On aura toujours besoin de repaire

Duc Ha Duong
l’avenir appartient
3 min readMay 27, 2020

Il paraît que le télétravail a fait ses preuves, et finalement certains se demandent “mais au fait, pourquoi revenir au bureau ?”. Certaines sociétés réfléchissent à rendre ou réduire leurs surfaces. Les belles histoires de Buffer, Cycloid, Automattic (Wordpress), étant déjà inspirantes, mais maintenant que les géants comme Facebook Twitter ou Google s’y mettent, le pas semble plus facile à sauter.

Pourtant, ce qui a pu se révéler efficace durant 8 semaines à équipe constante n’est pas forcément réplicable tel quel sur le long terme. Il est évident qu’il faut se voir “un peu”, et tous les témoignages insistent sur le fait que des rencontres “IRL” (In Real Life) sont régulièrement organisées. Pour embarquer les nouvelles recrues, stimuler les échanges, créer des conversations imprévues. Un espace de socialisation qui sera à l’image de ce que l’organisation souhaite promouvoir.

La salle de classe de Miss Honey dans Matilda de Roald Dahl

Quel est le bon rythme pour ces rencontres ?

La réponse n’est bien sur pas la même selon que l’on est dispersé à des centaines de kilomètres les uns des autres, qu’il faut prévoir des heures et des centaines d’euros à chaque fois, et donc soigneusement se synchroniser, ou si l’on est tous aux abords de la même ville, Paris par exemple.

Un autre facteur influent est la condition individuelle et familiale du travailleur. Selon qu’il vit seul dans un petit studio, ou qu’il a des enfants en bas âge, ou s’il fait trop chaud chez lui, ses aspirations à sortir du domicile seront différentes.

Quelles solutions existent pour se retrouver ?

En face, l’offre de surfaces de bureau se compose de postes volants (cafés, coworking “table d’hôte”) et d’espaces privatifs (bureaux classiques ou en coworking “dédié”), selon une logique d’achat en détail ou en gros : vous commencez dans des cafés, ou avec des solutions flexibles, un peu onéreuses au poste mais avec du service inclus, puis quand vous atteignez 5–6 collaborateurs, vous avez besoin d’un lieu qui emblématise votre culture, qui porte votre âme, qui permette aux nouvelles recrues de vite comprendre comment on fonctionne ici. Donc vous optez pour un espace privatisé, soit en bail 3–6–9 soit en coworking.

Un nouveau besoin

Sauf que maintenant que les gens ne viennent au bureau que 2 jours par semaine, vous avez beau être 15, louer un espace en continu vous interroge. L’usage de la ressource n’était déjà pas terrible à 5j x 12h = 60h par semaine, maintenant vous tombez à 2j x 12h = 24h comme une semaine a 7x24 = 168h, votre taux d’utilisation chute de 35% à 14% !

Encore pire, si vos équipes ne viennent pas les mêmes deux jours, le bureau tourne 60h mais avec un taux de remplissage de 40%, votre facture de chauffage ne baisse pas, et puis surtout, les gens ne se rencontrent pas.

Une offre adaptée

Je voudrais proposer un bureau privatif à temps partiel : vous choisissez vos jours de présence, disons lundi et mardi, et ces deux jours là seulement, le bureau est tout à vous : armoires, tiroirs, tableaux, kanban, core values et posters motivationnels, plantes… Sauf que dans la nuit de mardi à mercredi, je range tout, je nettoie au GHC, je remplace les meubles à tiroir, les posters au mur. Vos armoires sont fermées à clef, et une autre entreprise arrive et occupe les locaux pour deux, ou trois autres jours. Si des salariés souhaitent tout de même venir, en solo, un autre jour, ils pourront bien sur utiliser un espace partagé et leur meuble tiroir. Dans la nuit de dimanche à lundi, on réinstalle tout comme c’était mardi soir, de sorte que les équipes n’y voient que du feu.

Qu’en pensez-vous ? Quelqu’un aurait 1 000m² de bureau dans Paris pour tenter l’expérience ?

Hum … c’était peut-être pas le meilleur exemple…

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Duc Ha Duong
l’avenir appartient

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.