va pas être possible pour nous, parce qu’on ne peut pas venir au revoir.” Quelle tristesse de se dire que l’impossibilité de proximité physique quotidienne nous enjoint à se tourner le dos. Ce qui était à l’origine un projet d’inclusion devient un sujet d’exclusion … Autre exemple, la pression du calendrier nous a quelque peu amené à créer quelques tensions pour forcer l’avancement des engagement de façon un peu plus artificielle que ce que l’on aurait souhaité.

Allez, au revoir, et merci pour tout !

Reprendre le chemin juste

Cette hyperfocalisation nous a un peu fait perdre notre objectif premier, le pilier de la démarche, que je résumerais ainsi :

Déployer une vision optimiste du travail de demain

Lequel optimisme qui contient : durabilité, impact, et non aliénation à la fois sur les plans économiques et environnementaux.

Non aliénation : chaque individu est en pleine souveraineté, c’est à dire libre et responsable de ses choix. Si il ou elle doit jouer un rôle pour se conformer à une attente de la société, cela se fait sans jamais renoncer à ses propres convictions qui forgent son identité. De cette liberté découle une régulation des échanges par la mécanique du marché (offre/demande)

Durabilité : les activités qui s’y déroulent sont dans leur ensemble et sur le long terme pérennes de par leur empreinte écologique autant que par leur capacité à renouveler les ressources qu’elles consomment. Ceci n’empêche pas de ne pas avoir de modèle d’affaire, à l’instar des startups et des ONG.

Impact : nous avons la conviction qu’une fois en situation de souveraineté individuelle, chacun va oeuvrer à faire le bien de par la nécessité de donner du sens à un travail qu’il effectue librement et dont il se doit donc de répondre entièrement.

Il ne s’agit donc pas de bâtir une n-ième communauté d‘acteurs de l’ESS, mais bien de réunir des individus qui se font cette même idée de ce que sera le travail demain, afin de le mettre en oeuvre dès aujourd’hui. Dans cet écosystème-pilote, l’économie ne sera plus purement concurentielle mais coopérative entre défenseurs des mêmes causes, et toujours concurrentielle dans les choix des causes que l’on défend en priorité.

Le succès de l’expérimentation sera donc visible lorsque l’un des projets sera en difficulté et ne pourra pas apporter la contribution qu’il avait promise au collectif. Le projet aura réussi si les autres se rassemblent autour de lui pour l’aider à sortir de l’ornière de quelque manière que cela soit : l’aider à trouver des nouveaux clients, lui apporter de l’assistance juridique ou financière, lui prendre temporairement des ressources pour baisser ses charges, ou plus sobrement l’accompagner dans la cloture de son activité.

Co-construire avant de co-opérer

C’est une chose de vouloir faire du vélo, c’en est une autre de vouloir en fabriquer. De la même manière, certains d’entre nous sont impatients de vivre cette aventure quand elle sera sur pied, et d’autres sont déjà à m’appeler régulièrement pour savoir comment on peut aimer.

  • A l’attention des premiers, nous allons maintenir le Slack et le Whatsapp à jour, et peut-être aussi une Google Sheet, qui sait ? Cela permet de venir quand on veut se mettre à jour sur les dernières actualités, donner son avis sur les sondages, inviter des personnes intéressées par les causes, et donner de ses propres nouvelles.
  • A l’attention des seconds, nous avons mis en place depuis 2 semaines une réunion hebdomadaire tous les mercredis à 11h à Officaire, avec un salon Facebook pour celles et ceux qui souhaitent assister à distance. Afin de garder une certaine continuité des opérations au fil du temps sans devoir contraindre une seule personne, nous expérimentons la pratique suivante : Celui ou celle qui fait le compte rendu de la réunion N est le président de séance de la réunion N+1. Ainsi la seule contrainte est de trouver une personne qui peut faire deux réunions d’affilée.
Et vous, les tartes, vous aimez plutôt les faire, ou plutôt les manger ?

Le défi des prochaines semaines consiste donc à permettre à chacun de trouver sa juste place au sein de notre tribu.

  • Par “permettre” on entend qu’afin de s’assurer de la pleine souveraineté de chacun, il convient que chaque engagement soit librement initié par l’intéressé.
  • Par “chacun” on entend toutes les personnes physiques qui seraient amenées à participer à l’expérimentation. Pas seulement le fondateur, le responsable partenariats ou l’office manager qui cherche des nouveaux bureaux.
  • Par “la juste place” on tient à exprimer le respect de la diversité des engagements personnels. On se sent tous attiré par des causes diverses avec des degrés divers d’intensité. Il est important que chacun puisse tenir un niveau d’implication dans la tribu qui soit à l’aune de cette attraction. Pour cela il faut un éventail assez large de contributions possibles, et une certaine fluidité qui permette à chacun de trouver sa meilleure place.
  • Par “notre tribu” on entend les personnes qui s’attachent à la raison d’être mentionnée ci-dessus : “Déployer une vision optimiste du travail de demain.” Ceux qui veulent savoir qui est ce “nous” et qui se posent la question, sont ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Il n’est pas urgent de leur répondre.

Le positionnement de chacun étant relatif à celui des autres, l‘essentiel du défi consiste à créer du lien, autrement dit des flux non marchands entre les humains que nous sommes. Le résultat concret attendu de cet effort sera, en étant mieux aligné, d’être encore plus réactif et agile lorsqu’une nouvelle opportunité de lieu de présentera et qu’il faudra construire un engagement adapté, et également d’arriver à faire vivre notre communauté indépendamment de quelques murs, quel que soit le lieu que l’on fréquente.

Les méthodes les plus classiques pour cela nous semblent hors de portée :

  • organiser des réceptions, acheter de l’intérêt à coup de prix ou de petits fours coûte assez cher, est déjà pratiqué par beaucoup d’autres, et n’est pas bien adapté au contexte sanitaire actuel.
  • créer des besoins nouveaux puis demander à chacun de contribuer 10% ou même 2% de son temps à ces nouveaux projets transverses est une demande extrêmement exigeante à faire à des porteurs de projets qui sont déjà à 200% sur leurs sujets, et ce n’est pas les aider que de leur ajouter des distractions.

Nous explorons donc des pistes qui permettent à chacun de se connecter aux autres en restant dans leur coeur d’activité (exemple: faire des affaires entre nous), ou des pistes affinitaires qui vont permettre à des personnes de se rejoindre sur des projets personnels qu’ils ont déjà (exemple : rejoindre le même club de yoga). C’est en ce moment le sujet de nos discussions du mercredi.

Avez-vous des idées ?

#PourUlysse

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Duc Ha Duong
l’avenir appartient

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.